par Nicolas Vescovacci
Article publié le 30/09/2009 Dernière mise à jour le 30/09/2009 à 19:19 TU
Comme beaucoup de dirigeants chinois, Hu Jintao doit son ascension à Deng Xiaoping. « Le Petit Timonier » apprécie Hu depuis que ce fils de commerçant, ancien instructeur politique à l’université de Qinghua a participé en 1989 à la répression du «Printemps de Pékin ». Hu Jintao était alors administrateur de la région autonome du Tibet.
Sa conquête du pouvoir a beau débuter loin de la capitale chinoise, Hu Jintao est un pur produit du parti. Désigné par Deng Xiaoping comme le « noyau de la quatrième génération de dirigeants chinois », Hu n’a que sept ans en 1949. Il apparaît un peu moins raide que la moyenne. Son élégance soignée marque les esprits.
Le 15 mars 2003 Hu Jintao est élu président de la République. La troisième session plénière du Comité central issu du XVIe congrès du PCC formule la « conception scientifique du développement chinois ». Un an plus tard, Hu Jintao invente le concept de « société harmonieuse », considérée comme l’une des cinq aptitudes du PCC à élever sa capacité à exercer le pouvoir.
La société harmonieuse vise à placer l’homme au centre des préoccupations, afin de préserver les intérêts fondamentaux de la majorité du peuple. Elle cherche surtout à souder le peuple chinois face au danger d’implosion. En Chine, le développement économique ne profite qu’à une minorité de 300 millions de personnes. Et leur rayonnement n’a d’égal que la colère des exclus de la croissance qui gronde au-delà des campagnes chinoises. Les différents mouvements séparatistes combinés aux revendications sociales font peur au pouvoir central qui redoute un phénomène de contagion.
Pour acheter la paix sociale, les hiérarques du PCC ont toujours misé sur l’ouverture économique. Mais ce pacte tacite entre le peuple et le pouvoir risque de se fissurer sous les coups de boutoir conjugués de la crise et des aspirations légitimes à plus de liberté.
En Chine, l’annonce effrénée des réformes ressemble à la chronique d’un développement maîtrisé. Or, la transposition de la loi dans les faits est bien plus difficile que la rédaction d’un décret présidentiel. Quand Hu Jintao se bat contre une partie de son propre appareil, il le fait, moins pour le réformer harmonieusement de l’intérieur que pour lui assurer longue vie et pérennité. C’est l’essence même du succès politique des dignitaires maoïstes. Au moment de sa réélection en 2008 à la tête de l’Etat, le magazine américain Time classait le président chinois au sixième rang des cent personnes les plus influentes de la planète. Alors que Hu Jintao a gagné sa place parmi les grands, il prépare déjà sa succession.