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Etats-Unis / Irak / Afghanistan

Washington lève le voile sur les prisons militaires secrètes

par Sylvain Biville

Article publié le 23/08/2009 Dernière mise à jour le 24/08/2009 à 09:22 TU

L'administration américaine avance à petits pas vers un peu plus de transparence dans la conduite de la lutte antiterroriste. Depuis le début du mois, les noms des terroristes présumés détenus secrètement dans des camps militaires en Irak et en Afghanistan sont désormais transmis au Comité international de la Croix Rouge. C'est une information révélée par le New York Times. Le CICR réclamait de longue date un accès à ces prisonniers, que lui avait toujours refusé l'administration Bush.

Des marines américains qui escortent des prisonniers afghans. Vue prise à travers des lunettes de vision nocturne à l'aéoroport de Kandahar, le 18 décembre 2001.(Photo : AFP)

Des marines américains qui escortent des prisonniers afghans. Vue prise à travers des lunettes de vision nocturne à l'aéoroport de Kandahar, le 18 décembre 2001.
(Photo : AFP)

Lorsqu’un chef présumé d'al-Qaïda est capturé sur le champ de bataille par l’armée américaine, il est discrètement transféré vers un camp militaire, pour vérifier son identité et tenter de lui soutirer des informations. Il existe au moins deux prisons secrètes de ce type, gérées par les forces spéciales du Pentagone, l’une en Irak, l’autre en Afghanistan, où sont détenus quelques dizaines de combattants islamistes.

Elles font partie des outils les plus opaques - et les plus controversés - de la croisade anti-terroriste des Etats-Unis. Jusqu’à présent, l’administration américaine a systématiquement refusé de livrer la moindre information sur ces prisons secrètes, mises en place au lendemain du 11 septembre 2001. L’administration conteste d’ailleurs le terme, préférant parler de « sites de détention temporaires », destinés à un nombre limité de présumés terroristes, jugés de « haute valeur » (soit en raison des informations dont ils disposent, soit du fait de leur dangerosité), avant leur transfert vers une prison plus officielle.

Washington lève une partie du mystère

Il y aurait actuellement une quarantaine de détenus de ce type en Irak, un peu moins en Afghanistan. Washington s'apprête à lever une partie du mystère. Selon le New York Times, le Pentagone a mis en place, depuis début août, de nouvelles procédures qui prévoient de transmettre au Comité international de la croix rouge (CICR) l'identité des détenus, dans les deux semaines suivant leur arrestation.

Joint par RFI à Genève, le CICR n'a pas souhaité commenter l'information. Mais d'autres associations de défense des droits de l'homme saluent un pas dans la bonne direction. « Nous ne pouvons que nous féliciter de toute décision qui va vers une meilleure transparence » estime Nathalie Berger, d’Amnesty International, qui ajoute cependant qu’il y a « encore énormément de choses à faire pour ramener les Etats-Unis dans le respect des lois internationales qu’ils ont bafouées jusqu’à présent ».

Nathalie Berger, d'Amnesty International - France

sur le prisons secrètes américaines

« Les noms de ces personnes sont maintenant connus. J'espère que la Croix Rouge pourra donner ces informations à leur famille. »

23/08/2009 par Sylvain Biville

Cela fait des années que la Croix Rouge réclamait un accès aux détenus des prisons secrètes. Elle s’était heurtée à un refus catégorique de l’administration Bush. Les nouvelles procédures du Pentagone marquent donc une ouverture de la part du gouvernement américain, même s’il faut en nuancer la portée puisque le CICR n'est toujours pas autorisé à rendre visite à ces détenus, un droit qui lui est désormais accordé dans la plupart des autres prisons militaires américaines en dehors du territoire national, comme par exemple à Bagram (Afghanistan) ou sur la base américaine de Guantanamo, sur l’île de Cuba.

Un procureur spécial sur la torture

Le nouveau souci de transparence de l’armée américaine est le résultat de la révision générale des pratiques de détention et d'interrogation de terroristes présumés, annoncée par Barack Obama dès son arrivée à la Maison Blanche. Cette décision a déjà donné lieu à l'abandon définitif des fameuses prisons secrètes de la CIA et à la fermeture, annoncée, mais pas encore mise en œuvre, de Guantanamo. On attend dans les jours à venir une décision du ministre de la Justice, Eric Holder, sur la possible nomination d’un procureur spécial, chargé d’enquêter sur les actes de torture commis par les forces de l’ordre américaine dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

Les révélations du New York Times, avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

« ... La nouvelle politique, saluée par les organisations des droits de l’homme, s’inscrit dans le cadre de la réforme des règles de détention “antiterroriste” du président Obama qui a déjà ordonné la fermeture de Guantanamo et des prisons secrètes de la CIA... »

24/08/2009 par Jean-Louis Pourtet