par Stéphane Lagarde
Article publié le 05/11/2009 Dernière mise à jour le 05/11/2009 à 00:29 TU
L'ancien candidat à la présidentielle afghane, Abdullah Abdullah, lors d'une conférence de presse à Kaboul, le 4 novembre 2009.
(Photo : REUTERS/Oleg Popov)
C’est donc le choix de l’opposition frontale qu’a choisi le docteur Abdullah. Costume noir, cravate bleue, la larme à l’œil de la précédente conférence de presse, alors qu'il annonçait son retrait du second tour, a disparu. L’ancien chef de la diplomatie afghane n’est plus diplomate pour un sou : « Je n’ai aucun intérêt à entrer dans le futur gouvernement d’Hamid Karzaï », dit-il. Les pressions occidentales n’y ont rien fait. La Maison Blanche a lié, mardi 3 novembre, sa décision d’envoyer des renforts dans le pays aux efforts du président Hamid Karzaï pour combattre la corruption. Washington avait également demandé aux adversaires d’hier de travailler ensemble à la construction de l’avenir politique du pays. Un appel au dialogue renouvelé mercredi à Paris. « L’avenir sera largement déterminé par la capacité des Afghans à travailler ensemble, et notamment par celle du président Karzaï et de son principal adversaire électoral, M. Abdullah Abdullah à établir un dialogue constructif pour le pays », a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Absence de compromis
Inutile d’insister. Après avoir émergé pendant la campagne, après s’être construit une stature internationale, le rival d’Hamid Karzaï peut difficilement faire machine arrière. L’ex-bras droit du « héros national », Ahmed Chah Massoud, sait très bien qu’il aurait beaucoup à perdre à participer à un gouvernement dirigé par un président dont la légitimité est largement remise en cause après les fraudes massives au premier tour. Alors Abdullah Abdullah enfonce le clou : la réélection du chef de l’Etat « n’a pas de base légale, a-t-il encore affirmé. Un gouvernement qui arrive au pouvoir sans le soutien de la population ne peut combattre les phénomènes comme les menaces terroristes, le chômage, la pauvreté et des centaines d’autres problèmes ». Des déclarations qui tranchent avec les appels au calme lancés ces derniers jours à l’intention de ses partisans notamment dans le Nord, autour de son fief de Mazar-e-Sharif.
Abdullah Abdullah réaffirme ainsi un peu plus son statut de principal opposant politique légitimé mais il mécontente du même coup un peu plus les pays donateurs, à commencer par les Etats-Unis. Après avoir pris ses distances avec Hamid Karzaï, l’administration de Barak Obama se trouve désormais contrainte à renforcer la crédibilité du président afghan. Ce dernier a alors beau jeu de répéter, devant les caméras, qu'il est prêt à tendre la main à toutes factions du pays. Le nouveau gouvernement sera formé dans un délai de trois semaines, a déclaré le porte-parole de la présidence. Il comprendra des technocrates ainsi que des ministres déjà en poste. Mais ce sera sans Abdullah Abdullah.