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Envers du décor

«Cinéma Paradiso»

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 24/05/2008 Dernière mise à jour le 27/05/2008 à 09:10 TU

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

Loïc Ledez est venu pour la première fois au festival de Cannes, en 1973. C’était aussi la première fois  que ce natif de Boulogne-sur-Mer descendait sur la Côte d’Azur. « Je me souviens, je suis arrivé au petit matin, il faisait très beau, le soleil se levait. J’ai pris un petit déjeuner et je suis allé me coucher, j’ai dormi toute la journée ». Depuis, Loïc Delez n’a pas raté une seule édition, en totalisant 36, l’exact inverse de son âge, 63 ans. Ce désormais parisien a beau être à la retraite, il n’a pas encore renoncé à son poste de responsable des projectionnistes. C’est même avec un plaisir égal à celui des critiques et autres festivaliers qu’il retrouve tous les ans au mois de mai ses collègues. Soit une escouade de 25 projectionnistes dont il organise le planning dans les 6 salles placées sous sa responsabilité parmi lesquelles bien sûr le théâtre Lumière où se déroulent les projections officielles, sur la Croisette.

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

Situés au 2e étage du Palais des festivals, les locaux techniques n’ont rien de folichon. Bas de plafond, bruyants, chauds, ils ne laissent évidemment pas passé la lumière du jour. C’est pourtant l’un des endroits préférés de Loïc Ledez. Et depuis belle lurette. Il a cinq ans quand son oncle, projectionniste dans le nord, l’emmène pour la première fois avec lui : « C’était dans les années 50, c’était encore des bobines et mon travail consistait à rembobiner les films ». Toute sa culture cinématographique, elle vient de là, de cette petite salle du Boulonnais : « A l’époque, il n’y avait pas la télévision et le cinéma était ma seule fenêtre sur le monde. Les chevauchées, les paysages de l’Ouest américain, Gary Cooper, tout ça, ça me faisait rêver ». Cinéphile averti, sa cave est remplie de classeurs, de cartons où s’entassent archives, vieux articles, revues et autres affiches de films. Ses collègues parlent de lui comme d’une « légende vivante » et quand ils sèchent sur une question de cinéma, c’est lui qu’ils appellent, y compris à des heures indues, assurés qu’il connaîtra la réponse.

En revanche, Loïc Delez doit vraiment fouiller sa mémoire pour se remémorer son plus mauvais souvenir cannois : « C’était en 1983, le festival venait de déménager dans le Grand Palais, et on a essuyé les plâtres, on n’avait que des problèmes avec les lampes de projection ». Quant à son meilleur moment, il date de 1974. « A l’époque, j’étais simple projectionniste et ce soir-là, je ne travaillais pas. C’était la soirée inaugurale où fut projeté Il était une fois à Hollywood de Jack Haley avec Fred Astaire et Gene Kelly. Il y a eu après un feu d’artifice au Palm Beach, c’était somptueux ». Au rayon « souvenirs » toujours, Loïc Delez ne tarit pas d’éloge quand il évoque ce « grand monsieur » qu’est Clint Eastwood, le seul réalisateur qui vienne systématiquement saluer les techniciens, qu'il soit en compétition ou non d'ailleurs. Et d'exhiber la dédicace de l'acteur et réalisateur en bas d'une image extraite d'un film de Sergio Leone. Quoi qu'il en soit, le mardi 20 mai à 12h15, veille de la projection de son film, L’Echange, le cinéaste américain est donc passé les voir, souriant et affable, comme à son habitude. 

Arrivé à Cannes une dizaine de jours avant le début du festival, Loïc Delez regagnera dès le mardi 27 mai, Paris où il pourra enfin voir les films qu’il a projetés. A leur sortie comme n'importe qui. Son rêve avant de prendre sa retraite ? « Voir au moins un film au théâtre Lumière ».

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)