Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé actif dans le sud pétrolifère du Nigeria, a annoncé dans la nuit la prolongation de 30 jours de son cessez-le-feu, qui devait expirer hier à 23H00. Le groupe souligne cependant qu'il « ne reconnaît pas » l'offre d'amnistie offerte par le président Umaru Yar'Adua aux militants du delta du Niger qui déposeront les armes.

Des rebelles du Mend (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger), le principal groupe armé agissant dans la région.
(Photo : Utomi Ekpei/AFP)
Changement de stratégie ou retour à sa vocation première. Ce qui est sûr, c'est que le mouvement se vide de plus en plus de ses combattants, attirés par les 10 millions promis même si aucun d'entre eux n'a encore perçu un seul naira ! Mieux, les autorités nigérianes n'ont pas baissé la garde. Bien au contraire, elles ont renforcé leurs moyens militaires dans toute la région du Delta et auraient même pénétré par leurs services de renseignement certains milieux opérationnels du Mend. L'objectif étant bien sûr de décapiter, puis de neutraliser le mouvement.

Henry Okah, un des leaders de la rébellion du Mend, en février 2008.
(Photo : AFP)
Tout en maintenant donc son offre d'amnistie, le président Umaru Yar'Adua ne cède désormais plus rien. Le numéro un nigérian considère qu'en libérant Henry Okah, le chef présumé du Mend, il a déjà rempli la revendication essentielle du mouvement.
Pris dans le piège présidentiel et le dos au mur, car une branche non négligeable du mouvement rejette catégoriquement le programme d'amnistie, le Mend chercherait-il aujourd'hui à gagner du temps ou tente-t-il simplement de changer de stratégie ?
En tout cas, son appel au gouvernement à « faire ce qui est juste plutôt que de faire semblant de parler de paix » révèle plutôt sa fragilité. Le président Umaru Yar'Adua peut par contre se frotter les mains. Il aura au moins réussi à diviser le mouvement.