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26/05/2009 | |||
Derek Walcott au cœur d’un scandale « poétique » à Oxford | |||
(MFI) Accusé d’harcèlements sexuels, le caribéen Derek Walcott a dû retirer sa candidature du poste de professeur de poésie à l’université d’Oxford. La candidate élue à ce poste a, elle aussi, dû démissionner pour avoir participé à la campagne contre Walcott. | |||
L’imbroglio se poursuit à l’université d’Oxford avec la démission de Ruth Padel de la prestigieuse chaire de poésie où elle a été élue il y a à peine une semaine. La poétesse britannique, une arrière-arrière petite-fille de Charles Darwin, était accusée d’avoir envoyé des courriels à la presse dénonçant Derek Walcott qui, lui aussi, était candidat à ce poste envié. Jusqu’à encore deux jours, Padel démentissait avec vigueur les accusations, mais a fini par reconnaître ses agissements sous la pression de ses pairs. Créé il y a trois siècles, le « poet-in-residence » à Oxford est un poste éminemment prestigieux, occupé dans le passé par Matthew Arnold, W.H. Auden, Seamus Heaney et quelques autres grandes figures de la littérature anglaise. Nommé pour cinq ans, l’heureux élu a pour seules tâches de donner des conférences et de participer à des séances de lecture de sa propre production poétique. D’habitude, comme on peut l’imaginer, cette élection est une affaire discrète, coordonnée par les enseignants et les étudiants de la vénérable université. Or, cette année, la procédure a été entachée de controverses. De vieilles histoires datant d’il y a vingt-cinq ans Tout a commencé par la réception par les membres du jury, quelques semaines avant le vote, de documents envoyés par la poste par un expéditeur anonyme, mettant en cause la moralité de l’un des candidats. Incriminé : Derek Walcott, poète caribéen et prix Nobel de littérature 1992. Considéré comme le plus grand poète vivant de langue anglaise, Walcott était le favori pour le poste... jusqu’à ce que les journaux se saisissent de l’affaire, faisant écho aux vieilles accusations d’harcèlement sexuel portées par le corbeau contre le poète. Ces histoires datent d’il y a vingt-cinq ans, lorsque Walcott était professeur à Harvard, puis à Boston. Appelé à s’expliquer devant le conseil universitaire, le poète aurait à l’époque rétorqué que son style d’enseignement était « délibérément personnel et intense » et avait pour objectif de « pousser » les étudiants à jeter dans la quête poétique « tout ce qui compte pour eux dans la vie » ! Une explication dont les journaux britanniques n’ont pas manqué de se moquer, conduisant le barde de la Caraïbe à se retirer de la course. La démission de Padel, certes, clarifie la situation, mais il y a peu de chance que Walcott, extrêmement choqué par la campagne médiatique des dernières semaines contre lui, veuille de nouveau se porter candidat et ainsi revenir sur le devant de la scène. C’est dommage pour la poésie. « Et une grande perte pour l’université d’Oxford qui vient de rater la chance d’écouter les enseignements dispensés par l’un des plus grands poètes du monde », a estimé Hermione Lee, spécialiste de la poésie anglaise contemporaine. | |||
Tirthancar Chanda | |||
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