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Manifeste

7e art : La réforme du «club des 13»

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 10/04/2008 Dernière mise à jour le 11/04/2008 à 15:29 TU

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A partir du 15 avril, le « club des 13 » est en librairie avec la publication, aux éditions Stock, de son manifeste intitulé, Le milieu n’est plus un pont mais une faille. Vendu au tarif d’une place de cinéma, soit 10 euros, ce livre est l’aboutissement d’une démarche initiée par Pascale Ferran, en février 2007 lors de la cérémonie des Césars. Ce soir-là, la réalisatrice de Lady Chatterley glane une moisson de prix et profite de la tribune qui lui est offerte pour exprimer ses craintes quant à l’avenir, qu’elle estime menacé, d’un certain type de films dits « du milieu ». Un discours retentissant dans lequel un certain nombre de personnalités se retrouvent. L’acte de naissance du « club des 13 » qui réunit, autour de Pascale Ferran, 12 professionnels. Certes des cinéastes, comme Claude Miller ou Jacques Audiard, mais également des distributeurs, des producteurs et des exploitants.

« Tous ne se connaissaient pas et avaient de bonnes raisons de ne pas arriver à s’entendre tant les relations sont devenues tendues entre les secteurs, y compris au sein du cinéma indépendant », déclarait, fin mars, Pascale Ferran en présentant le rapport élaboré par ce groupe de réflexion interprofessionnel. C’est dire le degré d’inquiétude du collectif qui a donc decidé de dresser un état des lieux, en quelque 300 pages. Les auteurs de ce rapport ne remettent pas en cause le système de financement du cinéma français, que le monde entier nous envie, mais les dérives des télévisions qui conduisent à une bipolarisation de plus en plus accentuée entre productions commerciales richement dotées et films d’auteur au budget de plus en plus exsangue. Pas question de jouer les gros contre les petits. Le « club des 13 » propose au contraire un certain nombre de mesures pour une meilleure régulation des aides publiques, notamment. Car si les chiffres ne production et de fréquentation n’ont jamais été aussi bons en France, les films ne sont pas tous logés à la même enseigne. On se souvient des difficultés rencontrées par Pascale Ferran pour réaliser Lady Chatterley et, plus récemment, par Abdellatif Kechiche pour son film La graine et le mulet ou encore par Jacques Doillon qui a dû batailler pour tourner son nouveau film, sorti début avril, Le premier venu. Et ces noms-là bénéficient pourtant d’une indéniable renommée.

La cinéaste Pascale Ferran (c) entre son collègue Bruno Podalydès (g) et l'exportateur François Ion de la société Films Distribution, le 27 mars 2008 à Paris.(Photo : AFP)

La cinéaste Pascale Ferran (c) entre son collègue Bruno Podalydès (g) et l'exportateur François Ion de la société Films Distribution, le 27 mars 2008 à Paris.
(Photo : AFP)

Plutôt que de jouer les catégories les unes contre les autres, le « club des 13 » s’est placé dans une perspective qui prenne en compte les facteurs politiques, esthétiques et économiques dans leur ensemble pour définir une nouvelle approche qui permettrait de préserver une certaine pratique artistique qui allie qualité, exigence et grand public. Passée l’analyse des dysfonctionnements dans la répartition des moyens financiers, le rapport long de 200 pages propose donc quelques pistes pour « ouvrir le grand chantier des réformes ». Et parmi celles-ci, le collectif propose de redonner une place de choix au trio « producteur-scénariste-réalisateur », de doubler la dotation de l’avance sur recettes, de supprimer le soutien distribution pour les sociétés adossées à des diffuseurs ou encore de créer un soutien automatique à l’export au sein du CNC (Centre national de la cinématographie).

La publication de ce rapport intervient environ une semaine après qu’il eut été remis à Christine Albanel, la ministre de la culture et au moment où un autre rapport, commandé cette fois par la rue de Valois, lui est parvenu, Cinéma et concurrence d’Anne Perrot et Jean-Pierre Leclerc. Mais visiblement, selon les premiers commentaires de Christine Albanel, le manifeste des 13 ne semble guère l’inspirer. « C'est une démarche positive de la profession, a-t-elle déclaré dans les colonnes de l'hebdomadaire Le film français, [...] Toutefois, il passe un peu vite sur ces dernières années où le paysage a commencé à se rééquilibrer [...] avec une reprise de ces ' films du milieu ' ». Décalé, périmé le rapport... Résultat, les rangs des soutiens au groupe de Pascale Ferran ne cessent de grossir. Ils seraient maintenant plus de 150 à supporter l’initiative du « club des 13 » parmi lesquels Nathalie Baye, Nicole Garcia, Bertrand Tavernier ou encore Cédric Klapisch. Et tout un chacun peut désormais se faire sa propre idée...