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Arts

Bénin royal

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 08/10/2007 Dernière mise à jour le 08/10/2007 à 13:10 TU

Masque pendentif à tête de léopard
Royaume de Bénin, Nigeria, XVIIe-XVIIIe siècle(Photo : Alexander Rosoli © Museum für Völkerkunde Wien)

Masque pendentif à tête de léopard Royaume de Bénin, Nigeria, XVIIe-XVIIIe siècle
(Photo : Alexander Rosoli © Museum für Völkerkunde Wien)

Ce masque représentant la tête d’un léopard, animal emblématique des rois de Bénin, fait partie des quelque 280 objets présentés actuellement par le musée du quai Branly, à Paris, dans le cadre de l’exposition Bénin, 5 siècles d’art royal. Une somptueuse exposition qui, du XVe au XIXe siècle, retrace la vie de ce royaume qui était alors situé au sud de l’actuel Nigéria, à travers un ensemble de pièces toutes plus remarquables les unes que les autres. De par leur beauté certes mais aussi de par leur originalité puisque les artistes de la cour ont essentiellement travaillé sur des supports précieux comme le bronze et l’ivoire, et beaucoup plus rarement sur le bois, matériau qui vient généralement à l'esprit quand on évoque l’art africain. Cette exception, nous dit l’exposition, s’explique par les échanges économiques que le royaume de Bénin a su nouer et entretenir avec les Portugais. En échange du poivre de Guinée, de l’ivoire, des étoffes de coton, de l’huile de palme ou encore du caoutchouc, les Portugais livrent des manilles de cuivre, du laiton, des cauris des Maldives, des lingots de fer et de plomb, des coraux de la Méditerranée et même des armes à feu. Une entente tout à fait cordiale (on verra même les Portugais se battre aux côtés des combattants de Bénin pour repousser les assauts des royaumes voisins) dont témoignent certaines des œuvres exposées qu’il s’agisse de reproductions de personnages incarnant des soldats portugais ou de salière à l’effigie des Européens. La présence portugaise devient d'ailleurs l’un des thèmes principaux de l’art de Bénin aux XVIe et XVIIe siècles.

Plaque en relief : Portugais avec 5 manilles. Royaume de Bénin, Nigeria, XVIe-XVIIe siècle(Photo : Alexander Rosoli © Museum für Völkerkunde Wien)

Plaque en relief : Portugais avec 5 manilles. Royaume de Bénin, Nigeria, XVIe-XVIIe siècle
(Photo : Alexander Rosoli © Museum für Völkerkunde Wien)

Objets pratiques, bijoux, vêtements, miroir, têtes… De la vie à la cour aux rites religieux en passant par la place de la mère du roi (dit Oba), le spectateur pénètre ainsi dans l’un des endroits les plus fermés du royaume, le palais avec sa hiérarchie, ses coutumes, ses croyances. Ce survol permet aussi de mesurer au fil du temps l’évolution du travail des artisans probablement, là encore, influencés par les échanges avec le vieux continent. Les têtes des XVIIe et XVIIIe siècles apparaissent, par exemple, nettement plus naturalistes que les tous premiers visages pas très réalistes, et partant, plus proches des stéréotypes liés à la représentation dans l’art africain.

Coiffe, bonnet phrygien rouge orné d'élements en cuivre (Photo : Patrick Gries © musée du quai Branly)

Coiffe, bonnet phrygien rouge orné d'élements en cuivre
(Photo : Patrick Gries © musée du quai Branly)

Exceptionnelle, cette exposition l’est encore parce qu’elle présente un ensemble de pièces rarement montrées en France. Hormis 4 objets qui appartiennent au musée du quai Branly dont un magnifique chapeau orné de cauris, tous les autres proviennent en effet de musées étrangers et principalement autrichiens, allemands et anglais. 280 œuvres présentées sur les 4 000 qui composent le corpus complet des pièces évoquant cette culture… Une belle occasion d’approcher cet art aussi singulier que riche que fut celui du royaume de Bénin. Et parce que l’échange est l’un des mots-clés de cette exposition, le musée du quai Branly propose au public de le prolonger avec une installation qui interroge la notion de diaspora, aujourd’hui. Confiée à la cinéaste Claire Denis, cette exposition dans l’exposition entend montrer les aspects positifs, stimulants, enrichissants de ce dialogue des cultures que ce soit à travers la danse, la mode ou encore le sport. L’une et l’autre de ces expositions sont à voir jusqu’au 6 janvier.

Tête commémorative d'une Reine Mère "uhumnwun elao". Royaume de Bénin, Nigeria, XVe-XVIe siècle (Photo : Jürgen Liepe © Ethnologisches Museum - Staatliche Museen zu Berlin)

Tête commémorative d'une Reine Mère "uhumnwun elao". Royaume de Bénin, Nigeria, XVe-XVIe siècle
(Photo : Jürgen Liepe © Ethnologisches Museum - Staatliche Museen zu Berlin)

Afrique Midi du 2 octobre 2007

Musée du quai Branly à Paris : Bénin, 5 siècles d’art royal avec Yves Le Fur, le commissaire de l'exposition et Diaspora avec sa conceptrice Claire Denis.

05/10/2007 par Laurent Sadoux