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Economie

Reprise du commerce mondial: des signaux contradictoires

par Guillaume Thibault

Article publié le 17/08/2009 Dernière mise à jour le 17/08/2009 à 16:22 TU

Dans la course aux indicateurs, signes d’une lente relance en cours, les économistes sont très attentifs à l’évolution du commerce mondial, en chute libre depuis le début de la crise. Après la France et l'Allemagne, c’est le Japon qui annonce aujourd’hui sortir la tête de l'eau. A l'origine de cette reprise, des exportations boostées dans ces trois pays. Mais ce n'est pas le cas partout.

Vue générale d’un port à conteneurs à Shanghai (Chine), le 11 août 2009.(Photo : Reuters)

Vue générale d’un port à conteneurs à Shanghai (Chine), le 11 août 2009.
(Photo : Reuters)

 
Depuis que la crise économique a frappé en septembre dernier, les échanges internationaux étaient en chute libre. Alors, quand le Japon, seconde économie de la planète, annonce sortir de la récession car ses exportations sont en hausse au second trimestre, tous les experts se félicitent.

Comment, d’ailleurs, expliquer cette reprise des exportations ? Le gouvernement met en avant son plan de relance et également ceux des pays industrialisés qui ont favorisé la demande en produits japonais à travers le monde.

Malgré tout, les économistes restent méfiants, voire pessimistes.

Ils soulignent que les exportations ont déjà commencé à ralentir dès le mois de juin, notamment les ventes vers la Chine. Ils ajoutent qu’après une légère relance, la croissance japonaise devrait ralentir au 3e trimestre.

Comme le Japon, l'Allemagne, qui a une industrie puissante et une économie basée sur les exportations, profite de l’embellie actuelle. Et l'Allemagne se tourne vers l'est. Le gouvernement chinois incite ses compatriotes à acheter des voitures neuves en leur donnant une prime. Conséquence, les constructeurs allemands se frottent les mains : Volkswagen, premier constructeur européen, a vendu près de 130 000 véhicules en Chine cette année, une hausse de 68% en un an.

La voiture sauve la mise

Et lorsque l'Allemagne vend en Chine, la France vend en Allemagne. La force des constructeurs français : des voitures petites, peu gourmandes en carburant.

Une stratégie payante, ces voitures se vendent comme des petits pains même en Allemagne, où les conducteurs sont pourtant fans de grosses cylindrées. Peugeot Citroën indique un bond de ses ventes chez son voisin : plus 36% au second semestre.

En France, ce secteur de l'automobile a relancé à lui tout seul l'ensemble du commerce extérieur. Les économistes, à l'image de Marc Touati, s'en étonnent : « dans un contexte d'effondrement du commerce mondial, ce rebond a de quoi surprendre. »

Malgré tout, cette embellie, en France comme en Allemagne, pourrait être de courte durée pour la simple et bonne raison que la prime à la casse a une fin. Normalement fin septembre en Allemagne et dans les premiers mois de 2010 en France.

Et pour le reste de l'Union Européenne, la situation n'est pas aussi bonne.

Au sein de la zone Euro, l'excédent commercial s'est amélioré en juin mais c'est surtout parce que les importations ont diminué alors que les exportations sont restées stables. La reprise du commerce, les échanges mondiaux ne sont donc pas encore au rendez-vous.

Il y a un exemple encore plus frappant : les Etats-Unis. Connus, c'est parfois un cliché, pour leur consommation excessive à tous les niveaux, les Américains ont modifié leur mode de vie à cause de la crise. Les économistes expliquent que la crise a changé le visage du commerce extérieur des Etats-Unis. Importations en baisse : moins 49% pour les importations de véhicules, moins 14% pour les biens de consommation.

Un véritable enjeu pour la Chine 

Un pays, plus que les autres, attend la reprise de ces échanges commerciaux, c’est la Chine.  La Chine, magasin du monde, a besoin d’exporter pour retrouver sa très forte croissante. Pour le moment, le gouvernement attend des signes plus convaincants de reprise mais n'écarte pas un rebond des exportations d'ici la fin de l'année. Le ministre du Commerce espère une relance des ventes de jouets, de vêtements et de chaussures à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, au Japon et au Brésil.

Les analystes soulignent les qualités des biens chinois : des objets, certes pas toujours de grande qualité, mais bien moins chers que la concurrence. Le prix : un argument de poids en temps de crise puisque les consommateurs du monde entier sont à la recherche de produits bons marché.