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22/01/2008
Chronique Musique : Diely Moussa Kouyat ; Cheikha Rabia

Diely Moussa Kouyat rassemble la communaut mandingue

(MFI) Enormment sollicit pour accompagner les grands artistes ouest-africains depuis une trentaine dannes, le guitariste guinen na pas eu le temps denregistrer beaucoup dalbums sous son nom. Avec Le temps (Universal jazz), son troisime disque, Diely Moussa Kouyat sest donc fait plaisir. Un enregistrement o il a convi les grandes voix africaines comme Salif Keita, Kante Manfila, Mamani Keita, Abdoulaye Diabat..., histoire de leur renvoyer lascenseur. Du premier au douzime titre, ce disque nous fait voyager dans lunivers des musiques mandingues modernes alliant nergie rythmique et ballades sahliennes. Comme le titre ponyme de lalbum, pice instrumentale qui illustre le subtil jeu la guitare acoustique et lectrique de Diely Moussa Kouyat. Sur Doukoure Mousso, lauteur compositeur se veut plus traditionnel avec la prsence de la cantatrice Manian Demba, dont la voix est porte par les balafons. Autre titre significatif : Iden. Un morceau au groove balanc marqu par des riffs de guitare aux accents rock. La perle de cet opus est sans nul doute Na Kankou chant par la voix dor du Mali faisant des louanges la ligne des Kouyat. Je suis issu de la grande famille des Kouyat de Kouroussa, en Guine. Nous reprsentons depuis quatre-vingts gnrations la plus illustre dynastie de griots de tout le pays mand , prcise le musicien. Griot aussi laise la guitare quau balafon, il a collabor toutes les grandes formations que compte lAfrique subsaharienne, depuis ses dbuts dans les annes 70, comme le fameux Rail Band de Bamako ou le clbre Bembeya Jazz National de Conakry. Bref, Le temps rappelle cette grande poque et surtout met en lumire les liens culturels troits entre le Mali et la Guine. Dommage que le livret du cd ne donne que peu dindications sur les textes.

Cheikha Rabia, lhritire du ra trab

(MFI) Depuis son arrive Paris, il y a une trentaine dannes, lartiste algrienne a enregistr peu dalbums. Do lintrt de Liberti (Dinamyte Records/Buda music) sur lequel Cheikha Rabia rend hommage aux femmes qui chantent le ra. Il ne sagit pas de nimporte quel ra, puisquelle chante le ra trab, celui du terroir. Un genre authentique chant autrefois par les meddehates (femmes musiciennes) lors des veilles dans lOuest algrien. En voie de disparition aujourdhui sur sa terre dorigine, le ra trab est pourtant lanctre du ra que lon connat aujourdhui. Avec sa voix caverneuse, quasi-mystrieuse, Cheikha Rabia est un peu la fille spirituelle de Cheikha Rimitti la matresse du genre disparue en 2006. Ct textes, les sujets sont souvent tristes et nostalgiques comme Matsaksoumich, Nebrik, et Setif lahli, trois chansons qui parlent damours contraries. Mais une lueur despoir brille aussi sur dautres titres comme Touba galbi toub. Pour soutenir ces complaintes narratives, la chanteuse est accompagne par les instruments typiques de ces musiques ancestrales du Maghreb. La gasba (flte en roseau) au timbre enivrant, le galal (gros tambour main) et le tar (tambourin aux sonorits subtiles de cuivre et de bois) enttants. Cette orchestration est la marque de fabrique du ra trab, qui nest pas sans rappeler la musique de transe des confrries soufies. Originaire de Relizane, ville des plaines oranaises, Rabia commence sur les scnes des cafs algrois et se fait un petit nom. Mais cest en France quelle dmarre rellement sa carrire, notamment au Bdjaa Club , lun des derniers lieux parisiens o lon peut encore couter du ra trab. Reste souhaiter que ce dernier album marque le retour en force de Cheikha Rabia qui, lheure actuelle, est quasiment la seule perptuer ce groove hors du temps.



Daniel Lieuze

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