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03/03/2006
Le festival francophone en France (2)
Atlas de la francophonie : les bonnes feuilles


(MFI) Voici quelques extraits reprsentatifs de ce document de rfrence que tout francophone devrait avoir dans sa bibliothque pour mieux comprendre laventure singulire de sa langue.

Quest-ce que la francophonie ? O ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Ses objectifs ? Ses enjeux ? Des questions que vous vous tes sans doute poses et auxquelles rpond lAtlas mondial de la francophonie : du culturel au politique (Co-dition Autrement, francofffonies ! et RFI), dAriane Poissonnier, Grard Sournia et Fabrice Le Goff. A laide de tableaux, de cartes et de statistiques, les trois auteurs rappellent la gense et lhistoire de lide francophone, son architecture institutionnelle qui sest mise en place progressivement partir des annes 70 entranant la transformation de la francophonie en un mouvement politique, et les dfis nombreux que la Francophonie politique doit aujourdhui relever notamment en matire de diversit culturelle, mais aussi dans les domaines de lcologie, lducation et la sant.

T. C.


Les bonnes feuilles

La gense
Entre 1880 et 1970, lide dune communaut autour de la langue franaise va mettre presque un sicle mrir. Imagine par un gographe qui rflchit au destin colonial de la France, la francophonie est paradoxalement rendue possible par la dcolonisation et voulue par des responsables doutre-mer ayant men leurs pays lindpendance. Appuys par un rseau dassociations pionnires, ceux-ci doivent convaincre une France rticente car craignant laccusation de nocolonialisme dinstitutionnaliser le fait francophone.

Lhistoire dun mot
Le terme francophonie apparat pour la premire fois vers 1880 sous la plume du gographe franais Onsime Reclus. Par francophones, il entend tous ceux qui sont ou semblent tre destins rester ou devenir participants de notre langue . Il estime alors 47 millions dans le monde la population francophone probable au 31 dcembre 1880 . Le mot ne fait pas carrire et connat une rsurgence dans les dictionnaires vers 1930. Le terme renat vritablement en 1962, dans le n 311 de la revue Esprit. Lopold Sdar Senghor y fonde le concept moderne : La francophonie, cest cet humanisme intgral qui se tisse autour de la terre, cette symbiose des nergies dormantes de tous les continents, de toutes les races qui se rveillent leur chaleur complmentaire. Autres signatures prestigieuses de ce numro dEsprit : Norodom Sihanouk, Jean Lacouture, Georges Gougenheim, Kateb Yacine

Les sommets
Rclams depuis longtemps par les pres fondateurs, les sommets sont rendus possibles par le rglement, entre la France et le Canada, de la question de la reprsentation du Qubec. Les ngociations aboutissent au milieu des annes 1980 : ladhsion la Francophonie ne sera pas seulement le fait dtats, mais galement de gouvernements. Grands rendez-vous solennels au cours desquels les dcisions stratgiques sont prises et les programmes daction approuvs, les sommets (organiss en principe tous les deux ans) traduisent la monte en puissance de linstitution. () Le premier a eu lieu sur le territoire franais, dans le prestigieux site de Versailles, en 1986, avec 42 pays reprsents. Neuf autres sommets ont eu lieu depuis. Lorganisation en 2006 du sommet de Bucarest (Roumanie), prvue pour la premire fois dans un pays dEurope centrale, souligne bien lextension plantaire de la construction francophone.

Derrire langlais, mais sur tous les continents
Les langues internationales ont volu au cours des sicles. Depuis plusieurs dcennies, langlais est devenue la premire dentre elles. Le franais partage avec langlais le double avantage dtre langue de travail des grandes institutions internationales et dtre prsent sur les cinq continents. Mais il a perdu de sa superbe, comparativement une poque (XVIIIe et XIXe sicles) o il tendait son emprise culturelle sur lEurope et tait langue diplomatique mondiale. Son influence, malgr un nombre de locuteurs trs infrieur celui de plusieurs autres langues, reste importante et le combat engag par lOIF pour dfendre la diversit culturelle constitue un lment fort de sa revitalisation. Au mme titre dailleurs que dautres langues qui jouissent dune diffusion internationale (espagnol, portugais, arabe) et se sont elles aussi organises en communauts de langues et de penses.

Les dfis de lEurope
LEurope originelle, organise autour des six pays fondateurs, dont trois francophones, nest plus quun lointain souvenir au regard de lEurope 25, ne le 1er mai 2004. La position du franais na cess de reculer depuis les annes 1950, avec une dgradation de la situation de plus en plus vidente partir de 1995. Toutefois, la diversit linguistique est formellement garantie par les textes juridiques. Ce principe nest pas remis en cause mais au contraire renforc par llargissement. La France et ses partenaires se mobilisent pour le faire respecter.

Diversit culturelle : la Francophonie, initiatrice et porteuse du processus
En ouverture du Sommet de la Francophonie Beyrouth (Liban) en 2002, lensemble des intervenants plaida en faveur du dialogue des cultures, saluant la dclaration de lUnesco adopte sur ce thme le 2 novembre 2001 et appuyant le principe dun cadre rglementaire universel. Cette thmatique prend aujourdhui des accents politiques. Dans ce mme contexte, la France et le Canada ont joint leurs efforts pour dmontrer la ncessit et lintrt quil y avait pour les tats francophones dadopter un instrument international relatif la diversit culturelle, appelant lensemble des francophones soutenir une convention sur cet aspect lUnesco. La Francophonie avait ouvert la voie ds 1993, au Sommet de Maurice, et na pas cess de raffirmer ce souci, multipliant les occasions de sensibilisation lors des grandes rencontres internationales.

Une mosaque linguistique
La communaut francophone repose sur le partage dune langue commune, le franais, outil de communication orale et crite privilgi. Pour autant, le franais est loin dtre la langue maternelle ou mme dusage de tous les peuples appartenant lespace francophone, qui se rvle tre une vritable mosaque linguistique. La Francophonie a progressivement intgr cette dimension, au point den faire un atout pour lducation et un schma majeur de la dfense de la diversit.

La richesse des langues nationales
Le franais nest la langue maternelle dune part importante de la population que dans un petit nombre de pays (France, Monaco et, dans une moindre mesure, Belgique, Canada, Suisse). Aussi, dans bon nombre dtats membres de la Francophonie, en Afrique particulirement, le franais cohabite-t-il avec les langues locales dont certaines peuvent tre qualifies, en raison de leur importance vhiculaire et/ou du nombre de leurs locuteurs, de nationales par les textes officiels. Au Sngal par exemple, selon la Constitution de 2001, la langue officielle est le franais et les langues nationales sont le diola, le malink, le pular, le srre, le sonink, le wolof et toute autre langue nationale qui sera codifie . So Tome et Prncipe, la langue officielle est le portugais, les croles santomen et principen sont langues nationales.

Lenjeu de la cohabitation des langues
Favoriser le plurilinguisme au sein de lespace francophone constitue aussi un enjeu de dveloppement conomique et de dmocratie. Comment assurer, sinterroge Robert Chaudenson, coordonnateur du rseau Observation du franais et des langues nationales de lAUF, une majorit de citoyens qui ne parlent pas la langue officielle de ltat, les droits civiques mais aussi les droits linformation, lducation, au travail, la sant que leur garantit pourtant la Dclaration des droits de lhomme de 1948, signe par ltat dont ils sont les ressortissants ? Si la matrise de la langue franaise constitue une cl essentielle pour laccs au savoir, au dveloppement et la dmocratie dans les pays qui lont choisie comme langue officielle, l o le franais cohabite avec dautres langues maternelles, une alphabtisation et une ducation ignorant ces langues seraient voues lchec.

Culture : faciliter laccs aux financements marchands
Les pays en dveloppement sont dsireux de devenir acteurs de leurs propres industries culturelles et non pas seulement consommateurs des productions en provenance du Nord. Ladoption en octobre 2005, lUnesco, de la Convention sur la protection et la promotion de la diversit des expressions culturelles souligne la volont de plus de 150 tats sur les 191 membres de lOrganisation de reconnatre la nature spcifique des activits, biens et services culturels . Traditionnellement, lappui financier accord au secteur de la culture a t et est encore largement ralis sous forme de subventions. Cependant, ce secteur dactivit peut aussi tre abord sous un angle conomique, cest--dire rentable et gnrateur de bnfices et demplois. La Francophonie a choisi dappuyer la croissance des entreprises culturelles du Sud en facilitant leur accs aux financements marchands, par la mise en place dun mcanisme de garantie, le renforcement des capacits des banquiers et des oprateurs culturels, conformment aux dcisions des Sommets de la Francophonie de Hano (1997) et de Moncton (1999) ainsi que de la IIIe Confrence ministrielle de la culture de Cotonou de juin 2001.

Lhtrognit des pays francophones, enjeu de la solidarit
La Francophonie runit des pays allant des plus riches aux plus pauvres de la plante. Lorganisation elle-mme ne dispose pas de moyens financiers importants et ses actions, par rapport aux interventions des bailleurs de fonds internationaux et des cooprations bilatrales, sont donc spcifiques : elles reposent sur lide de promouvoir une solidarit de savoirs aux effets de levier plus que de moyens. Cependant, la solidarit francophone se manifeste lchelle de laide bilatrale dispense par les pays riches du groupe prioritairement ses membres moins favoriss.

Les rseaux francophones
Moyen efficace pour favoriser les changes et valoriser les bonnes pratiques, la Francophonie a choisi, depuis une dizaine dannes, daccentuer la stratgie de travail en rseau dont lavait dote lhistoire. Une faon aussi de traduire son engagement en faveur dun monde multipolaire la construction duquel chacun peut contribuer. La nature transnationale de la Francophonie la encourage, depuis ses dbuts, laborer une stratgie de travail en rseaux, quils soient institutionnels ou professionnels. Quoi de plus proche en effet de ce quon appelle aujourdhui un rseau que les associations internationales formes autour dune cause commune ? Ces associations, nes bien souvent avant la Francophonie institutionnelle, ont convaincu lensemble francophone de lintrt de ces cadres permettant la rflexion, la concertation, les changes de pratiques et la coopration entre leurs membres. Nombre dorganisations internationales non gouvernementales et dautres organisations de la socit civile sont dailleurs accrdites auprs des instances de lOIF. Lattente rciproque dun partenariat dynamis entre la socit civile et la Francophonie sest exprime lors de la Ve Confrence des OING francophones, en septembre 2005 Ouagadougou (Burkina Faso).

Atlas mondial de la francophonie : du culturel au politique, par Ariane Poissonnier, Grard Sournia et Fabrice Le Goff. Co-ditions Autrement/francofffonies/RFI, 80 pages et 15 euros.



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