par Béatrice Leveillé
Article publié le 09/09/2009 Dernière mise à jour le 09/09/2009 à 15:52 TU
Le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero à la tribune de l'Assemblée nationale à Madrid, le 9 septembre 2009.
(Photo : Reuters)
Sur les sept premiers mois de l'année, le déficit s’élève à 49,68 milliards d'euros, cinq fois plus que l’an dernier. Il pourrait atteindre 9,5% en 2009. Plus de trois fois la limite établie par le pacte de stabilité européen (3% du PIB). Pour le chef du gouvernement espagnol la pression fiscale en Espagne restera « inférieure à la moyenne européenne ». En deçà, en tous cas, de son niveau lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2004. Les impôts augmenteront, en 2010, à hauteur de 1,5% du produit intérieur brut (PIB). Un budget d’austérité accompagnera cette mesure avec une baisse des dépenses de 4,5% par rapport à 2009.
L'opposition de droite, bien que favorable à une réduction des dépenses publiques, se dit opposée à cette hausse de la pression fiscale. Le chef des conservateurs Mariano Rajoy la juge contreproductive en pleine récession.
Le gouvernement espagnol n’a plus beaucoup de marge de manœuvre. José Luis Rodriguez Zapatero a du mal à démontrer que son plan de relance accélère la reprise de l’économie. Il a dépensé près de 25 milliards d’euros en encourageant les municipalités à se lancer dans des travaux publics avec un fonds pour les entités locales, de 8 milliards d'euros, presque aussi important que le fonds pour la dynamisation de l'économie et l'emploi, de 11 milliards d'euros auxquels s’ajoutent des crédits pour la rénovation des logements et des infrastructures hôtelières.
Ce plan a surtout un impact visuel : pelleteuses, chaussées éventrées, centres-villes en travaux. Mais les chiffres sont têtus : l’économie ne repart pas et le chômage ne recule pas, au contraire. Le produit intérieur brut espagnol affichera une contraction d'environ 4% cette année et devrait encore se réduire en 2010. Le taux de chômage en Espagne ne cesse d’augmenter, au deuxième trimestre, 4,137 millions de personnes se trouvaient au chômage, soit 17,92% de la population active. La barre des 20% pourrait être passée avant la fin de l’année.
La Banque d'Espagne, à l’unisson avec le patronat et les milieux d’affaires, réclamait une réduction du coût du travail et une simplification de la législation. Pour ne pas se mettre à dos les syndicats, le gouvernement a choisi de ne pas agir. Les Espagnols ne lui en tiennent pas rigueur. La cote des socialistes ne s’est pas effondrée. Ils n’ont perdu que quatre points depuis le début de la crise. Une crise qui affecte, pour l’instant, avant tout les travailleurs du bâtiment, pour la plupart immigrés et mal payés.
La classe moyenne n’a pas vraiment réduit ses dépenses et les retraités et les fonctionnaires soutiennent massivement le gouvernement. Les prochaines élections législatives ne sont prévues qu’en 2012, ce qui peut expliquer l’attentisme du gouvernement espagnol qui semble espérer une reprise mondiale de l’économie.