Article publié le 21/08/2009 Dernière mise à jour le 21/08/2009 à 13:03 TU
En Occident, on se félicite : les élections présidentielle et provinciales en Afghanistan se sont déroulées dans des conditions que l'on n'osait espérer. A l’ONU, on se dit soulagé. Les violences redoutées n'ont pas été si nombreuses. Le décompte des bulletins de vote serait déjà terminé mais il faudra attendre le 17 septembre pour avoir les résultats définitifs du scrutin. La Commission électorale indépendante annonce que le taux de participation pourrait tourner autour de 40 à 50%. Les deux camps rivaux, celui du président Karzaï et de son principal adversaire Abdullah Abdullah revendiquent d'ores et déjà la victoire.
Avec notre envoyée spéciale à Kaboul, Sophie Malibeaux
Les déclarations du directeur de campagne du président Karzaï, attribuant déjà la victoire à son candidat, ne sont pas surprenantes. Dès jeudi, avant même de connaître le taux de participation, la présidence afghane s’était félicitée du résultat, allant jusqu'à expliquer en substance que quel que soit le nombre d’Afghans ayant réussi à placer leur bulletin dans l’urne, la légitimité du scrutin ne pouvait être contestée.
Le simple fait d’avoir pu tenir ces élections est considéré comme une victoire par l’administration Karzaï. Cela témoigne de la fragilité du pouvoir en place.
Les déclarations du directeur de campagne sont néanmoins inquiétantes. Il ne se contente pas d’affirmer que Hamid Karzaï arrivera en tête de la course électorale. Ses propos rapportés par l'agence Reuters laissent entendre qu'il est certain que cette victoire a été acquise dès le premier tour.
D'autres sources à Kaboul le confirment : la tenue d’un second tour n’est pas envisagée par le pouvoir en place, tant pour des raisons financières que sécuritaires.
Moins de violence que prévu
Il n’y a pas eu d’attentat majeur pendant le jour du vote et on a pu ressentir immédiatement, à la clôture des bureaux de vote, un soulagement tant chez les électeurs que chez les membres du personnel électoral. La Commission électorale a annoncé vendredi que 11 agents électoraux (sur les 120 500 mobilisés) avaient été tués pendant le vote.
Le comportement des policiers a également changé à Kaboul. Les points de contrôle sont restés en place mais on pouvait ressentir de façon très nette une moindre nervosité des policiers afghans, en première ligne dans ce dispositif sécuritaire.
Les risques de violences ne sont pas pour autant écartés, loin de là. Les déclarations de satisfaction et les cris de victoire de l’équipe sortante semblent prématurés et ne font que jeter de l’huile sur le feu car la contestation gronde dans les rangs de l’opposition.A écouter
« On n’a pas connu ici en Afghanistan le bain de sang que promettaient les talibans. Il n’y a pas eu d’attaques suicides. Aucune attaque majeure. Mais d’un autre côté, il y a eu plus de 135 incidents à travers le pays… »
21/08/2009