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Dessin

Tomi Ungerer en son musée

par Danielle Birck

Article publié le 16/11/2007 Dernière mise à jour le 16/11/2007 à 16:02 TU

Projet publicitaire pour <em>The New York Times</em>, 1965.Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

Projet publicitaire pour The New York Times, 1965.
Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

Il est rare qu’un artiste inaugure de son vivant un musée qui porte son nom. C’est pourtant ce qui vient d’arriver à Tomi Ungerer : le 26 octobre dernier, le dessinateur né en 1931 inaugurait son musée à Strasbourg, sa ville natale. Installé au cœur de la capitale alsacienne, dans une villa de la fin du XIXe siècle, le musée Tomi Ungerer est riche d’un fonds de 8000 dessins originaux de l’artiste, recueillis au fil des donations effectuées par celui-ci depuis 1975, et qui seront exposés par roulement, mais aussi de quelque 1500 volumes de sa bibliothèque et d’une importante collection de jouets. Un musée qui se veut aussi Centre international de l’Illustration, dans la ville qui a vu naître aussi Gustave Doré et a été un des berceaux de l’image imprimée depuis le XVe siècle.

De l’illustration à l’affiche

Couverture du <em>Géant de Zeralda</em>, vers 1966.Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

Couverture du Géant de Zeralda, vers 1966.
Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

En France, Tomi Ungerer est surtout connu  pour ses livres destinés aux enfants.  C’est d’ailleurs par là que commence la visite. On y retrouve les titres qui ont fait et continuent à faire les délices des petits comme de leurs parents : Les Trois brigands, Le Géant de Zeralda, Jean de la lune ou Le chapeau volant, pour ne citer que les plus connus. Des ouvrages qui ont donné lieu à des dessins animés que l’on peut voir également, en attendant la sortie en salles du film d’animation Les Trois brigands, en décembre prochain…

C’est essentiellement pendant les années qu’il passe aux Etats-Unis, à  New York, de 1957 à 1971, que Tomi Ungerer publie ses ouvrages pour enfants. Le premier,  The Mellops go flying (les Mellops font de l’avion), lui vaut d’ailleurs le célèbre prix du « Spring Book Festival ». Mais le talent de Tomi Ungerer s’exprime aussi dans le dessin publicitaire, pour les agences de Madison Avenue, et le dessin satirique, où il épingle la société et la politique américaines : ses carnets des années 1960 explorent les conséquences de la modernité sur la lutte des sexes.

« Black power/ White power » 1967.Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

« Black power/ White power » 1967.
Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg/ Diogenes Verlag AG Zurich

Son talent d’affichiste s’affirme pendant ces années new-yorkaises. L’affiche Black Power/White Power est devenue une véritable icône. Un talent qu'ilmettra aussi au service de son engagement européen : La Diva de l’Europe est un curieux mixte d’Alsacienne et de Walkyrie…  Autant de facettes du dessinateur que le visiteur français découvre souvent pour la première fois.Comme les dessins érotiques, présentés au niveau bas du musée.

Truculence et perversité

C’est par un escalier à la blancheur éblouissante qu’on accède à « l’enfer » de l’artiste. Avec pour commencer ses « danses macabres », ce vieux thème iconographique rhénan qu’il réinterprète sur fond de Seconde Guerre mondiale, ou de décadence de la société contemporaine. Le cavalier de l’Apocalypse, n’était-ce la tête de mort sous le chapeau, a tout d’un cow-boy…

« Apocalypse » dessin inédit.Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg

« Apocalypse » dessin inédit.
Tomi Ungerer © Musées de Strasbourg

Quant à l’érotisme, Tomi  Ungerer le décline sous plusieurs registres : la truculence rabelaisienne mêlée d’humour, comme dans ses Contes pour adultes  (1992) où il revisite de manière très politiquement incorrecte les contes traditionnels comme le Petit chaperon rouge ou Blanche-Neige... Mais il y a un registre plus sombre, avec notamment  le Fornicon (1970), où il s’attaque à sexualité « mécanisée », avec un fort relent sado-masochiste.

 Le musée permet de parcourir les 50 ans de création graphique de Tomi Ungerer, qui vit désormais essentiellement en Irlande.