par Frank Weil-Rabaud
Article publié le 21/08/2009 Dernière mise à jour le 21/08/2009 à 20:03 TU
Chaque année, près de deux millions de musulmans se rassemblent pour un pèlerinage à La Mecque.
( Photo : AFP )
Le pèlerinage de La Mecque est d'abord une obligation religieuse mais c’est également un enjeu économique. De nombreuses agences de voyages se sont spécialisées sur le créneau du grand (le hajj) et du petit (omra) pèlerinage.
Meridianis est l'une d'entre elles, installée dans le XVIIe arrondissement de Paris. Pour Zour, l'une de ses conseillères, «les gens sont inquiets mais pour l'instant nous n'avons eu aucune annulation».
Prudence avant et après le pèlerinage
Pour le président du conseil français du culte musulman, Mohamed Moussaoui, il n'y a pas à tergiverser : « les personnes en bonne santé doivent faire preuve de prudence et rester informées de la propagation du virus. Quant à celles qui sont plus vulnérables, comme le définit l'OMS, les personnes de plus de 65 ans, les enfants de moins de 12 ans, les femmes enceintes, elles devraient reporter leur projet de pèlerinage. »
Sur le plan médical, la grippe A H1N1 se propage comme les autres virus, chez des personnes affaiblies et au travers de contacts physiques. Pour cette raison, elle suscite l'inquiétude chez les musulmans qui viennent de débuter le Ramadan, le mois de jeûne sacré.
Jean-François Delfraissy, qui dirige à Paris l'Institut des maladies infectieuses, souligne que «le Ramadan fragilise un peu plus les personnes déjà affaiblies et les voyages favorisent la propagation du virus.»
Déplacements d'ores et déjà limités
Devant les craintes de contamination à l'occasion des pèlerinages qui ont lieu toute l'année, de nombreux pays musulmans ont déjà limité ou interdit les déplacements de leurs concitoyens en Arabie Saoudite.
Ce lundi, le gouvernement égyptien a ainsi empêché 200 personnes d'embarquer pour La Mecque. L'Iran de son côté à tout simplement interdit tout pèlerinage durant ce mois de Ramadan.
En Arabie Saoudite, 2 000 cas de grippe A H1N1 ont été signalés et 14 personnes sont mortes. Mais les autorités saoudiennes n'entendent pas pour l'instant empêcher les pèlerins d'effectuer leur devoir religieux. Le voyage reste prioritaire par rapport à une maladie qui ne s'est pas encore généralisée. Sur ce point, le président du conseil français du culte musulman invite ses coreligionnaires à bien réfléchir car « si le pèlerin risque de contaminer son entourage à son retour, la religion prévoit qu'il doit effectuer son voyage à un autre moment. »
Une fréquentation des lieux saints en baisse
La crainte d'une épidémie a poussé une personnalité religieuse de premier plan en Arabie Saoudite à intervenir dans le débat. Le grand mufti du royaume wahhabite, Abdoul Aziz Al Chaikh, a en effet demandé aux personnes se sachant infectées de ne pas participer aux pèlerinages et à ne pas se rendre à la mosquée. Le message semble avoir été entendu. Selon les premières estimations, l'afflux de pèlerins vers La Mecque est déjà inférieur aux années précédentes.
Un responsable de la chambre de commerce de la Mecque, interrogé par l'AFP, estime que l'activité économique dans la ville sainte pourrait baisser de 40% dans les mois qui viennent.
En France, la crainte d'une épidémie n'a pas affecté la fréquentation des mosquées. Le président du CFCM, Mohamed Moussaoui a son explication : « les autorités sanitaires n'ont pas pour l'instant déconseillé la fréquentation des lieux recevant du public ».
Les musulmans, à l'image de l'ensemble de la communauté française attendent désormais la rentrée, présentée comme la période où la pandémie pourrait se déclencher, pour savoir s'ils pourront continuer à respecter les principes dictés par leur religion et en particulier, pour ceux qui le peuvent, effectuer leur pèlerinage.