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Peinture

Foujita, plutôt deux fois qu'une !

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 14/01/2008 Dernière mise à jour le 15/01/2008 à 15:34 TU

Détail tiré des Lutteurs II et représentant Kiki de Montparnasse.© Léonard-Tsuguharu Foujita

Détail tiré des Lutteurs II et représentant Kiki de Montparnasse.
© Léonard-Tsuguharu Foujita

Le 29 janvier prochain, cela fera quarante ans que Léonard Tsuguharu  Foujita (1886-1968) a disparu. Le département de l’Essonne, dans la région parisienne, où le peintre franco-japonais avait installé son atelier, à Villiers-le-Bâcle précisément. Pour cette commémoration, deux espaces ont été requis : la Maison atelier où se tient une exposition baptisée Foujita, l’œil du saltimbanque et l’Orangerie du domaine de Chamarande où se tient depuis le 28 octobre et jusqu’au 3 février, une exposition-événement : Foujita, le maître du trait où sont présentées 4 toiles monumentales datant de 1928 et qui n’avaient pas été exposées de la sorte depuis… 1929. C’était au Jeu de Paume à l’occasion d’une manifestation temporaire consacré à l’art japonais contemporain. Cette présentation est d’autant plus remarquable qu’on a cru très longtemps que ces peintures avaient bel et bien disparu. Jusqu’en 1992, année où la veuve de Foujita en a fait don au département de l’Essonne. 

Détail de la Composition au chien, panneau droit du diptyque Grande Composition, 1928, huile sur toile, 300 x 300 cm, Conseil général de l'Essonne.© Léonard-Tsuguharu Foujita

Détail de la Composition au chien, panneau droit du diptyque Grande Composition, 1928, huile sur toile, 300 x 300 cm, Conseil général de l'Essonne.
© Léonard-Tsuguharu Foujita

Ces 4 panneaux de taille impressionnante (3m x 3m) forment deux diptyques, Grande composition et Combats. Deux œuvres qui témoignent du retour, propre à cette période de l’entre-deux-guerres, à la figuration. Elles sont également, de par leur monumentalité, l’expression des préoccupations de l’époque qui reste évidemment encore très marquée par la Grande guerre. Même si l’époque est aussi aux cafés, aux fêtes à Montparnasse au côté de l’illustre Kiki. Effervescence et traumatisme que d’aucuns ont voulu voir dans ces deux diptyques qui illustrent pour l’un, l’enfer, pour l’autre, le paradis. La guerre, la paix; le combat, le repos.

Mais quels que soient et le contexte et les préoccupations de cette fin des années 20, ce qui, comme d’habitude serait-on tenté d’écrire, demeure, ce sont les fonds laiteux qui mettent en valeur les corps, surtout féminins, et l’extraordinaire maîtrise du trait de Foujita. La restauration dont les toiles ont fait l’objet au moment de leur réapparition a d’ailleurs permis de révéler que le peintre ne pratiquait pas la retouche. Beaucoup de dessins préparatoires, d’esquisses et, sur la toile finale, la répétition, sans faute, du geste, du trait pour ainsi dire appris par cœur. Des animations visuelles agrémentent l’exposition pour expliquer précisément au public la démarche technique de cet artiste affilié à l’Ecole de Paris.     

Enfin, pour compléter cette approche, le public peut également se rendre dans l’atelier que l’ami de Modigliani, Soutine, Leger, Picasso et Matisse occupa à Villiers-le-Bâcle, toujours dans l’Essonne. Avec Foujita, l’œil du saltimbanque, il s’agit là d’explorer le thème du cirque, récurrent dans l’œuvre du Franco-japonais. Saltimbanque à ses heures, Foujita n’a jamais cessé, tout au long de ses voyages, de photographier chapiteaux, dresseurs, jongleurs et autres trapézistes. Une attraction personnelle qui s’inscrit du reste dans l’histoire de l’art, lequel depuis le XVIIIe siècle a très souvent emprunté ses motifs à l’univers circassien ou forain. Témoin encore, en ce début du XXe siècle, Picasso et ses fameuses écuyères. 

Lutteurs II, panneau droit du diptyque Combats, 1928, huile sur toile, 300 x 300 cm, Conseil général de l'Essonne.© Léonard-Tsuguharu Foujita

Lutteurs II, panneau droit du diptyque Combats, 1928, huile sur toile, 300 x 300 cm, Conseil général de l'Essonne.
© Léonard-Tsuguharu Foujita