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Kosovo

Corinne Perthuis : «<i>600 000 réfugiés pourront rentrer d'ici l'hiver</i>»

Après la signature de l'accord de Kumanovo entre Belgrade et les pays de l'OTAN, la KFOR (force internationale de sécurité et de paix au Kosovo) a pu rentrer au Kosovo et précéder ainsi les organisations humanitaires, afin de reconstruire un minimum d'infrastructures pour que les Albanais du Kosovo puissent revenir chez eux. Entretien avec Corinne Perthuis, porte-parole du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) à Paris.
RFI : Comment allez-vous gérer le retour des réfugiés au Kosovo¯?

Corinne Perthuis : Pour le HCR qui s'occupe des réfugiés dans le monde, le million de réfugiés kosovars est un peu particulier. D'abord, ce ne sont pas seulement des personnes qui ont choisi de partir mais des personnes qui ont été déportées. Pour nous HCR, c'est rare de voir en deux mois le départ forcé, la vie dans les camps et le retour. Deux mois, ce n'est pas suffisant pour que l'être humain qui a vécu autant de choses violentes, puisse se faire à l'idée du deuil de son pays, de deuil probable d'une partie de sa famille et aussi à l'idée qu'il va falloir avoir le courage de rentrer. Car rentrer, ce n'est pas seulement franchir la frontière, c'est reconstruire toute une vie qui a été anéantie. Deux mois, c'est beaucoup trop court et je pense que cela va ralentir le retour. Ces personnes ont été traumatisées, prostrées par de longues semaines dans les camps. Il faut leur laisser le temps de récupérer et d'être prêts à affronter la triste réalité quand ils rentreront chez eux.

RFI : Avez-vous des contacts avec les quelques six mille réfugiés qui ont été accueillis en France ? Et quel est leur état d'esprit¯?

CP : Les Kosovars accueillis en France savent exactement ce qui se passe chez eux, ils sont très bien informés. Ils savent également qu'ils ne sont pas oubliés, que l'attention du monde est centrée sur eux. Il y a cependant un scepticisme ambiant, car ils savent que depuis dix ans Milosevic s'est ingénié à leur rendre la vie impossible et le retour ne leur semble pas si proche que cela. Pour les personnes âgées, le désir de rentrer est plus grand, ils souhaitent revenir chez eux pour vivre les dernières années de leur vie au Kosovo. Pour les jeunes, c'est un peu différent même si la majeure partie des Albanais du Kosovo veulent revenir. Il y aura sans doute de jeunes couples qui voudront rester en France, car rebâtir leur vie ici est une opportunité positive après tous les drames qu'ils ont subis.

RFI : Le gouvernement français va-t-il accepter que certains restent sur notre territoireA?

CP :
La position du gouvernement français est positive face à cet afflux de réfugiés kosovars. Tout ce que le HCR avait demandé à été obtenu : une carte de séjour d'un an, une autorisation de travail et la possibilité de demander le statut de réfugié (convention de Genève). Cet afflux est tolérable pour la société française qui s'est montrée si généreuse. Ceux qui voudront rester le feront, mais majoritairement ces réfugiés rentreront au Kosovo car, c'est là qu'ils ont leur vie.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 15/06/1999