| |||
09/05/2007 | |||
Cinma : Regard belge sur lenfer de Oualata | |||
(MFI) Un documentaire de Pierre-Yves Vandeweerd, Le Cercle des noys, nom donn aux dtenus politiques noirs en Mauritanie, sort en salle* le 2 mai 2007 Paris. Un film voir. Pour mmoire. | |||
La premire projection du Cercle des noys, en Belgique, a eu lieu, au moment o dans une salle lointaine de la banlieue parisienne, les Forces de libration africaines de Mauritanie (FLAM) - canal historique - appelaient au boycott de la prsidentielle mauritanienne du 11 mars 2007. Autant dire quils prchaient dans le dsert. Une nouvelle gnration est venue attnuer - sans pour autant les effacer - les blessures de ces ans. Raison de plus pour dire combien le film de Pierre-Yves Vandeweerd est prcieux. Le ralisateur belge y retrace un pisode trs sombre de la rpression qui a frapp les opposants politiques ngro-mauritaniens la fin des annes quatre-vingts. Son documentaire voque linternement - de 1986 1991 - des intellectuels qui avaient publi un Manifeste contre loppression des Noirs par les Arabo-Berbres. Prs de vingt ans plus tard, filmes en noir et blanc, les images de la capitale, Nouakchott, renvoient bien lambiance qui prvalait lpoque : terrifiante. Lun des protagonistes, Fara B, raconte la premire personne (en pular - la langue des peuls) son arrestation le 4 septembre 1986, chez lui, sans mandat : LEtat a besoin de vous. Je dois vous emmener Ville de sable au lever du jour, puis sebkhas - ces dunes qui la sparent de lOcan. En priphrie de la capitale, la police a lou des maisons des particuliers B rapporte son rve, fait la veille : la nuit, labattoir, un enclos en plein air, quand ses yeux tentaient dviter le regard dun chameau. Puis la lumire blafarde dune ampoule envahit lcran La torture, ctait la nuit. Je lai vcue jusque dans mon sang. Je ne peux plus la dcrire alors que reste intacte dans la mmoire la douleur des autres . Rares silhouettes balayes par le vent Les quelque 22 camarades dinfortune passeront prs dune anne la prison civile de la capitale avant dtre jugs lors dun procs sommaire accuss dappartenir une organisation clandestine qui fait de la propagande raciste, les FLAM. Leurs femmes, voiles sous une montagne de dentelle blanche, racontent leur surprise lorsque leur droit de visite steint sans crier gare. Route ensable (route de lEspoir), tente dchire, rares silhouettes balayes par le vent, arbres secs, chameaux, des nes aussi Puis lancien fort franais, construit aux abords de Oualata, cette cit du dsert, distante de plus de mille kilomtres lest de Nouakchott. Cit o lpoque du prsident Maaouyia ould Taya, tout visiteur y pntrant tait pri de livrer son passeport aux militaires le temps de son sjour... Oualata, autrefois symbole de la culture mauritanienne en noir et blanc si caractristique de la zone saharo-sahlienne faite de brassages et de mtissages. Le traitement du film rappelle incidemment loption dAbderrahmane Sissako dans Le Jeu - o des enfants jouent dans les dunes de sable autour dun bunker, allusion lautre conflit, celui du Sahara occidental, o les autorits de Nouakchott, un temps, stait emptres Mais ici, lhistoire, crite en creux, est belle et bien relle. Un cauchemar qui curieusement prendra fin aprs les vnements inter-raciaux de 1989 juste au moment des grandes rafles des bergers peuls du Guidimakha. Antoinette Delafin Du 2 au 8 mai 2007, des rencontres auront lieu lEspace Saint-Michel. Renseignements : zeugma-films@noos.fr | |||
|