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Japon / Chine

A Tokyo, Rebiya Kadeer accuse Pékin

Article publié le 29/07/2009 Dernière mise à jour le 29/07/2009 à 15:43 TU

Rebiya Kadeer, dirigeante de la dissidence ouïghoure en exil aux Etats-Unis, est au Japon pour une visite de 5 jours. Elle profite de la tribune de Tokyo pour donner sa version des troubles du début du mois dans la province chinoise du Xinjiang. Mercredi, elle a accusé la Chine de garder le silence sur la disparition de « près de 10 000 personnes » pendant les émeutes d'Urumqi et a reproché aux Etats-Unis leur absence de réaction.

Rebiya Kadeer, chef de la dissidence ouïghoure en exil, donne une conférence de presse à Tokyo, le 29 juillet 2009.(Photo : Reuters)

Rebiya Kadeer, chef de la dissidence ouïghoure en exil, donne une conférence de presse à Tokyo, le 29 juillet 2009.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Rebiya Kadeer, la présidente du Congrès mondial ouïghour, a dit à plusieurs sénateurs et parlementaires du Parti conservateur japonais au pouvoir que la répression contre les Ouïghours continue dans le Xinjiang, cette province musulmane turcophone du nord-est de la Chine.

L'opposante a demandé au Parti conservateur japonais d’obtenir de Pékin la libération pour des milliers de Ouïghours qui ont été arrêtés et de permettre à des représentants de l’ONU de se rendre sur place pour observer ce qui s’y passe. 

« Les violences contre les Ouïghours n’arrêtent pas. Dix mille personnes ont disparu en une seule nuit à Urumqi. Alors où sont allées ces personnes ? Si elles sont mortes, où sont leurs corps ?, a demandé Rebiya Kadeer lors d'une conférence de presse. « C’est l’oppression chinoise contre les Ouïghours et leur culture qui a provoqué cette explosion de violence à Urumqi », affirme-t-elle.

Rebiya Kadeer, militante ouïghoure honnie par Pékin

Mère de onze enfants et grand-mère, Rebiya Kadeer, 62 ans, vit en exil aux Etats-Unis, où elle a rejoint sa famille après six ans de prison en Chine. Citée à une époque par les autorités comme un exemple de la réussite des femmes chinoises, cette Ouïghoure, issue d’une famille pauvre, devenue riche femme d’affaires, était également députée du Parlement du Xinjiang et représentante officielle de la Chine à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Pékin en 1995.

Les autorités se retournent contre elle après que son époux ouïghour, Sidik Rouzi, ancien prisonnier politique, eut fui aux Etats-Unis en 1996. Rebiya Kadeer est arrêtée trois ans plus tard, alors qu’elle s’apprête à rencontrer une délégation américaine pour lui parler des prisonniers politiques dans la région autonome du Xinjiang.

Elle est condamnée à huit ans de prison en 2000 pour avoir « livré des secrets d’Etat à l’étranger ». Il s’agissait en fait de coupures de presse sur le traitement discriminatoire des Ouïghours.

Rebiya Kadeer a été libérée sous la pression de Washington. Son départ en exil marque le début d’une rude période pour quatre de ses enfants restés en Chine où ils sont emprisonnés ou placés en résidence surveillée.

Suite aux émeutes d’Urumqi, la « fille du peuple ouïghour », comme elle se qualifie, a appelé à une enquête internationale sur les violences. Elle dénonce également la détention de 100 000 Ouïghours croupissant, selon elle, en prison pour des raisons politiques et religieuses.

Ses déclarations ne font qu’attiser la colère des autorités chinoises pour qui Mme Kadeer est une « séparatiste ».

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