Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Pays-Bas

L’accès au cannabis réservé aux Hollandais pas aux étrangers

Article publié le 16/09/2009 Dernière mise à jour le 16/09/2009 à 16:57 TU

Une petite révolution se prépare aux Pays-Bas : les coffee shops, ces fameux bars à joints tolérés depuis 1978, pourraient fermer leurs portes aux clients étrangers. S’il est généralisé, un système de cartes de membres réservé aux résidents néerlandais mettrait un terme au « tourisme de la drogue ».
Cannabis en vente libre dans une vitrine du centre d'Amsterdam.(Photo : Audrey Garcia / RFI)

Cannabis en vente libre dans une vitrine du centre d'Amsterdam.
(Photo : Audrey Garcia / RFI)

Avec notre correspondante à Amsterdam, Sabine Cessou

Voilà des années que les Pays-Bas débattent de leur politique en matière de drogues douces. Les uns, à gauche, voudraient légaliser la culture du cannabis, un marché de deux milliards d’euros par an, pour limiter les activités criminelles qui y sont liées. Les autres, à droite, voudraient purement et simplement fermer les sept cents coffee shops du pays et rendre les consommateurs de drogues douces hors-la-loi, comme ailleurs en Europe.

Système de cartes

Une voie médiane a été esquissée par l’actuelle coalition de centre-gauche au pouvoir. Son idée consiste à restreindre l’accès des coffee shops aux étrangers, l’essentiel de la clientèle à Amsterdam et dans les villes frontalières comme Venlo ou Maastricht. Un système de cartes de membres va être testé dans les trente coffee shops de Maastricht, pour en réserver l’accès aux résidents inscrits, disposant d’une carte de crédit néerlandaise. Ces adhérents ne pourraient acheter que trois grammes de cannabis ou de haschich par jour, au lieu de cinq grammes aujourd’hui – une limite qui n’est pas vraiment contrôlée dans les faits. A la fin de l'année 2010, une discussion nationale aura lieu, en vue de la généralisation de ce système.

Le maire de Maastricht, Geert Leers, avait d’abord eu l’idée de déplacer les coffee shops et leurs hordes de touristes en dehors du centre-ville, en créant un « boulevard de la drogue » sur un axe routier. L’idée a été vivement critiquée par les autorités belges. Job Cohen, le maire d’Amsterdam, cherche quant à lui à redorer le blason de sa ville. Des dizaines de vitrines à prostituées ont déjà fermé dans le Quartier rouge, faisant couler tellement d’encre que des touristes sont persuadés, à tort, que ce quartier a été rayé de la carte.

La moitié des coffee shops situés dans le Quartier rouge, une quarantaine d’établissements, vont eux aussi devoir mettre la clé sous la porte. Après le suicide d’une jeune Française en 2007 à Amsterdam et une série d’incidents impliquant des étrangers, les champignons hallucinogènes ont été interdits à l’échelle nationale, au 1er décembre 2008.

Les alarmes tirées par la police ont beaucoup contribué à l’actuelle remise en question de la tolérance en matière de drogues douces. Les forces de l’ordre se plaignent entre autres de la légèreté des peines prononcées à l’encontre des gros trafiquants. Dernier exemple en date : Gino Coutinho, un footballeur professionnel du club Ado de La Haye, a passé quelques heures en garde à vue au mois d’août, après la découverte de 4 500 plants de cannabis sur sa propriété.

Un marché florissant

Le trafic de drogues douces aurait pris des proportions industrielles aux Pays-Bas, avec un chiffre d’affaires estimé à deux milliards d’euros par an, rien qu’à l’exportation. Diverses études, par ailleurs, contredisent l’idée que la tolérance a payé, avec un niveau de consommation de drogues douces plus faible aux Pays-Bas.

Il n’en est rien, selon une enquête publiée en avril par l’institut Trimbos et l’université d’Utrecht sur les drogues dans les écoles européennes (Espad). Pas moins de 28 % des jeunes Néerlandais de quinze et seize ans interrogés déclarent avoir fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie, contre une moyenne européenne de 19 %. La part des jeunes ayant touché à d’autres drogues ne dépasse pas 7 %, comme ailleurs en Europe.