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Chine

L’affaire Rio Tinto rebondit

par Myriam Berber

Article publié le 16/07/2009 Dernière mise à jour le 16/07/2009 à 22:31 TU

Un camion chargé de terre rouge typique de la région de Pilbara, à l'ouest de l'Australie, où se situent les opérations de minerai de fer de Rio Tinto dans ce pays.(Photo : AFP)

Un camion chargé de terre rouge typique de la région de Pilbara, à l'ouest de l'Australie, où se situent les opérations de minerai de fer de Rio Tinto dans ce pays.
(Photo : AFP)

Si l’on en croit plusieurs médias australiens, le groupe minier anglo-australien Rio Tinto aurait décidé d’évacuer son personnel travaillant en Chine après l’arrestation par les autorités chinoises de quatre de ses cadres pour corruption. De son côté, Pékin reproche aux médias et au gouvernement australien d’avoir fait trop de tapage autour de cette affaire. Ce scandale survient sur fond de négociations annuelles sur le prix du minerai de fer.

Le ton monte entre la Chine et l’Australie autour de l’affaire d’espionnage présumé de Rio Tinto. Pékin a mis en garde, jeudi 16 juillet 2009, Canberra contre les tentatives « d'envenimer » les choses et « d'interférer » dans l'enquête. La veille, l’Australie a crié au scandale par la voix de son Premier ministre. Kevin Rudd a averti que « d’importants intérêts économiques étaient en jeu » et rappelé que « le sujet était suivi attentivement à l’étranger ».

Stern Hu, directeur du groupe minier anglo-australien à Shanghai, et trois de ses collaborateurs ont été mis sous les verrous pour « espionnage et vol de secrets d’Etat », alors qu’ils participaient aux négociations annuelles sur le prix du minerai de fer. Selon le quotidien officiel China Daily, ils auraient corrompu les employés de seize grands aciéristes chinois pour obtenir des renseignements sur les besoins de la Chine en fer.

Le prix du fer fixé chaque année

Des informations industrielles sensibles dans le cadre des négociations annuelles du prix du minerai de fer. Le prix du fer est, en effet, fixé chaque année à l’issue de discussions entre fournisseurs et consommateurs. Face à la baisse de la demande en raison de la crise, les pays consommateurs de minerai de fer ont négocié des prix à la baisse pour 2009-2010.

Les aciéristes sud-coréens et japonais ont ainsi obtenu des trois grands géants miniers mondiaux (les anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton, le brésilien Vale) un rabais de 33%. Après avoir subi une hausse de 70% des tarifs de 2008, Pékin réclame un retour aux tarifs de 2007, soit une baisse de 40%. Plusieurs médias chinois ont récemment annoncé qu’un accord avait été trouvé sur une réduction de 33%. Les aciéristes chinois auraient accepté ce tarif pour six mois et non pour un an. Des informations qui restent encore à confirmer.

Besoins énormes en minerai de fer

Pour les deux pays, les enjeux sont très importants. Pour soutenir son industrialisation, la Chine a besoin de beaucoup d’acier. L’acier se fabrique avec du minerai de fer et du coke. La sidérurgie chinoise a importé 450 millions de tonnes de minerai de fer en 2008, dont plus de la moitié vient d’Australie. Pour s’affranchir de la domination des trois grands fournisseurs mondiaux et du même coup offrir des prix avantageux aux entreprises chinoises, Pékin s’est lancé dans un certain nombre d’acquisitions.

Le sidérurgiste chinois Chinalco a ainsi tenté cette année d’entrer au capital de Rio Tinto mais s’est heurté au protectionnisme australien. Comme alternative au projet chinois, Rio Tinto a annoncé un rapprochement majeur avec son concurrent et compatriote BHP-Billiton, qui un temps a avait tenté d’acheter Rio Tinto. Certains analystes voient dans l’arrestation des cadres de Rio Tinto une mesure de rétorsion déguisée.