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Territoires palestiniens

En congrès à Bethléem, le Fatah recherche un nouvel élan

Article publié le 04/08/2009 Dernière mise à jour le 04/08/2009 à 08:49 TU

Le Fatah tient à partir de ce mardi à Bethléem son premier congrès depuis vingt ans. Quelque 2300 délégués sont appelés à renouveler les instances dirigeantes du mouvement fondé par Yasser Arafat et tenter de redonner un nouvel élan à un parti miné par les luttes de clans et usé par le pouvoir.

Fin des préparatifs pour le congrès du Fatah, à Bethléem.(Photo :AFP)

Fin des préparatifs pour le congrès du Fatah, à Bethléem.
(Photo :AFP)

Avec notre envoyé spécial à Bethléem, Karim Lebhour

Le Fatah est en crise. Déchiré par les luttes intestines, impopulaire et affaibli, le parti historique palestinien compte sur le congrès qui s’ouvre ce mardi à Bethléem (Cisjordanie) pour retrouver un nouveau souffle.

Depuis la mort de Yasser Arafat, en 2004, le Fatah n’est plus que l’ombre de lui-même. « Le Fatah n’a pas de direction, pas de programme et pas de stratégie, tranche Sofiane Abu Zaïda, ancien ministre et baron du Fatah. C’est pour cela que ce congrès est si important : pour nous permettre de clarifier notre idéologie et remettre le parti en état de fonctionner ».

Les rapports de force au sein du Fatah

En soi, la tenue du congrès, le premier depuis celui d’Alger en 1989 est déjà un succès. La « vieille garde », menée par Farouk Qaddoumi, président du Comité central du Fatah et représentant de la tendance « dure » opposée à Mahmoud Abbas, a tout fait pour l’empêcher. Les compagnons de Yasser Arafat, dont la plupart vivent en exil et se sont opposés aux accords d’Oslo, craignent l’émergence de nouveaux dirigeants issus de deux Intifada et bien mieux implantés localement. Les négociations, interminables, ont duré plus de deux ans, avant que Mahmoud Abbas n’impose la tenue du congrès à Bethléem. Le président palestinien aura ainsi voulu recentrer le mouvement sur cette génération ancrée dans les territoires palestiniens, contre la volonté des « historiques » de la diaspora.

Le congrès permettra de mesurer les rapports de force entre les différentes factions au sein du Fatah. Les quelque 2300 délégués devront renouveler les deux instances dirigeantes du Fatah, le Comité central (18 sièges) et le Conseil révolutionnaire (120 sièges). Le vote devrait marquer l’accès au pouvoir du très populaire Marwan Barghouti, candidat au Comité central depuis la prison israélienne où il purge cinq condamnations à perpétuité pour son rôle dans la seconde Intifada, et le retour du controversé Mohamed Dahlan, l’ex-homme fort de Gaza, réputé proche des Américains.

A la demande des Etats-Unis, Israël a accordé un permis exceptionnel d’entrée à quelque 400 délégués de l'extérieur, de Syrie, du Liban et d'autres pays arabes, dont beaucoup n’ont jamais mis les pieds dans les territoires palestiniens. En revanche, la plus grande partie des 450 délégués de la bande de Gaza n’ont pu faire le voyage, empêchés de quitter le territoire par le Hamas.

Le processus de paix au coeur des débats

Fondé dans le fracas des armes et l’exaltation de la lutte armée, le Fatah doit aussi se prononcer, quinze ans après les accords d’Oslo et la création de l’Autorité palestinienne, sur le processus de paix. « Nous devons faire la différence entre le droit à la résistance contre l’occupation et l’usage de la violence contre des civils, reprend Abu Zaïda. Nous devons aussi étudier les options du Fatah si les négociations échouent. Devons-nous retourner à la lutte armée ou adopter de nouvelles formes de lutte ? Aujourd’hui, ce n’est pas clair ». Au sein du Fatah, de nombreux militants veulent également durcir le ton sur les colonies, Jérusalem ou le statut des réfugiés. Le Fatah étant le principal interlocuteur dans les négociations avec Israël, les réponses apportées par le congrès ne seront pas sans conséquence sur le processus de paix.

A écouter

Invité du matin : Majed Bamya, délégué général de la Palestine auprès de l’Union européenne

« Le Fatah constitue la colonne vertebrale de l'OLP, qui est le représentant légitime et unique des Palestiniens [...]. Il fallait que ce corps-là, qui est fatigué de 20 ans sans élection, ni possibilité de renouveau, puisse saisir cette occasion pour renforcer ses instances de façon démocratique. »

04/08/2009