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16/03/2007 | |||
Chronique Musique | |||
La kora plurielle de Djeli Moussa Diawara (MFI) Il fait partie des virtuoses de la kora en Afrique de l’Ouest. Son nom : Djeli Moussa Diawara. Après avoir fait un bout de chemin avec le Kora Jazz Trio, auréolé d’un beau succès, le musicien guinéen revient en solo avec Sini (Celluloid/Rue Stendhal). Un CD à deux facettes : d’un côté, la tradition mandingue acoustique et, de l’autre, la pop africaine victime parfois des synthés. Parmi les perles, Mariam, qui ouvre l’enregistrement. Son atmosphère langoureuse nous plonge dans le répertoire proprement griotique, avec en prime la majestueuse flûte peule de Baba Gallé Kanté. Tout comme Kambélé fila, qui met en valeur le jeu extravagant du koraiste. Quant au titre de l’album, il fait la jonction entre la tradition et la modernité avec son beat urbain aux allures de techno de la brousse. Toujours au chapitre des morceaux ambiance maquis dansant, Djeli Moussa Diawara tire un coup de chapeau à Mory Kanté, son demi-frère, avec A nyan don qui n’est pas sans rappeler le tube planétaire Yeke Yeke. Citons enfin Doumanié, un zouk surprenant dont le mérite est de faire la connexion entre Conakry et les Antilles françaises. Dommage que la pochette ne donne pas quelques indications en français pour que l’on puisse saisir l’esprit de toutes ces chansons. Car, l’instrumentiste est aussi un véritable chanteur au timbre mélodieux. Originaire de Kankan en Haute-Guinée, ce fils d’une griote et d’un joueur de balafon a hérité d’un patrimoine musical conséquent. C’est pourquoi il est à l’aise sur tous les registres, comme dans cette production en home studio qui respire la spontanéité. Vieux Farka Touré sur les traces de son père (MFI) Il n’est autre que le fils du grand guitariste malien Ali Farka Touré disparu en 2006. Son père aurait souhaité qu’il entre dans l’armée comme son grand-père. Mais l’appel de la guitare était plus fort. Et le fiston relève plutôt bien le défi. Il continue à creuser le sillon du blues africain en lui insufflant une dimension novatrice dans son premier album international (World Village/Harmonia Mundi). Sur cet enregistrement, il y a des titres comme Tabara et Diallo réalisés en duo avec le maître disparu. Des morceaux inédits qui résonnent comme des témoignages artistiques d’un père à un fils. Une sorte de passage de flambeau. Avant de mourir, Ali Farka Touré conseilla à sa progéniture d’emporter la tradition comme une boussole permettant de la guider dans ses voyages musicaux. Un testament que l’enfant de Niafunké - village natal des Touré au nord du Mali - a su mettre à profit. Pour donner un nouveau souffle à la musique sonraï, née de la poussière et du soleil brûlant, le jeune artiste n’a pas hésité a mélanger sa guitare hypnotique du désert avec les rythmes du reggae cuivré comme sur le très réussi morceau intitulé Ana. Outre l’intérêt musical, notons qu’une partie des ventes de ce CD sera reversée à Bée Sago, une association affiliée à l’Unicef pour lutter contre la malaria dont sont victimes, entre autres, les enfants et les femmes enceintes au Mali. Bref, avec cet album concept, Vieux Farka Touré ne va pas tarder à se faire un prénom. | |||
Daniel Lieuze | |||
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