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| 09/05/2007 | |||
| Spcial Cannes 2007 (2) Le plus jeune cinma du monde | |||
| (MFI) Depuis cinquante ans, les films dAfrique nous donnent voir des histoires dhier et daujourdhui, des histoires ancres dans le prsent de socits en pleine mutation ou leur mmoire, et conues par des artistes qui sont autant de vigies . | |||
| Un homme passe, emptr dans un vieux sac militaire, claudiquant maladroitement, une bquille sous lpaule pour remplacer sa jambe emporte par une mine. Un homme meurtri qui veut vivre, travailler, exister dans une socit qui ne le reconnat pas, lui qui a donn des annes de sa vie pour sa patrie, lui, le hros de guerreNous sommes en Angola, et cest lacteur sngalais Makna Diop qui joue le rle principal du film de Zz Gamboa, Un hros, ralis en 2004. Ailleurs, dans un village, une femme seule se bat contre la tradition pour protger quatre petites filles de lexcision Moolaade, du Sngalais Sembne Ousmane, lan des anciens , explore lui aussi (en 2004) un thme daujourdhui, o lAfrique se donne voir. Juste des images et des images justes, celles dun continent en mouvement. Les cinmatographies dAfrique ont aujourdhui cinquante ans. Elles comptent parmi les plus jeunes du monde, au moins techniquement. Tant il est vrai, comme on le dit souvent du ct de Dakar, quen Afrique, bien avant linvention de la camra, les griots avaient invent les images. De lAfrique du Sud lAngola, de la Mauritanie au Tchad, du Sngal au Gabon, du Cameroun au Zimbabwe, malgr les difficults financires, les problmes sociaux et politiques, les convulsions nes de laccouchement difficile du modernisme, les cinastes tournent. Certes, on ne compte pas plus dun film par an et par pays en moyenne. Certes, de trs nombreuses salles du continent sont labandon ou transformes en magasins de riz. Certes, le cinma nest pas une priorit dans des pays en difficult. Certes, le continent ne dispose que de rares coles de cinma et laide des bailleurs de fonds occidentaux garde le cinma sous perfusionMais ils tournent. Les cinastes utilisent toutes les formes, tous les genres, toutes les ressources, tous les formats. Ils font films de tout bois, aids en cela par des acteurs souvent excellents, rompus lart du thtre, du conte, de la danse, et qui ont fait leurs classes dans le monde entier. Des acteurs qui ont pour nom Sotigui Kouyat, Maka Kotto, Habib Dembl, Makna Diop, Fatou NDiaye ou Assa Maga pour nen citer que quelques uns daujourdhui Mythes et ralits Si leur cinma se nourrit souvent du rel et des questions lies lmigration (Paris selon Moussa, du Guinen Cheikh Doukour) ou du contexte particulier de leur pays (Un Hros, de lAngolais Zeze Gamboa), ils abordent aussi avec bonheur le genre policier (Le Fleuve de Mama Keita, avec Stomy Bugsy en cavale au Sngal), la comdie musicale (Na Fahla de Flora Gomes), voire la comdie tout court, dont le spcialiste du genre est sans conteste le Bninois Jean Odoutan, entre humour franc et tendresse. Dans leurs films, la douleur ctoie lespoir et la drision, la posie flirte avec lhumour et lmotion, lamour nest jamais loin. Il faudrait parler aussi des films pour enfants, des contes, des dessins anims :Moustapha Alassane, au Niger, aprs avoir rinvent la lanterne magique dans les annes cinquante, fait aujourdhui des dessins anims sur ordinateur dans son atelier perdu dans le dsert ; un grand studio danimation a t cr Dakar, o uvrent 60 dessinateurs (Pictoon). Il y a aussi une vritable cole de documentaristes, riche de cinastes qui ont arpent tous les chemins de traverse cinmatographique linstar de leurs grands ans (Djibril Diop Mambety, Mahama Traor, Inoussa Ousseini) comme le Sngalais Flix Samba NDiaye, le Camerounais Jean-Marie Tno (Le malentendu colonial), le Congolais Mweze Ngangura (Les habits du gouverneur). Les cinastes se rapproprient aussi leur histoire, celle de lAfrique contemporaine et des grands hros modernes (Lumumba, Cabral), mais aussi celle des mythes fondateurs. Rien de tel que leur parole et leurs images pour nous faire partager et mieux comprendre leur monde, o souvent la ralit invisible affleure en surface, battant en brche les pouvoirs temporels dictatoriaux, les compromissions et trahisons de tous ordres. Ce qui nous vaut des films magnifiques et envotants comme Yeelen de Souleymane Ciss, ou La Gense de Cheikh Oumar Sissoko, tous deux du Mali. Suivant en cela la piste dfriche par Sembne Ousmane, Oumarou Ganda, Ababacar Samb, ou Moustapha Alassane, ces pionniers, les cinastes daujourdhui nous ouvrent les portes dun autre monde, riche de spiritualit et dimaginaire, o la dignit nest pas un vain mot. Catherine Ruelle Cet article est extrait de Cinmas africains daujourdhui, Guide des cinmatographies dAfrique, un livre ralis par Mdias France Intercontinents (MFI), lagence de RFI, en partenariat avec Canal France International (parution mai 2007). Il inaugure la collection des Passeports RFI, initie avec les ditions Karthala. La politique ddition de RFI vise proposer au grand public des ouvrages de rfrence, sur des thmes intressant les millions dauditeurs de la radio mondiale, ainsi que tous les lecteurs et ils sont de plus en plus nombreux dsireux de mieux connatre leur environnement international. | |||
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