par RFI
Article publié le 02/10/2009 Dernière mise à jour le 02/10/2009 à 15:50 TU
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées ce vendredi en fin de matinée à Conakry sur l'esplanade de la grande mosquée, autour de dizaines de corps de victimes de la répression sanglante du 28 septembre. Tandis que les dépouilles devaient être rendues à leur famille, de brèves échauffourées ont opposé de jeunes Guinéens aux forces de l'ordre. Le bain de sang a fait officiellement 57 morts, 150 selon l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme. Quatre jours après, la population est toujours aussi traumatisée.
Il y a un très gros déploiement policier à la mosquée Fayçal. Il faut dire qu’il y a également beaucoup de colère dans la foule. Des pleurs pour ceux qui ont pu identifier un corps, surtout des accusations contre la junte.
C’est cette cohabitation tendue qui a dérapé à l’heure de la prière. Selon un témoin, des jeunes se sont énervés contre cette présence de la police et de la gendarmerie autour des corps. Ils ont cherché à faire partir les éléments déployés en leur jetant des pierres. Les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. Le calme est revenu un peu plus tard à la mosquée, mais des groupes de jeunes survoltés restaient rassemblés à différents endroits sur la route.« Il n’y a pas tous les corps ! », crie un jeune. « On est venu chercher notre parent, on ne l’a pas vu », lance un autre. Les familles des victimes se demandent donc où sont ces corps manquants.
Dadis Camara confirme les élections le 31 janvier prochain
Ce vendredi, c’était aussi l’anniversaire de l’Indépendance. Les autorités ont organisé des cérémonies pour marquer ce 51e anniversaire, une très brève cérémonie ce matin place des Martyrs à laquelle assistaient plus d’hommes en uniforme que de civils. Quand le capitaine Moussa Dadis Camara, le chef de la junte, est arrivé, une nuée de bérets rouges a sauté de technicals (pick-up) équipés d’armes lourdes et de 4x4. Puis ils l’ont accompagné jusqu’au monument où il a déposé un bouquet de fleurs.
Le capitaine Dadis s’est ensuite adressé à la presse : « Je ne dis pas que les forces de sécurité n’ont pas tiré, a-t-il déclaré, mais qui a occasionné cela ? Les enfants sont innocents », a lancé le chef de la junte qui a à nouveau rejeté la faute sur les leaders de l’opposition.Moussa Dadis Camara a également affirmé que les élections auraient bien lieu le 31 janvier prochain et que, s’il était candidat (« ce qui est, dit-il, à prendre au conditionnel »), il mettrait en place une des plus grandes transparences possibles.