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| 10/11/2006 | |||
| Chronique Livres | |||
| Les prisons sont-elles obsoltes ? (MFI) Les pratiques de larme amricaine Abu Ghraib et, plus rcemment, le scandale des suicides de Guantanamo, ont dclench aux Etats-Unis et ailleurs une intense polmique. Dans la deuxime dmocratie du monde, quelle doit tre la frontire entre lacceptable et linacceptable ? Cest tout le sujet de Dans les goulags de la dmocratie. Fministe radicale, ancien membre du parti communiste amricain, Angela Davis a connu la prison : recherche par le FBI dans les annes 1970 cause de son implication dans le mouvement des Panthres noires, elle passa plus de seize mois dans le Centre de dtention pour femmes de la ville de New York pour conspiration, kidnapping et homicide . Devenue une figure emblmatique de la cause afro-amricaine, professeur dhistoire luniversit de Californie, elle milite aujourdhui pour labolition de la prison. Il y a de quoi faire : sur une population carcrale mondiale de neuf millions de personnes, deux millions sont dans des prisons amricaines, dont une crasante proportion de Noirs. Selon une tude rcente, il y aurait dans ces mmes prisons deux fois plus de personnes souffrant de maladies mentales que dans la totalit des institutions psychiatriques amricaines. Supprimer la prison ? Lide peut paratre utopique (mais gure moins, au fond, que labolition de lesclavage, note Davis). Si la rhtorique peut surprendre ou sembler dsute, ce livre a au moins le mrite de mettre laccent sur lun des plus grands scandales de la socit amricaine, et de pointer ceux (les compagnies de gestion prives) qui y trouvent financirement leur compte. Watch out, America : Angela is back. Les goulags de la dmocratie, Angela Davis, Au diable vauvert, 168 pages. Elisabeth Lequeret Un regard africain sur la Chine (MFI) Pour Adama Gaye, journaliste sngalais devenu directeur de la communication de la banque africaine Ecobank, il sagit dans cet ouvrage de dgager la singularit des destins, parfois les similitudes, entre la Chine, le pays le plus peupl du monde, qui a toujours revendiqu son statut de pays en dveloppement, et lAfrique, picentre du monde sous-dvelopp . De fait, la Chine et les pays africains partagent un pass colonial humiliant et un mme combat pour le dveloppement. Mais alors que la Chine est devenue un vritable dragon sous la houlette du dictateur clair Deng Xiaoping avec un produit intrieur brut la plaant au quatrime rang mondial, lAfrique reste une autruche , la tte enfouie sous les sables chauds du continent, soumise aux diktats des institutions financires internationales et refusant de sattaquer frontalement ses propres lacunes. Adama Gaye npargne gure les dirigeants africains, ni lUnion africaine, un simple syndicat de chefs dEtat , ni le NEPAD (Nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfrique), un projet grandiose qui semble tre devenu un cauchemar en raison des faibles investissements quil a drains ce jour. Mais pour lauteur, tous les espoirs sont permis pour une coopration accrue entre la Chine et lAfrique, car le dragon chinois a soif du ptrole africain. Cest aux Africains de saisir cette chance, mme sils doivent rester prudents par rapport aux vises impriales peine caches de la Chine. Chine-Afrique : le dragon et lautruche, Adama Gaye, LHarmattan, 294 pages. Isabelle Verdier Rois ou victimes : enqute sur le statut des enfants (MFI) De nombreux ouvrages se sont rcemment alarms de ce quils nomment le phnomne des enfants-rois . A les croire, les enfants seraient devenus aussi tyranniques quingouvernables. Do le portrait sans concession de marmots aux caprices sans limites devant lesquels des parents dsormais dpourvus de toute autorit seraient bien en peine de rsister. Cest pourtant moins la remise en question du mythe que sattelle la psychanalyste Simone Korff-Sausse qu lanalyse de sa construction. Ainsi de la perte dautorit des parents, que la psychanalyste relie sans peine au fait quaprs avoir longtemps t pendant des sicles contempl comme un petit tas de chair vagissante, lenfant (voire le bb) se voit dsormais trait en adulte. Cest tout le paradoxe de la situation actuelle de lenfant dans notre socit. Ds lors que son statut devient plus galitaire, quil est considr comme un sujet part entire, lasymtrie inhrente la relation adulte-enfant sera forcment remise en cause. A partir de cette situation paradoxale, on voit se profiler chez les adultes des ractions contradictoires. Dune part, on veut bien renoncer lgalit, mais dautre part, on est bien oblig de tenir compte de la dpendance de lenfant. Certes. En cela, Simone Korff-Sausse ne fait que reprendre son compte les lignes dfinitives crites voici trente ans par la philosophe allemande Hannah Arendt dans La crise de la culture. Plus intressant, elle sattache au statut de lenfant-roi : nest-il pas, au fond, quune projection narcissique de ses parents (voire un reflet de nos socits ultra-consumristes)? Nombre de ses caractristiques, note la psychanalyste, se retrouvent dans le portrait que font les sociologues de lindividu moderne. Ainsi de son hyperactivit , nourrie de tches scolaires de plus en plus exigeantes auxquelles se surajoutent plthore dactivits sportives ou culturelles : quand un marmot de trois ans a un emploi du temps aussi surcharg que celui dun ministre, ne faut-il pas y voir le pendant de notre propre workaholism ? Plaidoyer pour lenfant roi, Simone Korff-Sausse, Hachette littrature, 237 pages. E. L. Le prtre et les sorciers (MFI) Licenci en thologie, prtre lui-mme, Baudouin Mubesala se propose desquisser ici un panorama : non pas, comme lindique le titre de son livre, celui de la religion traditionnelle en Afrique, mais plutt une tude de terrain sur les Ambuun, peuple de la Rpublique dmocratique du Congo. Ce qui pourrait passer pour une limite de louvrage se transforme ici en atout majeur : cest grce la prcision dune analyse que lon sent nourrie par une enqute approfondie que vaut ce livre clair et modeste, qui chappe par miracle au jargon universitaire autant quaux thorisations abusives si frquentes en ce domaine. La religion traditionnelle africaine, Baudouin Mubesala, LHarmattan, 322 pages. E. L. | |||
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