Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Congo-Brazzaville/Présidentielle

Le scrutin déjà contesté

par  AFP

Article publié le 12/07/2009 Dernière mise à jour le 13/07/2009 à 13:41 TU

Les électeurs ne se sont pas bousculés dans les bureaux de vote pour choisir leur nouveau président. Le taux de participation n’est pas connu mais l'opposition parle de plus de 90% d'abstention et de fraudes, ce que réfute le pouvoir.

Henri Bouka, président de la Commission nationale d’organisation des élections (Conel), en discussion avec des observateurs, à Brazzaville, le 12 juillet 2009.(Photo : AFP)

Henri Bouka, président de la Commission nationale d’organisation des élections (Conel), en discussion avec des observateurs, à Brazzaville, le 12 juillet 2009.
(Photo : AFP)

Les Congolais se sont rendus aux urnes dimanche, dans le calme mais timidement, pour élire leur président, le sortant Denis Sassou Nguesso faisant figure de grand favori face à douze adversaires, dont plusieurs ont appelé au boycottage du scrutin.

Denis Sassou Nguesso, 66 ans dont près de 25 cumulés à la tête du pays, est soutenu par une centaine de partis et d'associations formant le Rassemblement de la majorité présidentielle (RMP). Son ex-ministre des Finances devenu un opposant radical, Mathias Dzon, 62 ans, est considéré comme son principal adversaire.

Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages exprimés, un second tour sera organisé à une date encore non déterminée.

Officiellement, 2,2 millions de Congolais -sur 3,6 millions d'habitants- sont appelés à voter, un chiffre contesté par l'opposition selon laquelle le fichier électoral a été « gonflé » au profit du président sortant.

Le dépouillement des bulletins de vote a débuté après la fermeture des bureaux, peu après 18H00 (17H00 TU), à l'issue d'une journée sans incident et sans grande affluence aux urnes. C'était le cas notamment à Pointe-Noire (sud), capitale économique, à Gamboma (département des Plateaux, centre), réputé fief de l'opposition, et à Brazzaville, où le décompte des voix se déroulait à la lumière de lampes à pétrole et bougies dans plusieurs quartiers après une coupure d'électricité.

« Tout s'est bien déroulé. Il y a eu un vote massif à l'intérieur », a assuré à l'AFP le président de la Commission d'organisation nationale des élections (Conel), Henri Bouka. « J'attends d'avoir plus d'éléments pour pouvoir me prononcer à propos de Brazzaville ».

D'après plusieurs observateurs, le scrutin devrait pourtant être marqué par une forte abstention. « Depuis 1992, c'est la première fois que (la présidentielle) se passe comme ça. Dans le passé, les gens se bousculaient », a affirmé un président de bureau de vote de Bacongo (sud de Brazzaville) ayant participé aux opérations lors des cinq dernières présidentielles du pays. « Il y a plus d'observateurs que d'électeurs », a ironisé pour sa part un observateur international sous couvert d'anonymat.

Le candidat Denis Sassou Nguesso a voté peu après 11H00 à Ouenzé (nord de Brazzaville), faisant le « V » de la victoire à son arrivée et en quittant les lieux. Il n'a fait aucune déclaration mais l’un de ses porte-parole, Thierry Moungalla, a revendiqué à la mi-journée une participation « correcte ».

L'opposant modéré Nicéphore Fylla de Saint-Eudes avait de son côté relevé « des incorrections », sans plus de détails, tout en soulignant que le vote se déroulait « bien ».

L'opposant radical Mathias Dzon et cinq autres candidats ont plusieurs fois demandé le report du scrutin et appelé au boycottage, sans retirer leur candidature. Ils ont régulièrement dénoncé le fichier électoral, également décrié par des diplomates et des ONG. « Vu les standards internationaux, avec une telle population, le Congo aurait un corps électoral d'environ 1,6 million d'électeurs », le fichier officiel de 2,2 millions d'électeurs est « grotesque », avait ainsi estimé samedi Roger Bouka Owoko, directeur exécutif de l'OCDH. Le président de la Conel avait rejeté ces déclarations, soutenant que « les listes électorales (étaient) pour l'essentiel sincères ».

 D'après la commission électorale, des résultats provisoires devraient être disponibles « trois à quatre jours au maximum » après le scrutin.

Pas de chiffres mais déja des contestations

Dans la soirée, 6 des 13 candidats qui avaient appelé au boycottage du scrutin, ont affirmé que le vote a été marqué par un taux d'abstention de 90%. « Le peuple congolais s'est massivement exprimé par une abstention record de plus de 90%. (...) Par ce fort taux d'abstention, les Congolais épris de justice et de paix ont exprimé le rejet de ce régime totalitaire, arrogant et corrompu », ont-ils déclaré dans une déclaration commune lue devant la presse.

Le gouvernement congolais a réfuté un peu plus tard les allégations de ces 6 candidats selon lesquels des fraudes ont entachées le scrutin, dont ils avaient réclamé le boycottage. « Ce que l'opposition déclare à propos des fraudes massives est inexact et incohérent », a affirmé à l'AFP le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Alain Akouala Atipault.