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25/11/2008
Les ingalits, obstacles lducation de millions denfants

(MFI) Alors que souvre Genve, la 48e session de la Confrence internationale de lducation sur le thme Lducation pour linclusion : la voie de lavenir, le rapport annuel de lUnesco rendu public ce 25 novembre 2008 confirme que des millions denfants dans le monde sont condamns la pauvret du fait de lincapacit rduire les ingalits profondes dans lducation. A Genve est aussi discut LAppel de Bruxelles , dont lobjectif principal est de mobiliser pour une rgulation du march de lducation, lieu de nombreuses drives.

Lorsque les systmes financiers seffondrent, les consquences sont patentes et les gouvernements agissent, constate le directeur gnral de lUnesco(*), Kochiro Matsuura. Lorsque les systmes ducatifs chouent, les consquences sont moins visibles, mais tout aussi relles. Lingalit des chances en ducation alimente la pauvret, la faim et la mortalit infantile et rduit les perspectives de croissance conomique. Cest pourquoi les gouvernements doivent agir avec un plus grand sentiment durgence. Les disparits inacceptables observes dans lducation au niveau national et mondial sont en train de saper les efforts de ralisation des objectifs internationaux de dveloppement : telle est lessence du message port par le Rapport mondial de suivi sur lducation pour tous 2009, qui vient dtre rendu public. Publi chaque anne depuis 2002, dans le sillage du Forum mondial sur lducation qui sest tenu Dakar (Sngal) en 2000, il a pour objectif de faire le point sur ltat davancement des objectifs de lEducation pour tous dont lchance est fixe 2015.

Des perspectives dducation rduites pour cause de malnutrition

Sous le titre Vaincre lingalit : limportance de la gouvernance, le rapport dnonce leffet conjugu de lindiffrence politique, de politiques nationales inefficaces et de promesses internationales non tenues. Il voque le large foss qui spare les pays riches des pays pauvres. Dans les pays en dveloppement, un enfant sur trois en ge dintgrer lcole primaire (soit 193 millions denfants) souffre de lsions crbrales et de perspectives dducation rduites pour cause de malnutrition. La forte croissance conomique de certains pays na gure contribu rduire la malnutrition infantile, ce qui fait douter de lefficacit des politiques actuelles. En outre, 75 millions denfants en ge de frquenter lcole primaire dont prs du tiers vit en Afrique subsaharienne ne sont pas scolariss.
Les disparits nationales sont le reflet des ingalits mondiales. Alors quun bon tiers des enfants des pays riches achve des tudes suprieures, dans la majeure partie de lAfrique subsaharienne, ils sont moins nombreux aller jusquau terme de lenseignement primaire, et 5 % seulement parvenir au niveau universitaire. Mais la richesse nest pas le seul marqueur de dsavantage : les filles continuent dtre pnalises, et les handicaps lis la langue, lappartenance ethnique et spatiale demeurent insurmontables. Au Sngal, les enfants des zones urbaines ont deux fois plus de chances dtre scolariss que les enfants des zones rurales.

En 2015, au Nigeria, encore 7,6 millions denfants non scolariss

Le rapport dresse le bilan des progrs accomplis dans la ralisation dobjectifs cls comme la protection et lducation de la petite enfance, luniversalisation de lenseignement primaire, lgalit entre les sexes En matire dducation primaire universelle (EPU), par exemple, les progrs sont prodigieux dans certaine rgions : lAfrique subsaharienne et lAsie du Sud et de lOuest ont vu bondir leurs taux nets de scolarisation depuis 1999. La Tanzanie et lthiopie ont chacune rduit le nombre des non scolariss de plus de 3 millions. Mais au total, le monde est mal parti pour atteindre lEPU dici 2015, lun des objectifs internationaux du dveloppement.
Les projections partielles sous-values, puisquen sont exclus des pays en conflit comme le Soudan ou la Rpublique dmocratique du Congo indiquent quil restera 29 millions denfants non scolariss en 2015, dont 7,6 millions au Nigeria, 3,7 millions au Pakistan ou plus dun million en thiopie et au Burkina Faso Or ces chiffres noffrent quun baromtre partiel de ltendue du problme, puisque des millions denfants entament une scolarit mais labandonnent avant davoir achev le cycle primaire.
Pour rattraper ces retards, des rformes denvergure et des investissements plus massifs sont ncessaires. Dans de nombreux pays, les systmes scolaires souffrent dun manque chronique de financement et de ressources humaines. Rien quen Afrique subsaharienne, il faudra recruter 3,8 millions denseignants dici 2015 pour parvenir lenseignement primaire universel. Certaines politiques sont susceptibles de remdier aux ingalits les plus criantes : suppression des droits de scolarit dans lducation de base, investissements accrus de ltat, incitations financires la scolarisation des filles et des groupes marginaliss, amlioration de la qualit de lducation. La dcentralisation est par contre un facteur potentiel dingalit, dans la mesure o elle creuse lcart de financement entre rgions riches et rgions pauvres.

Laide internationale ne tient pas ses promesses

Les engagements internationaux ne sont pas respects, accuse le rapport, qui parle d chec collectif de la communaut des donateurs. Il manquerait quelque 7 milliards de dollars annuellement pour raliser lducation de base dici 2015. En 2005, les donateurs staient engags augmenter leur aide de 50 milliards de dollars dici 2010. Or les engagements actuels font craindre un dficit de financement de 30 milliards, dont prs de la moiti pour lAfrique subsaharienne.
Les auteurs sont particulirement critiques lgard des pays qui raffectent leur aide au profit de lenseignement suprieur. Si des pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni consacrent plus de 60 % de leur budget daide lducation de base dans les pays faible revenu, dautres nont pas les mmes priorits. En France, la part daide lducation affecte lducation de base dans les pays pauvres nest que de 12 %. En Allemagne, elle ne dpasse pas 7 %. Ces deux pays privilgient le financement de laccueil dtudiants trangers dans leurs propres universits , constate le rapport, qui exhorte aussi les tats-Unis et le Japon consacrer laide au dveloppement une plus large part de leur revenu national.


En savoir plus sur le rapport : www.unesco.org/education


Lappel de Bruxelles : lducation, une marchandise ?

(MFI) Les auteurs du rapport de lUnesco sont rservs sur les politiques visant compenser les carences de ltat en recourant au secteur priv : Si loffre prive peut savrer utile dans certaines zones, lducation pour tous doit reposer dabord sur des services publics dducation de base efficaces et abordables , estime Kevin Watkins, directeur du rapport. Un point de vue partag par les signataires de lAppel de Bruxelles sur le rle de lEtat en tant que rgulateur des services de lducation, adopt le 23 mai 2008 par les dlgus de plus de 50 Etats et de 10 organisations internationales runis linitiative du gouvernement de la Communaut franaise de Belgique.
Comment faire en sorte que tous les oprateurs de lducation, quils viennent du secteur public, du secteur priv ou de la socit civile rpondent effectivement des exigences communes quant la qualit et lquit du service rendu ? Constatant que la Convention sur la diversit culturelle adopte en 2005 par lUnesco a t laboutissement de lide selon laquelle la culture nest pas une marchandise, les signataires de lAppel de Bruxelles veulent, face aux risques de drives commerciales et idologiques dun enseignement totalement indpendant des pouvoirs publics, mobiliser la communaut internationale en posant une seule question : si la culture nest pas une marchandise, lducation peut-elle tre considre comme une marchandise ?

En savoir plus sur lAppel de Bruxelles : http://www.wbri.be


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