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Epidémie de grippe A

Le Brésil défié par la grippe A

Article publié le 27/08/2009 Dernière mise à jour le 28/08/2009 à 13:07 TU

En 4 mois, le virus H1N1 a provoqué la mort de 557 Brésiliens car l´hémisphère sud offre actuellement à la grippe A des conditions favorables en raison des basses températures de l´hiver austral. Cependant la maladie pourrait déjà être en régression dans ce pays.

Des indiens d'Amazonie à Manaus, le 26 août 2009.(Photo: Reuters)

Des indiens d'Amazonie à Manaus, le 26 août 2009.
(Photo: Reuters)

De notre correspondante à Brasilia, Annie Gasnier

En rentrant de son travail d´employée de maison lundi soir, Isabel Gomes a voulu voir un médecin. Sentant les premiers symptômes de la grippe, elle s'est dirigée au poste de santé de Santa Maria, en banlieue de Brasilia, près de son domicile. Mais il y avait 200 personnes devant elle, et elle est allée se coucher avec une simple tisane au miel, pour affronter une fièvre de 40º. Le lendemain seulement, on lui a prescrit des antibiotiques et de la vitamine C, en lui assurant que sa grippe n'avait pas lieu d´inquiéter.

Pourtant, 77% des cas de grippes enregistrés au Brésil en ce moment sont dûs au virus H1N1. Mais les postes de santé et services d'urgence hospitaliers débordent de malades, et il est difficile aux plus humbles d´être soignés dans les établissements publics gratuits.

La grippe A a déjà fait 557 victimes, un record international. Le géant sud-américain ne se classe cependant qu'au 7º rang mondial, si ce taux de mortalité est ramené à sa population de 191 millions d´habitants. Comparativement, en Argentine et au Chili, bien moins peuplés, le virus A a plus tué.

L´hémisphère sud offre actuellement à la grippe A des conditions très favorables, en raison des basses températures de l´hiver austral. La répartition des morts sur le territoire brésilien le montre clairement : les décès se concentrent sur les cinq Etats du sud, particulièrement Sao Paulo (223), le Parana (151) et le Rio Grande du Sud (98). En Amazonie, quelques cas. Dans les tribus indiennes, où l´épidémie est redoutée, pas de cas mortel.

Les femmes enceintes sont un grand souci pour les autorités sanitaires, car sur les 480 cas déclarés, 58 patientes sont mortes. Sur l´ensemble, 55% des victimes étaient des femmes, 45% des hommes.

Pour tenter de diminuer les files d´attente dans les hôpitaux publics, et de prévenir la propagation, le ministère de la Santé mène une campagne d´information. Parallèlement, le ministère a interdit la publicité de tous les comprimés communément utilisés contre la grippe. Les médicaments à base de paracétamol pourraient masquer le virus A, et surtout les risques pour le malade. Dans un pays qui pratique beaucoup « l´auto-médication », la crainte est fondée. De même, la distribution du Tamiflu est limitée à certains établissements « de référence », sur présentation d´une ordonnance. Par peur, en plus, que les gélules manquent, ou qu´elles soient stockées par les plus riches.

Le pire de l´épidémie serait passé

L´arrivée de septembre marque en principe la fin de la saison froide. Et des grippes. Et le nombre de cas, enregistré hebdomadairement au Brésil, montrerait déjà que la maladie est en train de reculer. La première semaine d´août, ont été signalés 1.578 cas graves, et 273 cas la troisième semaine. Mais prudent, le ministère de la Santé précise, à Brasilia, que ce nouveau virus est trop mal connu pour déjà crier victoire.

En raison du calendrier des saisons, la rentrée des classes après les vacances d´hiver  avait été repoussée de deux semaines dans l´ensemble des Etats du sud, pour 11  millions d´écoliers et étudiants. Plus fragiles, les enfants des crèches et des maternelles ne sont retournés en classe que lundi 24 août.

Les mesures d´hygiène et d´informations ont été renforcées dans les établissements scolaires, mais aucune fermeture de classe n´est a priori prévue. La décision dépend des maires et gouverneurs.