par Elisabeth Bouvet
Article publié le 05/05/2008 Dernière mise à jour le 26/11/2008 à 15:19 TU
En 1935, il a 27 ans et découvre le Brésil. C’est sur les conseils de Paul Nizan que le jeune agrégé de philosophie aurait choisi cette voie, comme porte de sortie à l’enseignement. A l’épreuve du terrain, il tourne en quelque sorte le dos à la civilisation occidentale bâtie par la Grèce et Rome, et décide d’explorer, d’embrasser toutes ces cultures dites primitives. Mission qu’il poursuivra durant plus de trois années dans le Mato-Grosso et en Amazonie. De retour en France en 1939, il est rapidement contraint, en raison de ses origines juives, de retraverser l’Atlantique, direction New York où il se met à la rédaction des Structures élémentaires de la parenté. C’est là également qu’il va côtoyer toute l’intelligentsia qui a fui l’Europe et Hitler, les Max Ernst, André Breton et autre Marcel Duchamp.
Rappelé en France en 1944 par le ministère des Affaires étrangères, il retourne aux Etats-Unis comme conseiller culturel. Poste qu’il occupe jusqu’en 1948, date à laquelle il décide de rentrer pour devenir, l’année suivante, sous-directeur du musée de l’Homme, à Paris. Quant à son désir d’entrer au Collège de France, il se concrétisera dix ans plus tard, en 1959. Il est en charge de la chaire d’anthropologie sociale, un poste qu’il occupera jusqu’à sa mise à la retraite en 1982. Entre ces deux dates, Claude Lévi-Strauss a reçu de multiples prix dont en 2005, le prix international Catalunya, a élu à l’Académie française en 1973 et, bien sûr, a publié de nombreux ouvrages. Depuis quelques années, celui qui n’a jamais caché ne guère aimer son époque, vit à l’écart de Paris, dans son château de la Côte-d’Or où il relit Rousseau, écoute Wagner et contemple la nature. « Ici, l’univers végétal est aussi mystérieux et passionnant que les hommes du Brésil central », confiait-il en 1984 à un journaliste venu lui rendre visite en son domaine.