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Soudan

Le pantalon de Loubna

par  RFI

Article publié le 05/08/2009 Dernière mise à jour le 05/08/2009 à 09:30 TU

Loubna Ahmed Hussein devra attendre un mois de plus pour savoir si elle est condamnée à recevoir 40 coups de fouet. Mardi, son procès, « le procès du pantalon » comme on l'appelle à Khartoum, a en effet été reporté, le juge estimant qu'il devait déterminer si la journaliste bénéficie d'une immunité en raison de son emploi à la mission de l'ONU au Soudan. Loubna Ahmed Hussein, qui est poursuivie pour « tenue indécente » parce qu'elle portait un pantalon, se dit déterminée à faire changer les choses. Pour la soutenir, des centaines de personnes s'étaient massées mardi devant le tribunal. La manifestation a été dispersée par des tirs de gaz lacrymogènes.

Loubna Ahmed Hussein, en pantalon, le 31 juillet dernier.(Photo : Reuters)

Loubna Ahmed Hussein, en pantalon, le 31 juillet dernier.
(Photo : Reuters)


Loubna Ahmed Hussein n'abdique pas. Son pantalon est devenu un étendard pour les femmes soudanaises qui demandent plus de liberté. Son bras de fer avec les autorités judiciaires suscite depuis un mois de nombreux débats à Khartoum et pour la jeune femme, peu importe l'issue de son procès, l'important c'est de changer la loi.

« Non, je n'ai pas peur des coups de fouets. La flagellation ne fait pas si mal mais c'est une insulte. Une insulte pour l'humanité, pour les femmes, pour toutes les personnes qui demandent la liberté. C'est aussi une insulte pour mon pays et pour la religion car la religion respecte les êtres humains. Je veux que ce procès ait lieu parce que je veux changer la loi

Pour que la question de son immunité ne soit plus évoquée, Loubna dit avoir posé sa démission la semaine passée aux Nations Unies. Et en attendant le début de son procès prévu le 7 septembre, cette veuve d'une trentaine d'année n'entend plus quitter ses pantalons, objet de polémique.

« Avant, je portais différents styles de vêtements. Des vêtements traditionnels soudanais, des robes et des pantalons mais depuis que la police m'a arrêtée je ne porte plus que des pantalons.»

Qu'elle soit condamnée ou pas, Loubna Ahmed Hussein a déjà remporté une victoire symbolique. Des associations soudanaises et internationales se sont emparées de son cas. Maha El-Zaïn, militante féministe était dans la foule.

Maha el-Zaïn, coordinatrice du mouvement Moussawa, qui milite la promotion des droits des femmes au Soudan

« Je veux saluer Loubna pour son action courageuse. Elle se bat pour ses droits et pour ceux de toutes les femmes soudanaises qui souffrent de l'oppression... Je pense qu'il est grand temps pour les femmes soudanaises de remettre en cause toutes ces lois et ces pratiques discriminantes... »

05/08/2009 par Cyril Bensimon

Le secrétaire général des Nations unies s'est dit profondément préoccupé par cette affaire. Quant aux autorités de Khartoum, qui cherchent à améliorer leur image sur la scène internationale, elles semblent pour l'heure bien embarrassées par cette jeune femme décidemment bien culottée.