par Véronique Gaymard
Article publié le 15/09/2009 Dernière mise à jour le 15/09/2009 à 14:57 TU
Esther Brimmer, la secrétaire d'Etat adjointe américaine pour les organisations internationales, dans le hall du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, à Genève.
(Photo : Fabrice Coffrini / AFP)
Les Etats-Unis ont décidé de jouer un rôle actif en tant que membre du Conseil des droits de l’homme. C’est un signe fort du changement politique qui s’est opéré aux Etats-Unis avec l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche. Jusqu’en 2006, c’était la Commission des droits de l’homme de l’ONU qui était en charge de toutes les questions de droits de l’homme. Cette Commission était critiquée de toutes parts car trop politique.
En 2006, l’ONU a décidé de dissoudre cette Commission et de créer un nouvel organe, le Conseil des droits de l’homme, qui compte 47 Etats membres, élus pour un, deux ou trois ans, et qui se réunit désormais trois fois par an.
Mais les Etats-Unis, à l’époque sous le gouvernement de George W. Bush, n’ont pas voulu participer à cette institution ; ils avaient même voté contre sa création en 2006. Ils critiquait le fait que l’accès à ce Conseil n’était pas interdit à des pays violateurs des droits de l’homme.
Washington n’a gardé qu’un statut d’observateur, statut qu’il a même abandonné totalement au cours des six derniers mois. C’est une attitude que regrette Julie de Rivero, chef du bureau de Human Rights Watch à Genève. En revanche, elle accueille positivement le changement de l’administration Obama.
« Les années de retrait des Etats-Unis ont vraiment endommagé la dynamique du Conseil. »
Lors des résultats de l’élection des Etats-Unis au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 12 mai dernier, Susan Rice, représentante permanente des Etats-Unis à l’ONU a clairement annoncé un nouvel engagement de son pays pour la défense des droits de l’homme.
« Nous avons décidé de participer au Conseil des droits de l'homme, parce que cette administration et le peuple des Etats-Unis sont très engagés dans le respect des droits de l’homme de tout individu ! »
Peser sur les blocs régionaux
L'arrivée des Etats-Unis au Conseil des droits de l'homme pourrait également faire basculer certaines polarisations qui existent entre blocs régionaux sur des sujets comme la liberté d’expression ou de religion, et des prises de position sur certaines situations comme le Darfour ou les Territoires palestiniens occupés. Selon Julie Gromellon, représentante de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) à l'ONU à Genève, le poids des Etats-Unis pourrait peser sur ces clivages politiques.
« Il faut que les Etats-Unis aient une position équilibrée et parfois autocritique par rapport à leur propre bilan, en Irak ou en Afghanistan ».
« Nous n'avons pas été parfaits nous-mêmes »
Si les Etats-Unis entendent jouer un rôle pour améliorer le Conseil des droits de l’homme de l’intérieur, ils devront également accepter de se livrer à une autocritique des graves violations de droits de l’homme commises jusqu’à présent, notamment dans leur « guerre contre le terrorisme ». Selon les déclarations de Susan Rice, cette autocritique a commencé.
« Nous n'avons pas été parfaits nous-mêmes ! »
Cette petite phrase, « nous n’avons pas été parfaits nous-mêmes », a son importance. L’autocritique est nécessaire selon Peter Splinter, représentant d’Amnesty International à Genève.
« On ne voit pas les Etats-Unis se comporter de façon aussi hautaine que sous l’administration Bush. »
Ratifier des instruments internationaux
Les Etats-Unis devront eux aussi montrer l’exemple et ratifier plusieurs instruments internationaux comme la Convention sur les droits de l’enfant (seuls les Etats-Unis et la Somalie ne l’ont pas ratifiée), le pacte de 1966 relatif aux droits économiques sociaux et culturels (DESC) ou encore la Convention contre les disparitions forcées, il ne manque plus que sept ratifications pour que cette dernière entre en vigueur. Sur le fond, beaucoup attendent surtout des Etats-Unis une nouvelle approche au sein du Conseil des droits de l’homme.
« Le Conseil des droits de l'homme a été beaucoup et justement critiqué parce qu'il n'a pas assez répondu aux besoins des victimes de violations des droits de l'homme ! ».
Remise du rapport sur Gaza : un test pour les Etats-Unis
Le temps fort de cette 12e session du Conseil des droits de l’homme la remise officielle du rapport de la mission d’enquête sur Gaza, suite à l’opération « Plomb durci » menée par l’armée israélienne en décembre-janvier dernier. L’enquête avait été demandée suite à une session spéciale du Conseil des droits de l’homme.
La mission internationale indépendante d’établissement des faits a été dirigée par Richard Goldstone, ex-procureur du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda. L’équipe a enquêté, fait passer des auditions à Gaza, et rendra publiquement ses conclusions le 29 septembre.
Ce sont surtout les dossiers concernant Israël et les Territoires palestiniens occupés qui polarisent le Conseil des droits de l’homme, la position qu’adopteront les Etats-Unis est très attendue.