Culture/Brésil

La France à l'honneur au carnaval de Rio

par Annie Gasnier

Article publié le 20/02/2009 Dernière mise à jour le 20/02/2009 à 20:18 TU

Les artisans de perles et paillettes, lors de la préparation du carnaval.
(Photo : Annie Gasnier/ RFI)

La musique a envahi les rues de Rio de Janeiro depuis plusieurs semaines déjà. Dans le sillage d'orchestres de cuivre et de tambours, les « folioes » dansent et s'amusent. Le fameux roi Momo, figure symbolique de roi du carnaval, a reçu vendredi soir les clefs de la ville, donnant le coup d'envoi des festivités et des défilés, au Sambodrome, des écoles de samba.

De notre correspondante à Rio, Annie Gasnier

Les chars sont un peu à l´étroit dans le barracao de Grande Rio, le hangar où, depuis des mois, se prépare le carnaval 2009. Un défilé de professionels. A la Cité de la samba, qui abrite les préparatifs des grandes écoles du genre, rien n´est laissé au hasard. Remporter la compétition signifie pour le champion, prestige, récompense financière, et voyages durant un an, pour représenter la puissante Ligue des écoles de samba. Grande Rio n´a encore jamais décroché le gros lot.

Cette année, elle a tout misé sur la France, au centre de l´année culturelle 2009 au Brésil. Sa samba « Liberté égalité fraternité pour toujours : merci beaucoup... y´a pas de quoi », résume ce que les huit chars allégoriques et les quatre mille figurants raconteront aux spectateurs : « Une France luxueuse et glamour, avec des références facilement identifiables pour montrer les liens qui unissent nos deux pays », explique le carnavalesco Cahê Rodrigues.

Le maître d´oeuvre de Grande Rio est déjà un habitué du carnaval de Rio, mais il n´était jamais allé en France. Avant d´achever ses dessins, il s´est rendu deux fois à Paris, Versailles et Nice. Et il a privilégié le Roi soleil, qui ouvrira son défilé, le palais des glaces, reconstitué avec des miroirs mous pour ne pas blesser les figurants, l´arc de Triomphe et le TGV, le Moulin rouge et les 26 danseuses qui, durant quelques minutes, loin de Paris, feront leur show, entre french-cancan et samba.

Le premier char : le Roi soleil.
(Photo : Annie Gasnier/ RFI)

Et puis, entrelacés comme l´Histoire et l´admiration mutuelle du Brésil et de la France, les allusions à l´éphémère France Antartique*, du 16ème siècle en territoire brésilien, aux thèses des Lumières qui conduisirent le Brésil à son indépendance ; aux influences artistiques de Paris, et en retour, à cette fascination des Français pour l´exhubérante nature tropicale, et ses Indiens. « Au XIXe siècle, Paris dictait la mode à Rio, influençait la décoration des cafés, et la Rue do Ouvidor était « la » rue française, avec ses couturières et ses chapeliers », ajoute Leandro dos Anjos, assistant de Cahê Rodrigues.

Acquis bien avant la crise financière de septembre 2008, le soutien des entreprises françaises a été essentiel : les artisans du barracao, spécialistes de paillettes et plumes, des mouvements mécaniques de robots et les sculpteurs sur polystyrène, ont travaillé dans les temps, car l´argent versé à l´avance, a permis d´acquérir tout le matériel. « On parle d´une aide de 3 millions d´euros, avoue Alexis de Vaulx, directeur dans l´entreprise franco-brésilienne Tok & Stok, qui a mobilisé les sponsors. Et le résultat est un rêve, la France idéalisée va faire rêver les Brésiliens, et nous faire oublier les difficultés du moment ».

Grande Rio entrera sur le Sambodrome dimanche soir. Et tous les supporteurs de cette école du quartier populaire de Duque de Caxias espèrent que la couronne de champion sera au bout d´un défilé de 80 minutes, qui devra être sans fausse note.

Répétition du French cancan pour le carnaval de Rio.
(Photo : Annie Gasnier/ RFI)

*nom donné à l'éphémère colonie française qui occupa la baie de Rio de Janeiro de 1555 à 1560.