par RFI
Article publié le 19/10/2009 Dernière mise à jour le 19/10/2009 à 21:43 TU
Il n'y a pas de lauréat pour le prix Mo Ibrahim 2009 de la bonne gouvernance en Afrique. Le comité chargé de le décerner a jeté l'éponge, lundi, malgré de longues délibérations. Fondée en 2006 par le magnat britannique des télécommunications d'origine soudanaise, cette récompense est destinée aux anciens chefs d'Etat africains qui ont été élus démocratiquement. Elle a déjà été attribuée, en 2007, à Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, et en 2008, à l’ex-chef d’Etat botswanais Festus Mogae.
Les membres de la fondation Mo Ibrahim lors d'une conférence de presse à Londres, le 19 octobre 2009.
(Photo : AFP)
Y a-t-il un ancien chef d'Etat africain qui mérite un prix pour bonne gouvernance ? C'est à croire que non. En effet, le comité chargé de décerner le prix Mo Ibrahim n'a pas trouvé de lauréat cette année. Malgré de longues délibérations, aucun candidat n'est parvenu à faire l'unanimité.
Il est à noter que la non-remise du prix a toujours été une option envisagée par la fondation Mo Ibrahim. Elle est même inscrite dans ses statuts étant donné le prix extrêmement bien doté. Le lauréat reçoit cinq millions de dollars à la remise du prix, puis 200 000 dollars annuels, à vie, pour lui permettre de soutenir les initiatives qui lui tiennent à cœur, promouvoir la bonne gouvernance et continuer à servir d'exemple.
Une décision dictée par la prudence
Ne pas choisir, c'est faire preuve de prudence, justifie-t-on au sein de cette toute jeune fondation, qui existe depuis trois ans à peine, même si la décision du comité de sélection a créé la surprise. Une dizaine d'anciens chefs d'Etat auraient pu y prétendre, à condition d'avoir quitté le pouvoir depuis moins de trois ans. Et parmi eux, le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Ghanéen John Kufuor ou le Nigérian Olusegun Obasanjo. Tous ces noms ont bien sûr circulé, mais n'ont donc pas séduit le jury. Les membres du comité de sélection ont refusé de justifier leur décision.
Mary Robinson, l'ancienne présidente d'Irlande, s'est contentée de dire que le prix aurait été tout aussi difficile à attribuer cette année à n'importe quel chef d'Etat ayant récemment quitté le pouvoir, et ce de quelque pays que ce soit. Une manière de ne pas stigmatiser l'Afrique.
Les associations spécialisées ne sont pas étonnées outre mesure. Selon Roger Gbengnoovi, deuxième vice-président de la section béninoise de Transparency International, « c'est triste qu'il n'y ait pas de lauréat cette année, mais c'est juste ».
« Plus on avance vers les cinquante ans d'indépendance, plus on voit que la bonne gouvernance régresse en Afrique. ».
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