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Visa pour l’Image 2009

La légende de la photo

par Marion Urban

Article publié le 01/09/2009 Dernière mise à jour le 05/09/2009 à 18:47 TU

Il y a les forfaitures des photos. La première remontait à la guerre de Sécession des Etats-Unis où un photographe ajoutait à chacune de ses prises de vues le même cadavre qu’il déplaçait de lieu en lieu afin de les rendre plus sanglantes. Mais il y a plus souvent les textes tronqués des légendes des photos. Miquel Dewever-Plana qui expose son reportage sur les maras du Guatemala au Festival Visa pour l’Image essaie d’en garder le contrôle mais…
Le travail de Miquel Dewever-Plana est un travail de confiance avec les personnes qu’il photographie. Ses reportages ne sont pas de simples prises de vues. Depuis 15 ans, il se consacre à la cause des indiens du Guatemala.

Dans une première phase qui s’est soldée par plusieurs livres, il a raconté l’histoire des massacres des policiers, des militaires et des paramilitaires des populations mayas. Miquel est allé offrir son dernier ouvrage, le recueil de lettres des familles aux disparus de village en village afin de fixer le souvenir des victimes dans l’histoire du génocide maya. Chaque remise de livre était précédée d’une projection de photos et de discussions. Les photos qu’il expose aujourd’hui à Perpignan constituent la suite de ce premier travail. Les maras c’est aussi une conséquence des conflits d’Amérique centrale.

Miquel Dewever-Plana, à Perpignan.(Photo : Marion Urban/ RFI)

Miquel Dewever-Plana, à Perpignan.
(Photo : Marion Urban/ RFI)

Miquel Dewever est allé à la rencontre des mareros, (membres des maras, les gangs de jeunes) emprisonnés à Guatemala Ciudad. En guise de laisser-passer, son livre sur le génocide qu’il montre aux détenus. Bien que nés aux Etats-Unis avant d’en être expulsés, ils sont issus de ces familles qui connurent la répression des années 80. Le photographe leur explique ce qu’il veut faire de leurs futures rencontres : un document pédagogique à l’usage des écoles. « Pas de photos prises en 10 minutes » mais des images nées de la confiance et du respect.

« Au début, ils se mettaient en scène avec une gestuelle bien à eux. Mais je ne voulais pas de ces photos caricaturales de l’agressivité et de la violence » Il faudra un bon mois avant que les mareros s’abandonnent à l’objectif de Miquel et que les langues se délient devant son micro car le photographe enregistre aussi.

Les visages tatoués, les gros biceps, l’univers carcéral, les échanges furtifs, et puis les funérailles des victimes des maras, le regard des femmes battues, violées… Les images de Miquel Dewever constituent une panoplie utilisable pour stigmatiser une population déjà stigmatisée. Mais il y a les textes des légendes. Celles qui font se pencher les visiteurs sur la vie des photographiés. Miquel leur accorde une grande importance car elles signent son engagement. « Je demande toujours aux rédactions de me faire parvenir la maquette des publications car je veux contrôler le contenu de mes textes. Le problème est que les responsables sont toujours d’accord et me montrent les épreuves avec mes textes, mais in fine, elles sont souvent tronquées ».

 


La légende originale de la photo qui apparaît derrière Miquel Dewever-Plana, ci-dessus est :
Prison de la zone 18 de Guatemala Ciudad secteur 11. Anciennement connu comme le couloir de la mort, c’est aujourd’hui une zone de haute sécurité totalement occupée par les membres de la mara de Barrio 18. Smoorf, 24 ans, a été arrêté pour homicide.

© Zalmaï.