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France

Trophées des arts afro-caribéens

par Bertrand Lavaine

Article publié le 22/09/2009 Dernière mise à jour le 22/09/2009 à 10:19 TU

L'écrivain Tania Montaigne en décembre 2008.(Photo : Arnaud Février © Flammarion)

L'écrivain Tania Montaigne en décembre 2008.
(Photo : Arnaud Février © Flammarion)

La quatrième édition des Trophées des arts afro-caribéens s’est déroulée le 21 septembre au Théâtre du Châtelet à Paris. Apparue en 2006 sous le nom de Césaire de la musique, cette manifestation culturelle qui s’intéresse désormais aussi aux lettres et au septième art répond à la volonté de mettre en valeur les artistes liés par leur histoire à l’Afrique.

Une assistance riche en personnalités médiatiques, une bénédiction institutionnelle assumée et revendiquée, une diffusion outremer et en métropole assurée par les chaînes du groupe France Télévision… En quelques années à peine, les Trophées des arts afro-caribéens ont visiblement su convaincre au point de devenir un véritable rendez-vous. « C’est un événement d’utilité publique qui manquait dans l’espace français et francophone », estime Frank Anretar, fondateur de la manifestation et président de l’équipe qui l’organise. Quand il monte en 2001 le site Internet zouker.com afin de promouvoir entre autres les soirées antillaises, l’idée lui vient à l’esprit de mettre en place parallèlement une cérémonie destinée à « récompenser le savoir-faire de la diaspora africaine et de ceux qui sont originaires d’Afrique ». Démarche communautarisme ? « Au contraire, on fait le travail de la République », rétorque-t-il. « On mène un combat pour qu’il y ait plus d’égalité. Toutes les communautés ont droit à la visibilité. »

Avec la fougue de ceux qui ne doutent de rien, Frank Anretar prend contact avec le poète Aimé Césaire pour lui annoncer qu’il souhaite que cet événement culturo-sociétal porte son nom et lui demander du même coup son soutien. Le chantre de la Négritude répond favorablement. La première édition des Césaire de la musique se tient donc en 2006. La manifestation s’ouvre rapidement à l’Afrique et à l’océan Indien pour prendre toute sa dimension - et consolider ses bases en élargissant le cercle de son public.

Trois ans plus tard, la formule s’est affinée, rodée. Certaines catégories ont disparu, d’autres ont fait leur apparition : les organisateurs ont tenu à montrer leur attachement à la littérature et au cinéma, qu’il s’agisse de fiction ou de documentaire. La disparition d’Aimé Césaire entre temps a également amené à un changement de nom. Plus générique, l’appellation Trophées des arts afro-caribéens reflète aussi mieux ce nouveau contenu plus diversifié.

Si réalisateurs et auteurs sont départagés par un jury, tout ce qui relève de la musique est en revanche décidé par le public qui se prononce par SMS. Plus de 20 000 votes ont été pris en compte pour cette quatrième édition. La méthode permet de vivre de savoureuses surprises : en 2008, qui aurait pu penser qu’un petit poucet tel que Toguna, jeune groupe de reggae réunionnais, l’emporte face au monument Kassav’ ? Les retombées de ces trophées sont difficilement quantifiables, mais l’essentiel n’est peut-être pas là, y compris pour les lauréats : à travers les Trophées des arts afro-caribéens s’exprime en réalité une forme de reconnaissance pour tout un pan de la culture francophone souvent oubliée.

Le palmarès 2009

Magic System, meilleur groupe avec l’album <em>Ki dit mié</em>.(Photo : DR)

Magic System, meilleur groupe avec l’album Ki dit mié.
(Photo : DR)

Pour cette nouvelle édition des Trophées des arts afro-caribéens, plus de quarante chanteurs, auteurs et cinéastes étaient nommés dans les neuf catégories définies.

Représentée au moins une fois dans chacune des catégories musicales, par Amadou & Mariam, Rokia Traoré, Victor Démé, Disiz la Peste ou encore Sandra Nkaké, l’Afrique obtient deux récompenses : d’abord grâce à Magic System, meilleur groupe avec l’album Ki dit mié, puis grâce à l’inattendu sexagénaire éthiopien Mulatu Astatke.

Des quatre Réunionnais en lice, un seul est reparti avec une statuette sous le bras : Davy Sicard, artiste de l’année, avait d’ailleurs marqué les esprits l’année passée sur scène avec sa chanson Au nom de mes pères que le public avait longuement applaudi, debout, touché au cœur.

Le chanteur guadeloupéen Erik.(Photo : Bertrand Lavaine)

Le chanteur guadeloupéen Erik.
(Photo : Bertrand Lavaine)

Dans la catégorie des révélations, les votes par SMS se sont portés en plus grand nombre vers le Guadeloupéen Erik qui aura ainsi l’occasion de faire davantage connaître son répertoire aux accents soul.

En littérature, le jury présidé par l’historien François Durpaire a distingué d’un côté Tania de Montaigne pour son roman Les Caractères sexuels secondaires, et de l’autre l’essai intitulé La France a-t-elle aboli l’esclavage ? écrit par Nelly Schmidt, directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique).

Pour le cinéma, c’est le réalisateur Guy Deslauriers qui est récompensé pour son film Aliker, avec un scénario de l’écrivain Patrick Chamoiseau. Enfin, pour clore la soirée, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est venu décerner deux prix spéciaux : l’un à l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, l’autre à la chanteuse et comédienne martiniquaise Jenny Alpha, doyenne de la cérémonie âgée de 99 ans.