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| 07/08/2007 | |||
| Ballaciner : Le Clzio rend hommage au cinma | |||
| (MFI) Jean-Marie Le Clzio raconte laventure du cinma. Quest-ce que le cinma ? Do vient-il ? O va-t-il ? Un va-et-vient entre histoire du cinma et rflexion de lcrivain sur loriginalit du septime art. | |||
| La quatrime de couverture du dernier opus de lcrivain franais Jean-Marie Le Clzio claire lnigme de son joli titre: Ballaciner, cest tomber du ciel/de nuage en nuage /au milieu des clairs . Un nologisme leclzien pour parler du cinma qui est le sujet de ce magnifique essai organis comme un film : en intermdes, en dialogues et en ballades dans le monde enchant du septime art. Le point de dpart de cette ballade, cest la lune. Claire dans la nuit, autour de la terre errante, sa lumire vient dailleurs , crit lauteur en citant le Grec Parmnide. Ce dernier nimaginait sans doute pas quen chantant lloge de lastre de la nuit, il tait en train de proposer les fondements dun art du futur, vingt-cinq sicles avant son mergence. Nuit, terre, lumire dailleurs : en effet, pour Le Clzio tout y est, tout ce qui fait loriginalit du septime art: Cette lumire dailleurs qui claire lcran, comme celle que reflte la lune, a besoin de la nuit ; lastre est semblable un disque, un miroir, ou plutt une lune lentille, nest-ce pas lui qui a invent le projecteur, ou la camera obscura, en projetant sa propre image travers les interstices des feuilles des arbres ? (...) Et la camra, le projecteur, ces machines inventes pour nous restituer une lumire dailleurs, nont-ils pas restitu la qualit mme de cette lueur lunaire, trop blanche, trop contraste, la lumire nocturne, pour que nous puissions vivre notre vie rve dans la chambre noire des salles de cin, loin, si loin de la ralit ? Le septime art, ouverture sur le monde Paru loccasion du Festival de Cannes qui a clbr cette anne ses soixante ans dexistence, Ballaciner mle astucieusement des rflexions parses sur lart cinmatographique notamment la mtaphore lunaire, le rapport du cinma avec la ralit lhistoire du cinma (depuis les productions des frres Lumire jusquau Cycliste de lIranien Mohsen Makhmalbaf, en passant par les classiques du cinma europen, le cinma japonais, le no-ralisme italien et le Bollywood indien) et lhistoire personnelle de lauteur, celle de sa dcouverte des films muets lge de sept-huit ans, dans le corridor de lappartement de sa grand-mre, grce un projecteur Path Baby de films en 8 mm. A travers ces films, lenfant quil tait dcouvrait le monde extrieur : Jai dcouvert ce que ctait que la rue, les villes, la guerre, les incendies, lavion et les sous-marins... Cette relation troite que le cinma entretient avec le monde fait, selon Le Clzio, la spcificit de cet art dimages et de sons, alors que la littrature, faite de mots, entrane vers des mondes intrieurs, invisibles, inconnus. On lira aussi ce livre pour ltonnante prface qui lintroduit sous la plume de Gilles Jacob. Etonnante car ce sont des pages minemment littraires que nous propose le prsident du Festival de Cannes et commanditaire de cet essai-hommage au cinma. La description mouvante par Jacob de son adolescence cartele entre la littrature et le cinma, de sa rencontre avec Andr Gide au sortir dun cocktail parisien o lauteur des Faux-monnayeurs ctoyait Orson Welles et Cocteau, est digne dune anthologie des meilleurs rcits dducation sentimentale et intellectuelle. Ce jeu de miroir entre lloge de la littrature par le grand monsieur du cinma et la clbration de lunivers cinmatographique par un monument de la littrature franaise contemporaine, nest pas la moindre des qualits de ce rcit-cocktail vibrant et gnreux, comme seul Le Clzio sait en concocter. Ballaciner, par Jean-Marie Le Clzio. Editions Gallimard, 192 pages, 18,50 euros. | |||
| Tirthankar Chanda | |||
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