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09/06/2006 | |||
Trois questions Stphane Martin, prsident du muse du quai Branly Nous voulons transformer nos visiteurs en usagers | |||
(MFI) Inaugur le 23 juin, le Muse des arts et civilisations dAfrique, dAsie, des Amriques et dOcanie se veut la pointe de la musologie, et entend rconcilier tous les publics. | |||
La rfrence, vidente et avoue, du muse du quai Branly est le Centre Pompidou. Mais, dans le monde, dautres muses ont-ils inspirs votre dmarche ? Nous avons beaucoup voyag. La premire chose que jai retire de cette exprience est que lancien modle du lieu transculturel et universel, lide que tous les muses se ressemblent est de moins en moins pertinente. De plus en plus, les muses sont le reflet des proccupations des socits dans lesquelles ils vivent. Il y a quelques annes, on avait raison de les considrer comme des institutions labri du temps. Aujourdhui, ils sont bombardes par lart contemporain, le cinma, le thtre. Dans notre domaine, voici quelques annes, on pouvait faire la diffrence entre la sculpture et lobjet ethnographique, mais entre-temps, Joseph Beuys et tant dautres sont passs Comment dfiniriez-vous le muse du quai Branly ? Comme un muse charg de la conservation dune collection dethnologie. Aujourdhui, les muses ne se sentent plus aussi troitement tenus par leurs collections que par le pass, et peuvent sen carter assez librement. Pour preuve, le nombre de muses du Moyen Age qui ont consacrs des expositions Astrix ! Dans le monde contemporain, on trouve deux grandes catgories, les muses ethnologiques dans le genre du muse de lHomme, qui ont relativement peu de visiteurs et un impact culturel assez limit. Et les grands muses modernes, que lon construit pour des raisons de politique intrieure. Loriginalit du Muse Branly est dtre une institution moderne qui considre le visiteur comme un partenaire. Dans notre domaine, celui des arts et des cultures du monde, on continue porter le fardeau de la sparation entre muses scientifiques et esthtiques, avec les consquences que cela suppose : les premiers tant plutt des muses du savoir, dvolus aux enfants, les seconds tant des muses du plaisir. Voyez, New York, le MoMA et le Muse dHistoire naturelle, qui ont tous deux des collections merveilleuses, mais rassemblent des publics compltement diffrents. Notre ambition est de runir ces deux publics. Pour moi, le Centre Pompidou est une belle russite, car une grande partie de ses visiteurs sont des usagers. Bien sr, il faut attirer les touristes en grand nombre, mais il est au moins aussi important de transformer ces visiteurs en usagers. Aujourdhui, les muses ne sont plus dans une relation matre-lve, il nest plus question dadministrer qui que ce soit une leon ou un cours magistral. Quen est-il de lexposition Diasporas ? Lobjectif de ce projet, centr sur les uvres des cinastes et vidastes africains de la diaspora, est de rompre avec la vision pessimiste de lAfrique. Coordonne par la cinaste Claire Denis et une dizaine dartistes, lexposition devrait ouvrir fin 2007. Par ailleurs, notre premire exposition, Dun regard lautre , va explorer les diffrentes formes et les diffrentes poques du regard occidental : une histoire de dcouverte des arts et des gots, depuis le cabinet de curiosits aux peintures du 17e sicle en passant par les reconstitutions de trophes darmes. Nous prparons aussi pour 2007 une exposition sur lart de la Nouvelle-Zlande et une carte blanche lartiste anglais dorigine nigriane Yinka Shonibare. Nous allons laider produire une installation et esprons que par la suite, le btiment de Jean Nouvel va susciter beaucoup de dsir chez les artistes ! | |||
Propos recueillis par Elisabeth Lequeret | |||
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