par Marion Urban
Article publié le 05/09/2009 Dernière mise à jour le 05/09/2009 à 19:33 TU
Massimo Berruti dit de ses 29 ans qu’il est «sur le point d’entrer dans l’âge d’homme». Le jeune lauréat du prix du Jeune reporter de la Ville de Perpignan est un peu étourdi. Les évènements se précipitent un peu trop à son goût depuis trois ans entre ses aspirations personnelles, son livre collectif Made in Italy (édition Trolleybooks), sa nouvelle agence Vu et ses expériences de journaliste au front.
«Je suis parti en Afghanistan pour éprouver mes réactions dans une situation de conflit». Jusque là, Massimo travaillait, peaufinait ses images en couvrant des sujets italiens.
Amoureux de l’argentique et du noir et blanc, il prend son temps. Ses premiers essais dans le photojournalisme: hôtel Africa. Un hôtel squatté par les immigrés notamment les Ethiopiens, dans la banlieue romaine.
C’est avec gourmandise qu’il parle de la lumière, des nuances que seule la pellicule de film peut rendre. «C’est le noir et blanc qui trace la route d’un photographe» affirme-t-il.
En 2006, pour des raisons économiques –Massimo insiste sur l’expression- il passe à la couleur «le langage des magazines» plus précisément à la couleur numérique. Il prend son envol pour Kaboul (Afghanistan) où il photographie les maux de la société : les héroïnomanes dont une majorité sont originaires d’Iran, les enfants des rues, les gens devenus fous à cause de la guerre.
C’est au Pakistan que le photographe italien trouve son territoire d’action. Massimo fait partie de ceux qui pensent que les attentats de 2001 aux Etats-Unis pourraient être tout à fait autre chose que ce que l’on dit. Une mise en scène qui camouflerait une opération de terroristes américains et non pas saoudien ou afghan.
Cette conviction est désormais intégrée dans son métier : aller au-delà des apparences. «Les musulmans que l’on nous présente comme intégristes ne le sont pas» explique-t-il avant de décrire quelques unes de ses découvertes sur la réalité.
Son exposition, au Couvent des Minimes à Perpignan, présente des clichés des élections pakistanaises (2008) et du mouvement des avocats pour la réintégration du juge Iftikhar Muhammad Chaudry (2007)
Le prix du Jeune reporter de la Ville de Perpignan, un chèque de 8 000 euros, distingue un jeune talent et lui permet de finaliser son projet. Lequel pour Massimo Berruti ? Retourner au Pakistan, sans avoir besoin de trop calculer ses dépenses.