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29/01/2008 | |||
Le pays des droits de lhomme veut devenir celui des droits de la femme | |||
(MFI) Une dlgation franaise sest rendue Genve dans le cadre du suivi de la Convention des Nations unies pour llimination de la discrimination lgard des femmes, ratifie en 1983 par la France. Lquipe tricolore a t auditionne par le comit li cette convention (CEDAW) pour valuer les avances ralises en matire de droits de la femme. La secrtaire dEtat la Solidarit, Valrie Ltard, qui dirigeait la dlgation en Suisse, en a profit pour faire un tat des lieux de la politique franaise envers les femmes. | |||
Que fait la France pour amliorer les conditions de vie de ses femmes ? La patrie des droits de lhomme est-elle aussi en pointe sur les droits de sa seconde moiti ? Cest en tout cas ce que la France a tent de dmontrer au Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes (CEDAW), lors dune audition rcente, Genve, dans le cadre de la Convention des Nations unies du mme nom, adopte en 1983 par lHexagone. Tous les quatre ans, les pays ayant ratifi cette convention doivent rendre compte de la mise en uvre de leurs engagements. Cette anne, la secrtaire dEtat la Solidarit, Valrie Ltard, menait la dlgation franaise : Il sagissait pour moi de tmoigner des efforts accomplis, de prsenter les principales orientations de la politique dont jai la charge. Cette politique sarticule autour de quatre grands axes : La lutte contre les discriminations, lengagement pour lgalit professionnelle, la sant et le combat contre la violence faite aux femmes. La France sest dote dun arsenal juridique trs complet pour protger les femmes contre les pratiques et les comportements discriminatoires , rappelle madame le ministre. Le gouvernement se prvaut, en la matire, de la cration de la Haute autorit de lutte contre les discriminations et pour lgalit. Toute femme sestimant lse peut saisir cet organisme. Toutefois, Valrie Ltard est consciente que les femmes ne lutilisent sans doute pas encore assez. Elle pointe galement une deuxime difficult : la double discrimination en raison du sexe et de lorigine ethnique dont sont victimes les femmes issues de limmigration , face aux employeurs notamment. Cration dun label Egalit Plus gnralement, les femmes dans leur ensemble souffrent dingalits par rapport aux hommes dans le monde du travail. Les femmes accdent moins que les hommes aux postes les plus levs. Elles subissent, plus que les hommes, le temps partiel. Lcart entre les salaires horaires bruts des femmes et des hommes est de 19 % , numre lex-snatrice du Nord. Pour pousser les entreprises mettre fin ces ingalits, elle senorgueillit de la cration du label Egalit . De plus, elle et Xavier Bertrand, son ministre de tutelle charg du Travail, ont runi une confrence sur le sujet en novembre 2007. Il en est sorti une mesure que lancienne adjointe au maire de Valenciennes expose ainsi : Passe la date du 31 dcembre 2009, une sanction financire sera encourue par les entreprises qui nauront pas tabli de plan de rsorption des carts salariaux. Depuis le 31 janvier 2007, une loi comparable est applique en vue dobtenir la parit entre les hommes et les femmes en politique. Cette loi renforce les sanctions financires lencontre des partis politiques qui ne respecteraient pas les exigences lgales de parit , explique Valrie Ltard. Mais les sanctions sont inefficaces car les partis prfrent payer des amendes plutt que de prsenter des candidates aux diffrentes lections. Dailleurs, la reprsentation des femmes lAssemble nationale et au Snat franais reste infrieure celle de la majorit des pays europens. Llue veut croire en une amlioration grce la mission de rflexion confie, par le prsident Nicolas Sarkozy, Simone Veil pour introduire dans le prambule de la Constitution franaise la mention de lgalit entre les deux sexes. Par ailleurs, sur la question de la sant des femmes, Valrie Ltard fait part dune mesure chaleureusement accueillie par le tissu associatif fministe. Le dispositif IVG en ville mis en place rcemment, qui permet daccder une interruption volontaire de grossesse en dehors des hpitaux, assure un accs facilit lIVG mdicamenteuse , note-t-elle. Cependant, il reste encore beaucoup faire dans ce domaine. En effet, malgr une diffusion massive de la pilule contraceptive depuis quarante ans, le nombre de grossesses non-dsires est toujours trs lev. Face cette situation, une campagne nationale dinformation sur la contraception vient dtre lance par le ministre de la Sant , affirme la secrtaire dEtat. Nous pouvons encore progresser Dernier grand chantier de la politique franaise envers les femmes : le combat engag contre la violence faite aux femmes. Notamment au sein du couple. En 2006, une femme est morte tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Ces violences ont, en outre, un impact conomique estim, au bas mot, un milliard deuros , avance la secrtaire dEtat. Pour amliorer la prise en charge des victimes, nous avons cr en 2007 un numro dappel unique, le 3919. Ce numro de tlphone pourra aussi tre utile pour les femmes victimes de toutes les autres sortes de violences physiques ou psychologiques. Parmi elles, les femmes issues de limmigration sont particulirement touches. On constate par exemple toujours de nombreux mariages forcs. Pour en diminuer le nombre, lge lgal du mariage des filles est pass de 15 18 ans. Autre problme : on estime environ 50 000 les femmes excises en France. Face ce flau qui touche surtout les femmes venant de certains pays dAfrique occidentale, le ministre compte sappuyer sur la pdagogie : Nous allons travailler avec les quipes de Rachida Dati (ministre de la Justice, ndlr) pour mieux appliquer les lois dj en vigueur. Mais nous devons avant tout privilgier la prvention et linformation auprs de ces femmes en sappuyant sur le milieu associatif qui est trs mobilis sur le sujet. En tout cas, nous pouvons encore progresser. | |||
Jean-Philippe Chognot | |||
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