par RFI
Article publié le 01/09/2009 Dernière mise à jour le 05/09/2009 à 10:10 TU
Vendredi 4 septembre
La projection sur les gradins du Campo Santo est relayée par un écran géant sur la place de la République de Perpignan. Plusieurs restaurants y ont leurs tables, mais d'autres spectateurs sont assis par terre sur les dalles de la place. Ce 4 septembre, la projection rassemble près de 300 personnes.
A la table d'une dizaine de photographes professionnels.
Un commentaire de la rétrospective de photos d'actualité fait sursauter toute la tablée. Il s'agit de la visite du pape Benoit XVI en Israël : «c'est du mauvais Paris-Match», dit l'un, consterné.
Aux premières photos de Michael Jackson, un frémissement. «Alors là on va avoir la photo quand il danse avec la main sur le chapeau et la lumière du projecteur qui lui tombe dessus». (Elle est effectivement projetée). La remise du Visa d'Or à Zalmaï est percue comme un intermède mais ses photos d'Afghanistan interrompent les conversations.
Les plats commandés arrivent au pire moment : une série de photos consacrées aux malades du Sida. Les uns et les autres se regardent gênés jusqu'aux oreilles. Les photographes de Magnum photos ont fait un mini tour du monde dans les hôpitaux de fortune, les centres d'accueil des séropositifs: Haïti, Inde.... Les images sont effroyables. Les récits de fins de vie ne collent pas à l'instant présent. Un vent protecteur de cynisme s'empare des convives.
Plus tard, quand apparaîtra une séquence entière constituée de photos époustouflantes de la revue National Geographic, une voix en bout de table lancera «Et là, vous faites moins les malins, hein !»
Mais avant cela, un silence quasiment religieux accompagnera un survol historique de l'Iran, avec des archives exceptionnelles.
«C'est quand même mieux d'aller voir la projo au Campo Santo. Dans un restaurant, ça fait quand même un peu télé !»
Jeudi 3 septembre
La projection débute dans l'émotion. Christian Poveda, qui exposait à Visa pour l'Image, l'an passé, a été retrouvé mort, une balle dans la tête dans une voiture au Salvador ce jeudi matin à l'aube.
Installé dans ce pays depuis plusieurs années, il filmait les jeunes mareros. Le public se lève et observe quelques secondes de silence à sa mémoire. Les remises de prix et de bourses aux photographes sont empreintes de tristesse mais aussi d'un sentiment de revanche. Il y a déjà 30 journalistes assassinés cette année, mais on n'arrête pas l'information.
L'agence de photos Gamma est en faillite ? Qu'à cela ne tienne, Visa pour l'image projette deux reportages de photographes de l'agence, celui de Noël Quidu sur les enfants d'une décharge municipale de Pnom Penh (Cambodge). «Un reportage rentable et utile comme Gamma sait le faire.» insiste la présentatrice. Il s'appuie sur l'association Pour un sourire d'enfant qui accompagne les enfants, leur font retrouver le chemin de l'école. Arnaud Brunet, également de Gamma, a choisi de photographier la lutte des ouvriers de l'usine de pneus Continental de Clairois (France).
Le public bénéficie de l'arrivée des professionnels depuis 48h. Par moments, cela ressemble à une ambiance de match avec des cris et des applaudissements nourris d'une agence qui assiste à la présentation des photos d'un de ses photographes.
Le directeur photo d'un quotidien national regarde la liste de la projection de ce soir : «soit je ne connais pas et je suis impatient de découvrir les photos, soit je connais et j’aime bien réviser.» Ses commentaires sont dans leur sobriété, ceux du cahier de notes de l'écolier.
Gianni Giansanti, le photographe intime du pape Jean-Paul II décédé un peu plus tôt dans l'année : «Gianni, le maestro. C'est un lyrique.»
Corentin Fohlen de fedephoto : «Un regard, un angle.»
Tomas Van Houtryve : «Je ne sais pas comment il se débrouille mais il voit tout. En Corée, on a tous fait le même voyage encadré de guides officiels, mais lui, il prend des images qu'on n'a jamais "vues" .»
Munem Wasif. Des paysages sublimes en noir et blanc, de la trace de pieds nus dans la boue à la pirogue évanescente sur le fleuve. «Un talent pictural ! C'est réservé, retenu. C'est beauauau !»
Brenda Ann Kenneally. Le reportage dont tout le monde parle sur les femmes de Troy. Pauvreté. «Je veux ça dans mon journal !»
Fils de lutte de Arnaud Brunet/Gamma. «Ah... j'avais loupé ses photos au moment où on parlait de Continental. C'est bien. Très bien.»
Mardi 1er septembre
Je viens voir des images pour me remettre à ma place, reconnaître ce que je possède et ce que je vis. Ici, on voit le reste du monde.
Ce n'est pas la même chose que la réalité. Une image, elle vous tombe dessus sans prévenir. Vous ne pouvez pas vous y préparer. C'est encore pire sur un grand écran comme celui du Campo Santo.
Ceux-là, ils ont quelque chose à dire ! On a compris le message ! (à propos des 70 manifestations menées par les jeunes Danois pour garder leur Maison de la Culture).
Lundi 31 août, soirée d'inauguration des projections
A la sortie du diaporama.
"Cela fait 12 ans que je viens au Festival et cette première soirée de projection est vraiment exceptionnelle par la variété des photos que je viens de voir. Je connais certains photographes et d’autres non. La selection était vraiment équilibrée."
"Le reportage sur les momies… On ne voit pas ça tous les jours ! Et celui sur Vibe, la fillette atteinte d’une tumeur au cerveau... C’est très émouvant."
"Cette petite fille atteinte d’une tumeur au cerveau… C’est très difficile à oublier…"
"Toutes ces images me sont allées directement au coeur."