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11/08/2009
Chronique Environnement :Un fournisseur de Gap accus de pollution au Lesotho ; Les Irakiens souffrent du manque deau ; Les produits bio, pas meilleurs.

Un fournisseur de Gap accus de pollution au Lesotho

(MFI) A en croire le journal britannique Sunday Times, une fabrique de jeans installe Maseru, la capitale du Lesotho, et travaillant essentiellement pour Gap et Levi Strauss, rejette des dchets toxiques dans une rivire voisine, au point que leau est dsormais bleu fonc. Or, les riverains se servent de cette rivire pour cuisiner et se laver.
La fabrique incrimine appartient Nien Hsing, un groupe tawanais. Elle dverserait galement en toute illgalit des rasoirs et des produits chimiques dangereux, comme de la soude caustique, dans plusieurs dcharges voisines. Or, les chiffonniers sont souvent des enfants qui vivent dans la rue ou des bidonvilles et trouvent l de quoi survivre. Selon lenqute du Sunday Times, plusieurs de ces enfants se plaignent de troubles respiratoires, de larmoiements et de dmangeaisons.
Sensible son image de firme respectueuse de lthique, Gap a immdiatement demand un organisme indpendant de mener une enqute sur cette affaire ; dans lattente des rsultats, elle a suspendu son contrat avec Nien Hsing. Levi-Strauss a fait de mme. Ce nest pas la premire fois quun fournisseur de Gap est mis en cause. Lanne dernire, un sous-traitant indien avait t accus de faire travailler des enfants. Le Lesotho est trs dpendant de son industrie textile, qui appartient le plus souvent des groupes tawanais installs dans le pays depuis plus de trente ans.

Les Irakiens souffrent du manque deau

(MFI) Aprs la dictature, la guerre contre lIran, linvasion amricaine, la guerre civile et le terrorisme, les 25 millions dIrakiens font face un autre flau : le manque deau. Un nombre croissant de paysans quittent les campagnes pour les villes, leurs champs ntant plus quune tendue de terre sche et cassante. En trente ans, les surfaces cultivables ont diminu de 30 %, le dsert gagne du terrain. Et le phnomne saggrave. Lanne dernire, dans la rgion centre entre Bagdad, Kerbala et Nadjaf, les surfaces cultives ont diminu de moiti. La scurit alimentaire du pays sen trouve gravement affecte , sinquite Abdel Latif Rachid, le ministre des Ressources hydrauliques.
Les guerres ont mis mal la gestion publique des rserves en eau, mais depuis trois ans la scheresse est aussi dune svrit sans prcdent. Le Tigre et lEuphrate ont perdu 30 % 50 % de leur niveau en vingt ans. Les rserves totales accumules grce aux six grands barrages irakiens sont passes de 40 milliards de mtres cubes en 2006 10 milliards cette anne. Le seul barrage dHaditha, qui contenait 8 milliards de mtres cubes en 2007, nen contient plus que 1,5 milliard , explique le ministre irakien. Non seulement les pluies sont faibles, mais les canaux dirrigation sont mal entretenus et les puits en nombre insuffisant.
La crise de leau en Irak inclut un large volet politique. Le Tigre et lEuphrate prennent leur source en Turquie, et Ankara soucieux de satisfaire sa propre population se rserve une part croissante du partage des eaux. Nous demandons aux autorits turques de laisser couler les eaux de lEuphrate un rythme dau moins 500 mtres cubes par seconde vers lIrak, or nous en recevons moins de la moiti , sindigne un dput irakien cit par Le Monde. Du coup, le parlement de Bagdad a adopt une rsolution interdisant tout accord commercial avec la Turquie tant que ce problme nest pas rgl. Rponse dAnkara : Nous aussi souffrons du manque deau. Puisque lIrak vend son or noir, il ny a pas de raison que nous ne vendions pas notre or bleu. Nous avons beaucoup investi pour valoriser cette ressource en construisant des barrages. Aucun accord nest en vue, mais les Nations unies devraient intervenir dans ce dossier.

Les produits bio, pas meilleurs

Il est toujours risqu de casser les mythes. Nanmoins, une tude de la London School of Hygiene & Tropical Medicine estime que les produits bio ne sont pas plus sains que les aliments ordinaires et noffrent pas davantages nutritionnels supplmentaires. Le march du bio est estim 50 milliards de dollars, et les consommateurs acceptent de payer leurs fruits et lgumes bio plus chers car ils les pensent meilleurs pour la sant.
Cest une ide fausse. Il existe des diffrences entre les contenus nutritifs des produits alimentaires bio et ceux de lagriculture ordinaire, mais ces diffrences ne sont pas suffisantes pour affirmer que le bio apporte un progrs en terme de sant publique , soutient Alan Dangour, lun des auteurs de cette ltude commande par lAgence britannique des normes alimentaires.
Cette conclusion est vraie en Europe o les normes sanitaires sont strictes et les quantits de pesticides utilises dans lagriculture rglementes. Pour sa part, Andrew Lee, prsident de la Commission britannique pour le dveloppement durable, regrette, dans le quotidien The Guardian, que cette tude ne se soit intresse qu la qualit sanitaire et nutritive des aliments bio : Il faut aussi tenir compte de limpact positif de lagriculture biologique sur lenvironnement. Lagriculture bio est une approche intgre, qui prserve les sols, encourage la biodiversit, limine les missions de gaz effet de serre, maintient la diversit gntique et assure de meilleurs revenus aux agriculteurs. Reste savoir si des consommateurs mieux informs accepteront toujours de payer plus cher leurs produits bio.

Jean Piel

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