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Revue de presse spéciale Ted Kennedy

par Sylvain Biville

Article publié le 26/08/2009 Dernière mise à jour le 26/08/2009 à 16:10 TU

Spéciale Ted Kennedy

La nouvelle du décès, à 77 ans, de Ted Kennedy, est tombée au milieu de la nuit aux Etats-Unis, mais cela n’empêche pas la plupart des journaux de publier ce mercredi matin des éditions spéciales, riches en superlatifs, en hommage au plus célèbre des hommes politiques américains.

« Monsieur Kennedy, écrit le New York Times était le dernier frère encore en vie d’une génération de Kennedy qui a dominé la politique américaine, génération qui avait fini par incarner le glamour, l’idéalisme politique et la mort prématurée. La mystique Kennedy – certains parlent même de mythe – a entretenu l’imagination du monde entier pendant des décennies et avait fini par reposer sur les épaules parfois trop étroites de Teddy ».

Le quotidien new-yorkais décrit ainsi l’inimitable silhouette du patriarche : « Une figure rabelaisienne, au Sénat comme dans la vie, instantanément reconnaissable avec son épaisse tignasse blanche, son visage flamboyant et surdimensionné, son accent typique de Boston, sa démarche puissante mais douloureuse. C’était une célébrité, parfois une parodie de lui-même, un ami chaleureux, un ennemi implacable, un personnage mélancolique et persévérant, qui buvait sec et chantait fort. C’était un Kennedy ».

Le lion du Sénat

Avant de devenir « le lion du Sénat », Ted Kennedy avait été hanté pendant de longues années par la tentation de la Maison Blanche. « Beaucoup de démocrates considéraient une présidence Ted Kennedy comme virtuellement inévitable, analyse le Washington Post, qui rappelle qu’en 1968, quelques mois à peine après l’assassinat de son frère Robert Kennedy, il y a eu une campagne pour que Ted reprenne le flambeau et se lance dans la course à la Maison Blanche. Mais à l’époque, « il est resté en réserve, réalisant qu’il n’était pas prêt à devenir président ».

Il se réservait pour le prochain tour, 1972. « Mais cette éventualité a brutalement pris fin une nuit de juillet 1969, lorsque le sénateur, au volant de son Oldsmobile, est tombé d’un pont sur l’île de Chappaquiddick, avec une jeune passagère qui s’est noyée. Cette tragédie, écrit le Washington Post, a eu un effet corrosif durable sur l’image de Ted Kennedy ».

« The dream shall never die »

Et puis, troisième et dernière tentation présidentielle, celle qui est allée le plus loin, en 1980, lorsque le sénateur s’est lancé dans ce que le grand quotidien de la capitale fédérale qualifie de « lamentable tentative de défier le président sortant Jimmy Carter » dans les primaires démocrates. Il a perdu les primaires (et Carter perdra aussi d’ailleurs les élections, face à Ronald Reagan) mais le Washington Post salue le talent oratoire de Ted Kennedy qui, lors du discours dans lequel il concède sa défaite, prononce la fameuse phrase désormais célèbre : « The dream shall never die », (« Le rêve ne mourra jamais »).

La phrase est d’ailleurs largement reprise par la presse ce matin, notamment par le Huffington Post, qui appelle ses lecteurs à ne pas porter le deuil, mais au contraire à célébrer l’extraordinaire carrière de Ted Kennedy. « Il y a des géants qui vivent parmi les gens ordinaires. Edward Kennedy était l’un de ces géants », écrit le site d’information.

L’épouvantail préféré des républicains

Le Los Angeles Times relate l’une des dernières apparitions publiques du « lion du Sénat », il y a tout juste un an, en août 2008, au premier jour de la convention démocrate, à Denver, Colorado, où il a été accueilli par une foule en liesse. « Il avait prédit, d’une voix forte, que lors des élections de novembre, le flambeau allait être passé à une nouvelle génération d’Américains », allusion à Barack Obama, à qui il avait apporté son soutien, contre Hillary Clinton, lors des primaires démocrates.

Le  Wall Street Journal revient sur un autre aspect, presque oublié aujourd’hui, de Ted Kennedy, « icône progressiste et cible régulière des Républicains ». « Pendant des décennies, les Républicains l’ont dépeint comme la quintessence du méchant gauchiste », écrit le quotidien financier conservateur, qui rappelle que le sénateur du Massachussetts était l’épouvantail préféré de la droite, dans ses campagnes de collecte de fonds.

Quelle relève ?

« Qui reprendra le flambeau ? » s’interroge le Boston Globe. « La prochaine génération des Kennedy déploie une palette de talents, mais on ne sait pas encore qui va prendre les rênes de la dynastie », estime le grand quotidien du Massachussetts, l’Etat de Ted Kennedy. « Il serait prématuré de déclarer la fin d’une tradition », poursuit le journal, qui spécule déjà sur la succession de Ted Kennedy : sa veuve, Victoria Reggie ou l’un de ses neveux, l’ancien représentant Joseph P. Kennedy, sont déjà sur les rangs, croit savoir le Boston Globe, qui rappelle que Ted lui-même avait hérité, en 1962, du siège laissé vacant par son frère John, après son élection à la Maison Blanche.