par Sophie Torlotin
Article publié le 10/09/2007 Dernière mise à jour le 10/09/2007 à 16:05 TU
De notre envoyée spéciale à Venise,
Le cinéaste américain Ang Lee a reçu le Lion d'or du meilleur film avec Lust, Caution.
(Photo : Reuters)
C’est une surprise: Lust, Caution, le film d’espionnage érotique du réalisateur américain d’origine taïwanaise Ang Lee remporte le Lion d’or 2007, alors même que le réalisateur américain d’origine taïwanaise avait décroché cette distinction suprême il y a seulement deux ans pour Retour à Brokeback Moutain.
Lust, Caution est un film hybride, entre récit d’espionnage dans le Shangaï des années 1940 et la romance érotique entre une jeune révolutionnaire chargée de séduire le chef des services secrets chinois à la solde de l’envahisseur japonais. A ce jeu érotique et dangereux, chacun va se perdre à tenter de manipuler l’autre pour prendre l’ascendant. Ce film, qui comporte des scènes de sexe torrides, risque de devoir être amputé pour sortir en Chine, et devrait sortir aux Etats-Unis assorti d’une limitation d’âge.
Le cinéaste américain Brian De Palma reçoit le Lion d'argent du meilleur réalisateur pour son film Redacted.
(Photo : Reuters)
A l’annonce de ce prix décerné par un jury de sept réalisateurs présidé par le Chinois Zhang Yimou, une bonne partie des journalistes qui suivaient la cérémonie dans la salle des conférences de presse ont manifesté bruyamment leur désapprobation. Certes, Lust, Caution se révèle de bonne tenue artistique, mais d’autres longs métrages en compétition auraient amplement mérité le Lion d’or. Ainsi Redacted, de l’Américain Brian de Palma, qui remporte tout de même le Lion d’argent de la meilleure réalisation pour ce film, manifeste contre la guerre en Irak.
Et puis deux autres favoris des festivaliers : I’m not there de l’Américain Todd Haynes et La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche, se partagent un prix spécial du jury. Le Franco-Tunisien, qui semblait plutôt amer alors qu’on le donnait grand vainqueur, peut toutefois se consoler en se disant que Hafsi Herzi, véritable révélation du film, décroche le prix du meilleur espoir.
Idem pour la Coupe Volpi de la meilleure actrice qui revient à l’Australienne Cate Blanchett, incroyable Bob Dylan provocateur et drogué dans le film de Todd Haynes. Une distinction attendue et justifiée.
Il n’en va pas de même pour la Coupe Volpi du meilleur acteur attribuée à la star hollywoodienne Brad Pitt, honorable mais limité Jesse James dans le film d’Andrew Dominik. Mais sans doute le souci de soigner les grands studios américains n’est pas totalement innocent à ce choix. C’est en tous cas l’avis de nombreux festivaliers, qui imaginaient un prix d’interprétation conjoint pour les deux britanniques de Sleuth : Jude Law et Sir Michael Caine, ou un prix pour l’ensemble des douze acteurs de 12 du Russe Nikita Mikhalkov. Lequel réalisateur, lauréat du lion d’or en 1991 pour Urga, repart tout de même avec un Lion d’or spécial récompensant son œuvre.
Bilan globalement positif
Même si deux choix au moins de ce festival semblent discutés par les critiques (le Lion d’or de nouveau à un réalisateur asiatique, pour la troisième fois en quatre ans, et le prix d’interprétation masculine), le bilan de cette 64e Mostra est positif. Le doyen des festivals de cinéma, qui fêtait cette année ses 75 ans, a fait venir nombre de stars américaines : George Clooney, Brad Pitt (accompagné d’Angelina Jolie pour la plus grande joie des paparazzis), Richard Gere, Heath Ledger, etc.… De quoi apporte la touche de glamour qui assure le festival de se retrouver en bonne place dans les couvertures presse.
Ensuite, la sélection artistique était plutôt de bon niveau, avec les dernières œuvres de Peter Greeneway, Nikita Mikhalkov, Ken Loach ou Eric Rohmer. Au bout de quatre ans à la tête des sélections, et alors que son mandat prend fin, le directeur artistique Marco Muller a montré qu’il pouvait faire revenir des pointures sur le Lido. Il est donc plutôt bien placé pour espérer être reconduit dans ses fonctions.