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Cinéma

«The Search» ou la quête de la culture tibétaine

par Kèoprasith Souvannavong

Article publié le 12/08/2009 Dernière mise à jour le 13/08/2009 à 11:19 TU

The Search rend hommage à la culture tibétaine à travers un opéra populaire. Une culture « en danger », selon son réalisateur Pema Tseden. Son dernier long métrage est présenté en première mondiale au 62e Festival de Locarno (Suisse) où il concourt pour le Léopard d’or 2009 du meilleur film, qui sera attribué le 15 août.

Un metteur en scène, accompagné d’un ami, d’un guide et d’un chauffeur, parcourt les hauts plateaux himalayens en voiture à la recherche d’une actrice et d’un acteur pour incarner la princesse Mande Zangmo et le prince Drimé Kunden, les deux figures centrales de l’un des huit grands opéras tibétains. Il trouve rapidement la candidate idéale pour le rôle de la princesse. Mais la jeune femme, qui garde constamment son visage voilé, accepte de participer au projet à condition que le prince soit interprété par son ex-compagnon. Ce dernier aurait quitté leur village pour une autre fille. Toute l’équipe se décide à le retrouver. Commence alors une sorte de voyage initiatique.

Compassion

Le réalisateur tibétain Pema Tseden (Photo : Kèoprasith Souvannavong / RFI)

Le réalisateur tibétain Pema Tseden
(Photo : Kèoprasith Souvannavong / RFI)

Personnage fondamental dans l’opéra tibétain, Drimé Kunden était un ancien prince indien. Il partageait volontiers ses biens avec tout le monde et donnait aux nécessiteux tout ce qu’il possédait, y compris son épouse et ses trois enfants. Il avait même offert ses propres yeux à un aveugle, d’après la légende. Il symbolise encore aujourd’hui, dans la philosophie bouddhique, la compassion dans sa plus noble expression.

A travers The Search, Pema Tseden poursuit ses recherches sur la culture traditionnelle tibétaine. Une culture qui se transmet plutôt oralement et qui, avec les problèmes actuels au Tibet, est « menacée de disparition », estime le réalisateur. Pour autant, il n’y a « pas de conflit » entre la culture chinoise (qu’il appelle « culture moderne ») et la sienne, s’empresse-t-il d’ajouter. Résultat, The Search reste politiquement très correct. Cette volonté de rester « lisse » se reflète dans la manière dont ce long métrage est filmé : le réalisateur privilégie en effet des plans américains et des panoramiques du début à la fin de l’histoire. Il n’y a pas de gros plans sur les acteurs, que l’on voit souvent en contre jour, de dos, voire dans l’ombre.

« Un regard objectif »

L’absence de plan serré permet d’avoir « une distance et un regard objectif ; je n’ai pas cherché à influencer ni à convaincre les spectateurs », explique Pema Tseden. « D’ailleurs, reprend-t-il, la peinture traditionnelle tibétaine recourt, elle aussi, à une perspective panoramique. Ce procédé intègre l’homme dans son milieu. C’est également pour cette raison que les personnages du film évoluent dans des décors naturels ».

Porté par des comédiens amateurs, The Search est une fiction aux faux airs de documentaire dans laquelle le chant traditionnel tibétain occupe une place très importante. « Ce film évoque une quête retraçant les hésitations, la confusion et la frustration des personnages dans leur recherche de nourriture spirituelle, celle de leur origine », dit Pema Tseden pour qui Drimé Kunden représente l’essence même de la culture tibétaine.

Une scène du film « The Search » Source : Festival international du film de Locarno

Une scène du film « The Search »
Source : Festival international du film de Locarno