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22/07/2008
Thtre en Avignon 2008
Les rendez-vous ultramarins de la Chapelle du Verbe incarn


(MFI) Fidle sa vocation multiculturelle, le thtre de la Chapelle du Verbe incarn a concoct pour cette nouvelle dition du Festival dAvignon 2008 un programme trs riche qui fait cohabiter lAntillaise Maryse Cond avec le souvenir du Kanak Jean-Marie Tjibaou ou les marionnettes de la Guyane. En onze ans dexistence, la Chapelle du verbe incarn, o se produisent les troupes de thtre ultramarines, est devenue un lieu incontournable du Festival dAvignon.

Dans un livre-souvenir publi lanne dernire, loccasion du dixime anniversaire de ce thtre, ses directeurs Greg Germain et Marie-Pierre Bousquet racontent, en chiffres et en lettres, les ingrdients de leur aventure avignonnaise. Le Toma (Thtre dOutre-mer en Avignon), depuis dix ans, cest, expliquent-ils : 69 spectacles prsents, dont 52 pices de thtre, 16 spectacles de danse, 1 film, 70 rencontres/dbats/lectures organiss sur diffrents thmes, 60 000 spectateurs accueillis, 23 rgions du monde reprsentes.
Cest sans doute dans ce dernier chiffre quil faut chercher le sens et la raison du succs que connat la Chapelle du Verbe incarn, lieu au nom prdestin. Au sein dune manifestation thtrale quasi exclusivement tourne vers la production franco-franaise et europenne, le TOMA marque sa diffrence en accueillant des troupes et artistes des rgions de lOutre-mer, mais aussi des autres rgions du monde (rsolument ailleurs toutes , pour citer le titre dun spectacle programm cette anne). Objectif : montrer que la culture franaise nest pas seulement franaise ou europenne, mais aussi diverse et multiculturelle. De par son histoire (coloniale), de par sa situation gographique au carrefour des mondes atlantique et mditerranen. On aura compris, cest laffirmation de cette ralit souvent oublie qui fait la spcificit de la Chapelle. Une affirmation qui ne va pas de soi car, comme le rappelle le duo Germain et Bousquet, cest long, trs long de convaincre de la beaut de la diversit, des richesses qui se dvoilent lorsque sentrechoquent des imaginaires divers .

Les mythes de locan Indien

Sil est difficile de convaincre les bailleurs de fonds chaque anne du bon usage du divers et du tout-monde, le public, lui, a t rapidement conquis par cette thmatique, comme en tmoigne la foule qui se presse lentre de la Chapelle au dbut des nombreux spectacles et rencontres quelle accueille. Elle vient voir cette anne notamment M Ravan, drame au carrefour du thtre, de la musique et de la chorgraphie. Cest une production du Thtre Talipot de la Runion. Inspir de la ravanne tambour rond commun toutes les les de locan Indien , ce spectacle fait entrer en rsonance lnergie de la ravanne avec la mmoire des anctres, de celle des terres dorigine de lautre ct des ocans. M Ravan sinspire, expliquent ses producteurs, des mythes de locan Indien, des voyages, des exils, des ruptures, des grandes traverses. Il met en scne le besoin urgent, au-del des blessures de lHistoire, de retrouver les liens, les filiations, dune le lautre, dune rive lautre, dun monde lautre, le besoin de faire corps. Cela donne un spectacle cathartique et envotant, limage de ce lieu de mtissage et de confrontations quest la Chapelle du verbe incarn.
Parmi les autres spectacles de la Chapelle qui font courir cette anne les festivaliers, il faut citer le thtre des marionnettes de la Guyane qui emporte les spectateurs au cur de la vie amazonienne, de ses mystres et de ses mythes, Les Bonnes de Jean Genet, revisites par le thtre martiniquais et, last but not least, une comdie cruelle de lamour et de la trahison mise en scne par Greg Germain en personne. Enfin, quatre vnements ont ponctu la vie de la Chapelle cette saison : hommage Aim Csaire, travers des lectures qui ont fait entendre la force et la cohrence dune parole de rvolte qui ne meurt pas, projection dun film racontant le pardon et la rconciliation la caldonienne, et deux mises en lecture des textes de lIvoirien Koffi Kwahul et de la Guadeloupenne Maryse Cond. Tout au long du mois, on peut aussi venir voir dans la galerie de la Chapelle les uvres lumineuses de la plasticienne dorigine chilienne Federica Matta. Vritable passeuse, celle-ci dessine, peint, sculpte et crit, tablissant des passerelles entre les genres, les univers, les couleurs et les imaginaires. Delle a crit son ami Edouard Glissant : Elle dessine et elle peint dans toutes les langues du monde : cest par l que Federica Matta frquente une innocence sacre, celle des dbuts de tout langage et de premiers mots du pome, celle des lgendes dtoiles et des souffrances et des ignorances, qui font encore les histoires des peuples.


* Tous les spectacles se jouent jusquau 2 aot. Pour plus dinformations : www.verbeincarne.fr

Tirthankar Chanda

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