Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Consécration

Lévi-Strauss dans la Pleiade

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 05/05/2008 Dernière mise à jour le 26/11/2008 à 15:19 TU

Claude Levi-Strauss(Photo: AFP)

Claude Levi-Strauss
(Photo: AFP)

Entrer de son vivant dans la Pleiade, un privilège réservé à une poignée de happy few. Sur la soixantaine d’auteurs publiés à ce jour, on n’en compte que 11, au nombre desquels Paul Claudel, Henry de Montherlant, René Char, Claude Simon, Julien Green, Marguerite Yourcenar et, depuis ce printemps, Claude Levi-Strauss. Une prestigieuse reconnaissance l’année même où l’ethnologue français fête ses cent ans, ce sera le 28 novembre prochain. L’auteur de L’Homme nu a donc pu présider lui-même à la sélection de ses propres textes. 7 livres majeurs ont ainsi été réunis : Le Totémisme aujourd’hui, La Pensée sauvage, La Voie des masques, La Potière jalouse, Histoire de lynx, Regarder, écouter, lire et bien sûr Tristes Tropiques, l’un de ses ouvrages les plus connus, écrits en 1955 à son retour du Brésil où le père du Structuralisme se rendit dans les années 30 et où ce philosophe de formation devint véritablement ethnologue.

En 1935, il a 27 ans et découvre le Brésil. C’est sur les conseils de Paul Nizan que le jeune agrégé de philosophie aurait choisi cette voie, comme porte de sortie à l’enseignement. A l’épreuve du terrain, il tourne en quelque sorte le dos à la civilisation occidentale bâtie par la Grèce et Rome, et décide d’explorer, d’embrasser toutes ces cultures dites primitives. Mission qu’il poursuivra durant plus de trois années dans le Mato-Grosso et en Amazonie. De retour en France en 1939, il est rapidement contraint, en raison de ses origines juives, de retraverser l’Atlantique, direction New York où il se met à la rédaction des Structures élémentaires de la parenté. C’est là également qu’il va côtoyer toute l’intelligentsia qui a fui l’Europe et Hitler, les Max Ernst, André Breton et autre Marcel Duchamp.

DR

DR

Rappelé en France en 1944 par le ministère des Affaires étrangères, il retourne aux Etats-Unis comme conseiller culturel. Poste qu’il occupe jusqu’en 1948, date à laquelle il décide de rentrer pour devenir, l’année suivante, sous-directeur du musée de l’Homme, à Paris. Quant à son désir d’entrer au Collège de France, il se concrétisera dix ans plus tard, en 1959. Il est en charge de la chaire d’anthropologie sociale, un poste qu’il occupera jusqu’à sa mise à la retraite en 1982. Entre ces deux dates, Claude Lévi-Strauss a reçu de multiples prix dont en 2005, le prix international Catalunya, a élu à l’Académie française en 1973 et, bien sûr, a publié de nombreux ouvrages. Depuis quelques années, celui qui n’a jamais caché ne guère aimer son époque, vit à l’écart de Paris, dans son château de la Côte-d’Or où il relit Rousseau, écoute Wagner et contemple la nature. « Ici, l’univers végétal est aussi mystérieux et passionnant que les hommes du Brésil central », confiait-il en 1984 à un journaliste venu lui rendre visite en son domaine.

Avant dernière apparition publique de Claude Levi-Strauss, le 13 mai 2005, lors de la remise du Prix Catalunya à Paris.

05/05/2008 par Danielle Birck