Visa pour l'Image 2009

"Le Corps incarcéré" lauréat du prix du webdocumentaire RFI et France 24

par Marion Urban

Article publié le 03/09/2009 Dernière mise à jour le 07/09/2009 à 16:42 TU

De g. à dr, Samuel Bollendorf, président du jury, J-F Leroy, directeur de Visa pour l'Image, et les lauréats Soren Seelow et Karim Elhadj.
(Photo: Aidan O'Donnell/RFI)

Le prix du webdocumentaire RFI/France 24 a été décerné, ce mercredi 2 septembre, au Corps incarcéré, un webdocumentaire présenté par Le Monde.fr. Le Corps incarcéré évoque les souffrances physiques de l’emprisonnement. Basé sur la parole d’anciens détenus, il entraîne l'internaute dans l'intimité de l'univers carcéral. Ce document rappelle aussi le nombre alarmant de suicides dans les prisons françaises en progression de 20% depuis deux ans.

Dans un récit construit sur le témoignage de 4 anciens détenus, Le Corps incarcéré décline les différentes étapes d’un emprisonnement et son impact sur le corps des prisonniers.

Le récit, décliné en 5 étapes (la fouille, le corps de l’autre, la maladie, la reconquête et la libération), s’articule sur une bande sonore reprenant les extraits d’interviews du journaliste Soren Seelow, qui réalisait son premier webdocumentaire.

L’internaute suit la progression des confidences des anciens prisonniers sur une frise de mots et d’expressions qu’ils emploient au cours des entretiens. A tout moment, l’internaute peut intervenir en choisissant d’arrêter ou d’écouter l’extrait correspondant.

Voir >Le Corps incarcéré

«Demander à un  ancien détenu de parler de son corps c’est lui demander de retourner dans sa mémoire corporelle, de nous emporter dans sa prison. Le corps est quelque chose de très intime et en parler permet de libérer une parole brute et d’éviter les discours», explique le journaliste.

Initialement Soren Seelow souhaitait réaliser les entretiens en prison, mais rapidement, le jeune journaliste a compris que des difficultés surgiraient pour obtenir les autorisations de visites d’autant qu’il s’agissait d’un travail de longue haleine. Une opportunité l’a mis en contact avec Hélène Castel, Hafed Benotman, Djemel et Hugo. A commencé un patient travail d'écoute.

Les photographies de Léo Ridet, à la fois fixes mais aussi mouvantes, rendent l’atmosphère de l’enfermement encore plus présente.

Depuis le début de l'année 2009, selon différentes sources, il y aurait eu entre 81 et 92 suicides dans les prisons françaises.

En avril dernier, le psychiatre Louis Albrand avait boycotté la remise officielle de son propre rapport sur les suicides en prison à Rachida Dati, alors Garde des Sceaux. Selon le médecin, le ministère avait édulcoré son rapport dans la version finale.