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France / Economie

Budget 2010 : un déficit record pour soutenir la croissance

par Murielle Paradon

Article publié le 30/09/2009 Dernière mise à jour le 30/09/2009 à 16:50 TU

Le gouvernement a présenté ce mercredi un « budget de sortie de crise » pour 2010, marqué par des mesures de relance qui vont encore creuser le déficit. Celui-ci devrait atteindre 141 milliards d’euros en 2009 et 116 milliards en 2010.

Eric Woerth, ministre du Budget (g) et Christine Lagarde, ministre des Finances.(Photos : AFP)

Eric Woerth, ministre du Budget (g) et Christine Lagarde, ministre des Finances.
(Photos : AFP)

 
Du jamais-vu. Le déficit budgétaire en 2010 s’annonce colossal : 116 milliards d'euros, certes moins important que les 141 milliards prévus cette année. Mais cela représente 8,5% du PIB, bien au-delà des 3% préconisées par le Pacte de stabilité en Europe. Autrement dit, le déficit représentera un tiers du budget total de la France en 2010. Ce qui va évidemment creuser la dette, qui s’élevait déjà à 1 428 milliards d’euros fin juin.

La France est certes habituée aux déficits chroniques, mais avec la crise, ils explosent. Les entreprises voient en effet leur activité chuter et paient donc moins d'impôts. Et le chômage augmentant, les rentrées fiscales baissent également. C’est donc un manque à gagner important pour l'Etat. Par ailleurs, le gouvernement a engagé  beaucoup de mesures de relance et a l'intention de continuer, ce qui grève d’autant plus le budget.                                              

Dans son projet de budget 2010, le gouvernement présente des mesures essentiellement axées sur les entreprises. Il va par exemple continuer à exonérer de charges sociales les très petites entreprises qui embauchent ou encore poursuivre le remboursement du crédit impôt-recherche. Mais la grande nouveauté, c'est la réforme de la taxe professionnelle, qui va tout de même représenter un manque à gagner de près de 12 milliards d'euros pour l'Etat en 2010. Avec ces mesures de soutien aux entreprises, le gouvernement espère relancer l'activité économique et l'emploi.

« Un budget déséquilibré, injuste et inefficace »

(Photo : AFP)

Côté recettes, ce sont surtout les ménages qui seront mis à contribution. Avec par exemple, un nouvel impôt, la taxe carbone. Et puis le gouvernement compte faire des économies sur les postes de fonctionnaires puisqu'il maintient son objectif de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui partira à la retraite, soit 33 000 emplois en moins. Mais ces recettes ne compenseront pas les dépenses, d'où le déficit record prévu en 2010.

Les débats au Parlement sur ce projet de budget s’annoncent tendus. Le président de la commission des finances, le socialiste Didier Migaud parle déjà d'un projet de budget « déséquilibré, injuste et inefficace ». Déséquilibré parce qu'en faveur des entreprises et au détriment des ménages. Injuste car les plus aisés, les bénéficaires du bouclier fiscal, ne seront pas davantage taxés, comme le réclame la gauche.

Alexander Law

Economiste chez Xerfi

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Enfin inefficace, toujours selon Didier Migaud, parce que « sans conséquences positives sur le chômage ». Ajoutez à cela une dernière critique et pas des moindres : le projet de budget ne prend pas en compte le futur grand emprunt de l'Etat qui pourrait coûter 100 milliards d'euros supplémentaires et creuser davantage le déficit. « Alors que la dépense publique sera présumée coupable durant tout l’examen du projet de loi de finances, elle sera finalement réhabilitée au moment de voter le grand emprunt !», ironise Didier Migaud. Le Premier ministre François Fillon, lui, a promis de faire baisser le déficit de l’Etat ultérieurement, en faisant voter une loi pluriannuelle dès 2010.