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21/07/2006 | |||
CulturesFrance, naissance dun label | |||
(MFI) La France veut moderniser sa diplomatie culturelle. LAssociation franaise daction artistique est remplace par un nouvel oprateur unique dot dambitions renforces en matire de promotion de la culture franaise ltranger, tout en prservant laction de dveloppement culturel oriente vers les pays francophones. | |||
Au terme de longues annes de dbat et dhsitation, la France vient de se doter dune nouvelle Agence daction culturelle internationale. Baptise CulturesFrance (en un seul mot), cette nouvelle agence est ne en juin 2006 de la fusion de lAssociation franaise daction artistique (AFAA), qui a assur pendant plus de quatre-vingt ans le rayonnement de la culture franaise ltranger, et de lAssociation pour la diffusion de la pense franaise (ADPF), charge, elle, de promouvoir la langue franaise et les cultures francophones grce ldition et la diffusion douvrages. Annonant la mise en place du nouveau dispositif, le ministre des Affaires trangres, Philippe Douste-Blazy, a dclar que celui-ci rpond un souci de modernisation des outils dinfluence et de rayonnement de la France dans le monde et la prise de conscience que ce qui manque notre politique culturelle ltranger cest un label, une signature, une marque de fabrique . CulturesFrance saura-t-elle devenir ce label, sur le modle du British Council ou du Goethe Institut, comme semblent le souhaiter ses autorits de tutelle ? Toujours est-il que tout a t fait pour donner la nouvelle entit les moyens de son ambition. Tout dabord, grce la fusion de lAFAA et de lADPF, celle-ci va bnficier dun budget annuel consolid de 30 millions deuros. Le duo Jacques Blot (haut fonctionnaire et membre du Conseil dEtat) et Olivier Poivre dArvor (ancien directeur de lAFAA), nomms respectivement prsident et directeur de CulturesFrance, se font fort de complter le financement public en sappuyant sur les entreprises prives, lesquelles ne sont pas trangres au remplacement de lAFAA par un organisme au label clairement identifi. Ensuite le regroupement des activits de lancienne AFAA, centres sur la culture, et de celles de lADPF, qui touchaient la littrature, les sciences sociales et un peu le cinma grce sa formidable cinmathque africaine riche dun patrimoine de 1 500 titres , fait du nouvel oprateur un puissant conglomrat dans le domaine de la culture. Accessoirement, la mobilisation de lactrice franaise Fanny Ardant comme marraine de CulturesFrance peut tre un atout pour donner une visibilit linstitution. Poursuivre les actions engages, avec une nouvelle ampleur Ceci suffira-t-il donner une cohrence laction culturelle franaise ltranger ? Comment concilier une vocation mondiale avec certains axes prioritaires comme lEurope et la francophonie, comment illustrer lidal de la diversit culturelle, etc. ? Il faut bien prendre conscience que la France ne peut pas avoir t le champion lUnesco de la diversit culturelle, avoir jou un rle moteur pour la signature de cette convention et ne pas mettre en pratique dans les faits ce quelle a voulu mettre dans les textes , explique Jacques Blot. Et de rappeler que la sauvegarde de la diversit culturelle tait dj un axe important de laction de lAFAA, qui au cours des dernires annes de son existence a soutenu trs fortement la production artistique africaine, la danse, la photographie ou la mode, par le biais de sa structure Afrique en crations. CulturesFrance a pour vocation de poursuivre ces actions en leur donnant une plus grande ampleur , souligne Jacques Blot. Laffirmation de la dimension europenne est manifeste, pour sa part, travers la programmation des prochaines annes, notamment lorganisation prvue dune saison europenne en 2008 loccasion de la prsidence franaise de lUnion europenne. Elle sera suivie par des saisons croises France-Russie, prvues en 2009-2010. Et on rappelera en 2006 la poursuite Paris et dans les grandes villes franaise du festival des cultures francophones en France, mis en oeuvre par lAFAA, mais dont le relais est assur dsormais par CulturesFrance. Tirthankar Chanda Trois questions Olivier Poivre dArvor, directeur de CulturesFrance MFI : Est-ce que la promotion de la culture franaise est plus difficile aujourdhui que dans le pass ? Olivier Poivre dArvor : Oui, car la France nest plus toute seule sur le march de limaginaire. Il y a quelques annes, peu de pays avaient une vritable action culturelle. Maintenant tous les pays ont pris conscience que laction culturelle tait un lment important de leur politique trangre. Donc, bien que la culture franaise jouisse toujours dune trs grande sympathie linternational, la place qui nous tait autrefois rserve est aujourdhui automatiquement rduite, du fait de la prsence des autres cultures sur le march. Il faut que les Franais se rendent compte que le rve est pass. Pour exister, nous devons faire nos preuves parmi dautres. MFI : En quoi le nouvel oprateur qui remplace lAFAA sera un outil de promotion plus efficace ? O. P.A. : La France possde un formidable rseau de coopration et daction culturelle, un rseau riche de 4 000 agents, compos de 150 centres et instituts culturels. Mais il tait inoprant car notre diplomatie culturelle tait aussi morcele quadministrative, laissant peu de libert de manuvre aux oprateurs. Il nous fallait un outil clairement identifi, qui puisse fdrer nos forces, et sappuyer dessus pour promouvoir toute la gamme de notre offre en matire de culture. Nous pensons que CulturesFrance pourra tre cet outil. Son appellation servira de label pour nous faire connatre, auprs du grand public mais aussi auprs des partenaires privs. MFI : Quelle sera la place de la promotion des cultures africaines au sein de la nouvelle entit ? O. P.A. : LAFAA a montr ces dernires annes quen Afrique dans le domaine de la photographie, du thtre ou de la danse nous sommes des partenaires srieux. La nouvelle agence qui remplace lAFAA a pour ambition de renforcer cette dimension daide au dveloppement des productions culturelles autonomes, en Afrique ou dans les Carabes. Grce la fusion avec lADPF, nous avons de nouveaux outils, tels que la cinmathque africaine, tels que Notre Librairie qui est une revue de qualit consacre aux littratures francophones du Sud. Il faudrait mieux exploiter ces outils. Enfin je voudrais aussi relancer lide dune Maison des cultures africaines Paris, qui sera un peu lquivalent de lInstitut du monde arabe et qui fera connatre la culture africaine contemporaine travers des expositions, des films, des livres. Cest un rve que je porte depuis longtemps et que je voudrais voir se concrtiser. Propos recueillis par T.C. | |||
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