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Déception

Pas de re-Bond pour 007 !

par Elisabeth Bouvet

Article publié le 30/10/2008 Dernière mise à jour le 05/11/2008 à 11:29 TU

Deux années se sont écoulées entre les sorties sur grand écran Casino Royale et Quantum of Solace mais en vérité, une toute petite heure sépare la fin du premier épisode du début du second. On avait quitté l’agent 007 en Italie, une arme pointée sur celui qu’il sait avoir causé la mort de Vesper, la femme qu’il aimait et dont il a découvert qu’elle l’avait trahi, sous la contrainte. Quand il reprend du service, il est toujours en Italie, sur les routes poussiéreuses et tortueuses d’une carrière, il est au volant de son Aston Martin poursuivi par quelques as du volant et de la gâchette. Retrouvailles sur les chapeaux de roue qui vont hélas donner le ton de ce second opus remettant en scène Daniel Craig dans le costume de James Bond.

Quantum of Solace, réalisé par Marc Forster qui signe là sa première incursion dans le monde de l’agent le plus populaire de sa gracieuse Majesté, renoue avec la tentation de la surenchère : une succession à un rythme régulier de cascades qui se voudraient époustouflantes mais qui réussissent juste à exaspérer tant elles sont aussi invraisemblables que mal ficelées, une telle quantité de pays traversés ( « Quantum of Solace a été tourné dans bien plus de pays que n’importe quel autre film de la franchise », indique le réalisateur ) qu’on perd le fil de l’histoire en cours de route et jusqu’à l’intérêt pour cette suite placée sous le signe de la vengeance. Après la part lumineuse du héros, voici donc sa part sombre. C’est 007 en électron libre avec d’un côté M, sa patronne, qui ne lui fait plus confiance au point de lui mettre des bâtons dans les roues et de l’autre, un certain Dominik Greene, faux écologiste mais vrai méchant qui se méfie de ce James Bond au point de vouloir le supprimer. Reste la belle et solidaire Camille qui cherche, elle aussi, à se venger à la suite de l’assassinat de sa famille par un ex-dictateur à qui Greene a promis le pouvoir en échange de la cession d’une région entière du pays, ce qui lui permettrait de mettre la main sur l’une des ressources naturelles les plus précieuses au monde : l’eau.

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Problème, ni les uns ni les autres ne sont tout à fait crédibles. Mathieu Amalric qui se coule dans la peau du psychopathe de service parvient assez difficilement à rendre crédible son personnage, comme si le déguisement était trop grand pour lui. Quant à la James Bond’s girl, tout en étant irréprochable, elle n’a indiscutablement pas le charisme de celles qui l’ont précédée. Même déconvenue en ce qui concerne l’humour dont est pour ainsi dire dépourvu ce nouvel opus au titre par ailleurs incompréhensible, c’est dire qu’il partait sur d’assez mauvaises bases.

Seul le très physique Daniel Craig ne déçoit pas même si l’on ne peut que regretter que, pour les besoins du scenario, il se soit mué en machine à tuer, plus désincarné donc que dans Casino Royale. Résultat, on guette les temps morts, juste pour le plaisir de retrouver le 007 d’avant la mort de Vesper. Mais même là, les dialogues sont d’une telle platitude qu’on reste décidément sur notre faim. La fin du film laisse toutefois entrevoir une possible rédemption. « Les morts se moquent d’être vengés », lance-t-il au terme de cette course-poursuite intercontinentale, soulignant du même coup l’inanité de ce lisse et musclé Quantum of Solace. Maintenant que Craig/Bond a découvert la mélancolie, qui sait s’il ne (nous) reviendra pas paré de la véritable étoffe des héros. Réponse en 2010 !   

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